Le mercredi 29 mai 2019
Dans l’écosystème numérique qui transforme les structures industrielles et l’identité des acteurs, de nombreux artistes et producteurs trouvent de nouvelles voies pour valoriser leurs œuvres. De plus en plus, les technologies numériques sont l’objet d’initiatives entrepreneuriales originales dans le domaine des arts et de la culture (Lampel et Germain, 2016; Nordicity, 2016). Elles donnent lieu à l’émergence de pratiques qui supposent la maîtrise de nouvelles compétences et l’acquisition de capacités influençant création, production et diffusion (Lalonde, 2012; Walzer, 2017). On assiste à l’apparition d’approches collaboratives, d’organisations en réseaux, de pratiques transversales, mais aussi de pratiques transsectorielles et de pratiques importées de secteurs périphériques : médias, communication, événementiel, divertissement expérientiel, etc. (Hearn et al., 2007; Reeves, 2011). Ces transformations sollicitent des capacités qui s’interpénètrent autant dans les pratiques de création que dans les pratiques d’affaires. La question de l’esprit entrepreneurial et des pratiques d’entrepreneuriat en culture devient alors une clé pour aborder cette problématique touchant l’entièreté des chaînes de valeur. Or, peu d’études exhaustives ont été réalisées à ce jour sur la façon dont le numérique donne lieu à l’émergence de pratiques nouvelles en amont et en marge des chaînes de valeur établies (Chantepie et LeDiberder, 2010; Nordicity, 2016; Greffe, 2017).
Ces constats nous amènent à poser les questions suivantes, du point de vue de la pratique :
• Comment les pratiques entrepreneuriales liées au numérique influencent-elles l’identité et les rôles des acteurs dans le domaine des arts et de la culture?
• Comment le numérique donne-t-il lieu à l’émergence de pratiques nouvelles en amont et en marge des chaînes de valeur établies?
• Comment s’inspirer d’expériences originales émergeant de ces reconfigurations afin de dynamiser les milieux culturels et de stimuler des pratiques exemplaires?
L’objectif général du projet consiste à comprendre et à expliquer l’esprit entrepreneurial dans les pratiques de création, de production et de valorisation des œuvres et des biens culturels touchés par le numérique en vue de développer des capacités qui transforment les pratiques de l’écosystème culturel québécois. Plus spécifiquement, sur le plan des objets et des disciplines artistiques, il s’agit de recenser et d’analyser les pratiques émergentes des artistes et des entrepreneurs culturels en réponse au contexte numérique en création, en production et en diffusion, notamment les modèles d’affaires et les initiatives en marge des chaînes de valeur traditionnelles. Ensuite, sur le plan des identités, nous souhaitons mieux comprendre les contours de la figure d’entrepreneur culturel à l’ère numérique, ses effets sur les pratiques de création ainsi que la façon dont cet acteur et le secteur auquel il appartient se représentent cette figure et ses évolutions.
Lire la suite »Remerciements
Le présent colloque s’inscrit dans le cadre d’une action concertée soutenue par le Fonds de recherche québécois Société et Culture (FRQSC). Nous remercions nos partenaires : CQAM, APEM, RCAAQ, les conseil régionaux de la culture (Saguenay-lac-St-Jean, Québec-et-Chaudière-Appalaches, Estrie, Centre-du-Québec, Outaouais).
Avant-midi
L’esprit entrepreneurial et le numérique sont des sujets d’importance pour les industries culturelles. Les technologies entraînent un questionnement sur la chaîne de valeur établie dans ces industries. Le cas présenté est Transistor, un organisme qui œuvre depuis 2016 dans la région de l’Outaouais dans le domaine de la radio numérique, plus communément appelé podcast. Trois éléments ressortent de l’analyse de ce cas. Premièrement, la tension entre l’identité artistique et entrepreneuriale ressentie par plusieurs artistes professionnels est vécue par les membres de Transistor. Le numérique apporte une incertitude supplémentaire pour cet organisme qui doit constamment être à l’affût des nouvelles techniques induites par les technologies afin d’être un joueur d’avant-garde de son industrie. Ensuite, comme leur produit est relativement nouveau, ils n’ont pas de modèle à suivre quant à l’organisation de leur chaîne de valeur. L’ensemble des facteurs inconnus contribuent à créer des incertitudes chez les entrepreneurs notamment sur les stratégies d’affaires à adopter, les moyens de se faire connaître, la structure de l’organisation et la forme juridique. Finalement, l’organisme situé hors des métropoles vit un défi supplémentaire dû aux inadéquations entre les différents paliers gouvernementaux quant à l’accent porté au numérique dans les industries culturelles. Transistor doit constamment se battre pour faire reconnaître la valeur de ses créations auprès des élus locaux.
