510 - Création de dispositifs didactiques et enseignement-apprentissage diversifié : la recherche-développement et la recherche-action au service de la littératie

L'enseignement du lexique constitue le parent pauvre de tout ce qui peut être enseigné dans une classe de français, alors que les enseignants constatent que les élèves présentent des difficultés d'ordre lexical. Les enseignants ont peu de connaissances sur les compétences lexicales réelles des élèves. Par exemple, ils ont du mal à relever l'emploi de termes familiers et les erreurs sémantiques et de collocation. Le problème du lexique serait donc attribuable, dans de telles circonstances, à un problème d'enseignement, surtout dans un contexte où les activités d'apprentissage du lexique sont déconnectées des tâches de production écrite, notamment du texte littéraire. Sachant que les élèves ont des difficultés à intégrer le lexique des sentiments dans l'action narrative, qu'ils ont tendance à le « plaquer » sans rendre le récit plus dynamique, nous avons expérimenté, en 3^e secondaire, un dispositif didactique visant 1) à développer les connaissances lexicales des élèves (vocabulaire et expressions) en contexte d'écriture, 2) à travailler sur l'instauration d'un climat émotionnel dans les textes et 3) à étudier quelques constructions syntaxiques pour lier les évènements aux émotions. Au final, un tel dispositif a-t-il un impact sur la capacité des élèves à exprimer les émotions lors de la production de récits?

La recherche actuelle en didactique de l'écriture du français langue maternelle prône des méthodes moins stratégiques et plus diversifiées que l'enseignement canonique des genres, comme la réécriture (Baptiste, 2005; Lebrun, 2007; Sorin, 2005), pour développer la compétence à écrire des élèves. Dans le cadre de notre recherche de maitrise, nous avons expérimenté un dispositif didactique en écriture, inspiré de celui de Sorin (2005). Nous avons modifié ce dernier afin de l'adapter à notre clientèle spécifique à l'éducation aux adultes. Notre dispositif, à l'instar de celui de Sorin (2005), allie lecture et réécriture, en plus de prôner un changement de postures estudiantine et enseignante (Beucher, 2009; Oriol-Boyer, 2001; Sorin, 2005, 2009; Tauveron et Sève, 2005). L'expérimentation a été menée auprès d'élèves de 4^e et de 5^e secondaire en français dans un centre d'éducation des adultes dans la région de Montréal. L'analyse qualitative des rédactions des élèves et des entrevues semi-dirigées s'est concentrée sur la capacité de notre dispositif à permettre aux élèves d'effectuer un changement de posture, d'une posture de scripteur novice vers une posture d'auteur. Dans le cadre de notre communication, nous présenterons le dispositif didactique expérimenté ainsi que ses effets sur les élèves.

La communication présente les résultats d'une recherche-action menée dans le cadre d'un projet pilote portant sur l'intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les apprentissages de base (français et mathématique) à l'école élémentaire au Sénégal.  L'auteur y montre comment la co-construction de situations d'enseignement-apprentissage et d'évaluation axées sur l'intégration des TIC aux activités de la classe permet de développer des dispositifs didactiques qui transforment  les pratiques pédagogiques des enseignant. Les enseignants sont amenés à réfléchir sur leur pratique de classe dans le cadre d'un dispositif d'accompagnement à travers des focus groupe, consécutifs à des observations de séquences de classe, animés par des accompagnateurs. À la lumière des résultats d'analyses provenant des observations de sequences de classe et des entrevues réalisées avec des enseignants expérimentateurs du projet, l'auteur explore les fondements d'une didactique situationnelle qui faciliterait le développement des compétences en littératie scolaire chez les élèves qui apprennent le français, langue d'enseignement. Le dispositif pédagogique mis en place par co-construction de situations en contexte de recherche débouche sur une interdépendance des activités langagières à travers l'articulation des activités de lecture, d'expression orale et de production écrite.

