Programme préliminaire

Ancrée dans une perspective humaniste (Zytnicki, 2024), l’éducation inclusive peut aujourd’hui s’envisager comme un levier permettant de reconnaitre, de valoriser et de tirer parti de la diversité des élèves au sein des classes régulières (Prud’homme, 2007), tout en reconnaissant l’importance de recourir à des pratiques d’équité dans une volonté de plus grande justice sociale (Borri-Anadon et al., 2015). 

Cela dit, les recherches empiriques menées dans la dernière décennie au Québec comme ailleurs ont permis de mettre en évidence la complexité de la mise en œuvre de l’éducation inclusive (par exemple [p. ex.], Bergeron et al., 2024). Les défis rencontrés pour y parvenir sont effectivement multiples, de divers ordres, et eux aussi bien documentés sur le plan scientifique. L’organisation scolaire caractérisée par des filières séparatives, le manque perçu de ressources humaines et matérielles pour soutenir les élèves qui rencontrent des défis au cours de leur cheminement scolaire et la tendance à l’homogénéisation des méthodes d’enseignement utilisées ne sont que quelques exemples d’éléments qui conduisent à nuire, voire à questionner l’éducation inclusive (p. ex., Allaire, 2025; Gremion et Brahier, 2021; Kamanzi, 2019). Si ces remises en question semblaient plus souvent l’apanage des milieux scolaires, elles amènent aujourd’hui de plus en plus de personnes chercheuses à adopter un regard critique vis-à-vis de l’éducation inclusive. En effet, un nombre croissant d’écrits scientifiques parus récemment interrogent à présent autant des principes, des pratiques et des politiques associés à l’éducation inclusive que l’interprétation contextuelle qu’il est possible d’en faire (p. ex., Bovet et al., 2025; Fuchs et al., 2025; Gremion et al., 2024; Thomas et Loxley, 2022). Ainsi, dans ce contexte où l’éducation inclusive fait l’objet de questionnements de plus en plus prégnants, il apparait pertinent de penser et d’offrir un espace de « conversations courageuses » (Leblanc et al., 2016, p. 114), au-delà des écrits, pour dialoguer avec ouverture autour de points critiques qui marquent maintenant l’éducation inclusive et pour travailler conjointement à faire de ces échanges des leviers permettant de dépasser le statu quo et de mieux repenser, pour reprendre l’expression de Bouvier (2012), l’École de 2030.

Ce colloque est ainsi pensé comme un espace privilégié où il sera possible de discuter des critiques qui incombent actuellement à l’éducation inclusive et de réfléchir à comment celles-ci peuvent être appréhendées sous un nouvel angle ou agir comme leviers pour mieux repenser l’école contemporaine. Il sera également l’occasion de présenter des initiatives issues des milieux scolaires et de la recherche et qui offrent le potentiel d’aller au-delà de certaines de ces critiques.