Cette présentation sera l’occasion d’exposer deux études de cas qui témoignent des transformations ou renouvèlement, par le numérique, des modes d’exposition et des pratiques collaboratives en art actuel, une galerie d’exposition sur plateforme Web Galerie Galerie (2016) et une œuvre performative Eve 2050 (2018) de la compagnie Van Grimde Corps Secrets qui se présente sous trois occurrences, une pièce scénique, une installation in situ interactive et une série Web. Nous mettrons l’accent sur le travail en collaboration interdisciplinaire, les mutations de la notion d’espace en muséologie et en art vivant de même que sur les nouveaux modes de réception que ces pratiques induisent.
Les maisons de disques se voient frileuses de finance des groupes musicaux et pourtant les
demandes de financement de projet musical ne cessent de croitre. Plusieurs artistes se
retournent vers le sociofinancement sur des plateformes tels que Kickstarter ou Indiegogo afin de
pouvoir mettre leurs visons au monde. C’est pourquoi il est intéressant de se demander où est la
place d’une campagne de sociofinancement dans la trajectoire d’un groupe indépendant. Dans
cette communication nous explorerons de sujets comme les retombés de l’utilisation d’un tel levier
de financement. Pour comprendre le phénomène, nous présenterons 3 cas ayant comme acteurs
principaux des groupes émergeant et leurs réflexions sur les campagnes de sociofinancement.
Les cas suggèrent des pistes de réflexion sur la viabilité du sociofinancement comme levier
financier.
Cette communication constitue une étude de cas qui porte sur l’état de l’utilisation du site de microblogging Twitter par des artistes et des maisons de disques qui œuvrent au sein de l’industrie musicale québécoise. Les différentes méthodes de diffusion employées par ces intervenants ont été étudiées au terme d’une collecte de données empiriques constituée de l’observation des pratiques d’une cinquantaine de comptes Twitter reliés au milieu musical québécois. Les principales tendances en matière de l’utilisation de ce réseau social ont été délimitées en se basant sur le nombre d’abonnés de chaque compte, le contenu publié et également l’intensité des interactions relié à ce dernier. Quelques cas exceptionnels seront aussi présentés afin de mettre en lumière des stratégies innovatrices employées par certains intervenants du milieu artistique québécois. En règle générale, cette recherche vise à dresser un portrait de l’utilisation de Twitter par des musiciens et maisons de disque québécois.
Établie en 2012, Le Pantoum est un complexe de création de musique populaire dont les buts sont, d’une part, de créer un endroit qui favorise la création et l’expérimentation ainsi que, d’autre part, consolider et dynamiser une communauté au sein de la ville de Québec, tout en refusant le mode de financement commun qui consiste à obtenir des subventions des différents paliers gouvernementaux. Ce regroupement est centré autour de besoins communs, mais également autour de valeurs communes : inclusion, partage, respect, collaboration, rassembler, dynamiser et consolider la communauté en défaisant des silos. Par des entrevues avec l’un des fondateurs, ainsi qu’avec des artistes de la communauté, ce cas nous informe sur ce modèle entrepreneurial issu d’une esthétique postnumérique et de ses impacts sur la création, sur la production tant de concerts que de phonogrammes, sur la promotion et la distribution, ainsi que sur la communauté qui s’y implique.
Tenter de cerner la place et la trace du numérique dans le travail de l’artiste transdisciplinaire Goldjian nécessite de faire l’exploration de processus collectifs de création et de production où elle entrecroise des pratiques relationnelles entre humains, écologies et technologies. Elle, se définit comme artiste, chercheuse et hacktiviste féministe. Goldjian intègre des pratiques de performance, d’art relationnel, d’improvisation et d’installation, de danse, de vidéo et d’autres médias mixtes Sa pratique s’articule le plus souvent autour de la facilitation de pratiques collaboratives, collectives et restauratrices. Sensible aux effets néfastes grandissants de la numérisation généralisée de la société, et principalement sur certaines communautés d’utilisateurs, par exemple les testeurs de jeux vidéo ou les hackers, elle en est venue à développer des pratiques de soin adaptées. Elle interroge les conditions du lien, du soin et de la déconnexion pour activer la qualité de présence à soi et aux autres. Cette étude de cas révèle comment une artiste engagée mobilise le numérique dans les différentes facettes de son travail ainsi que le foisonnement du contexte artistique et culturel mondial dans lequel elle gravite.
Cette présentation résume les résultats d’une étude menée sur Grimposium, un festival itinérant réunissant entre autres des musiciens et des artistes visuels de la scène internationale de l’éléctronica et du métal extrême. Elle offre un aperçu des modes de production, de diffusion et de médiation qui ont fait naître l’ensemble des projets du collectif auprès du public. Les réflexions et témoignages de son fondateur et artistes collaborateurs révèlent à la fois les dispositifs et les stratégies communicationnelles mis en place, ainsi que les problèmes couramment soulevés lors de la création d'une œuvre spectacle présentée dans les intérêts d’une démarche à la fois artistique et éducative.