Le recours aux technologies numériques (TN) en classe a bonne presse dans les médias; il est perçu comme panacée à l'impression de coupure entre les pratiques sociales des adolescents et comme pare-feu à l'adoption de pratiques scripturales inadéquates par l'adoption de l'écriture SMS (Alluin, Billet-Blouin et Gentil, 2010). Par contre, les écrits scientifiques attestent du fait que les technologies de type Web 2.0 ne sont pas plus systématiquement mises en oeuvre par les enseignants que ne l'étaient les TIC (Bingimlas, 2009; Inan et Lowther, 2010). Nous présenterons quelques résultats d'une recherche-action-formation menée auprès de 11 enseignants du secondaire et de 539 élèves, portant sur la construction et la mise en oeuvre de situations d'apprentissage et d'évaluation (SAE) soutenant la construction de compétences scripturales à l'aide des TN. Nous décrirons les SAE et les stratégies d'intervention didactique et pédagogique déployées par les enseignants, puis présenterons des résultats de l'analyse du discours des élèves lors d'entrevues. Nos résultats suggèrent une faible adaptation des stratégies déployées par la plupart des enseignants lors des SAE et une sous-exploitation du potentiel de soutien à l'interaction sociale des TN. Les résultats obtenus pour les élèves font ressortir leur absence de familiarité avec les TN mises en oeuvre et la perception de simple transposition des contextes d'enseignement et d'apprentissage réguliers dans la majeure partie des SAE expérimentées.

Il ressort d'enquêtes menées sur l'usage des technologies numériques par les enseignants que ces derniers les emploient peu pour développer les compétences de leurs élèves. Recherches documentaires avec Internet, usage d'un logiciel de traitement de texte et d'un correcteur de texte semblent trois recours plus fréquemment mis de l'avant dans les situations d'enseignement-apprentissage (SAE). Dans le cadre d'une recherche-action sur le recours aux technologies numériques pour soutenir le développement de la compétence à écrire des élèves du secondaire (action concertée subventionnée par le Fonds de recherche du Québec, Société et culture), six SAE créées par des enseignants ont été mises à l'essai de 2011 à 2013. Parmi celles-ci, une SAE alliait l'emploi de Twitter à l'enseignement du texte de type argumentatif auprès d'élèves de la quatrième secondaire. Cette communication mettra l'accent sur les effets de l'utilisation des technologies numériques, pour les élèves, dans le développement de la compétence à écrire. Plus spécifiquement, une analyse d' entrevues menées auprès de 20 élèves a permis de dégager leurs représentations quant à l'emploi des technologies numériques, et plus particulièrement Twitter, pour développer leur compétence à écrire. Ces représentations constituent des pistes de réflexion pour intégrer les technologies et les médias sociaux dans la classe de français. 

Dans un contexte où les médias prennent de plus en plus de place dans les pratiques culturelles des adolescents, nous voulions vérifier, par notre recherche de maitrise, comment ces derniers peuvent influencer l'écriture chez les élèves. Le projet mis en place intègre la littératie médiatique et l'écriture littéraire en classe de français : les élèves ont eu à travailler  avec les médias sociaux et à adopter une posture d'auteur. Notre recherche avait trois objectifs : 1) vérifier et décrire les traces de la consommation médiatique des élèves sur leurs choix littéraires, 2) vérifier l'efficacité des médias sociaux pour développer une posture d'auteur et 3) décrire comment se manifeste la communauté d'auteurs en classe. Des résultats préliminaires, il se dégage que travailler la littératie médiatique a permis l'accès à un public réel, concept au cœur de l'écriture littéraire et du développement d'une posture d'auteur. Quant aux médias sociaux, ils ont permis de mettre les élèves en lien et de briser l'isolement que peut vivre l'élève «auteur» en créant une communauté d'auteurs partageant leurs écrits et leurs découvertes. 



La multimodalité en enseignement offre aux enseignants un ensemble de supports techniques et sémiotiques permettant aux élèves d'accéder à des savoirs disciplinaires grâce à la maitrise de compétences en littératie médiatique (Jewitt et Kress, 2003; Kress, 1997 et 2010). Ce paradigme ainsi que les compétences en littératie médiatique nécessaires aux apprenants pour accéder aux savoirs disciplinaires étant peu connus des enseignants,  nous avons choisi de recourir à une démarche de recherche-action-formation (Charlier, 2005) qui accentue le processus de la formation dans la recherche.  En ce sens, les connaissances visées par la recherche sont à la fois méthodologiques et praxéologiques. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons les étapes d'une recherche-action-formation menée auprès de seize étudiants en formation pratique qui ont eu à intégrer des pratiques multimodales à leur projet d'innovation pédagogique. De plus, nous présenterons une analyse des bilans des stagiaires qui ont consigné leurs réflexions quant à l'intérêt et l'efficacité de recourir à des pratiques d'enseignement multimodales pour résoudre des difficultés d'apprentissage disciplinaires de leurs élèves. Enfin, nous proposerons des pistes de réflexion sur l'apport de la littératie médiatique et des TIC à l'enseignement-apprentissage des disciplines.