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Ph. D. en philosophie politique

Principal secteur de recherche ou d'activité

Lettres, arts et sciences humaines

Mes intérêts de recherche

Philosophie

Ma formation

  • 1978 - 1985
    Université de Montréal + une année de recherche : Heidelberg Universität
    Doctorat | Philosophie politique (titre de la thèse : L'interventionnisme de l'État : Hegel contre Hayek)
    Canada
  • 1976 - 1978
    Université de Montréal
    Maîtrise | Épistémologie (titre du mémoire : Kant, Nietzsche et la subversion des fondements du savoir)
    Canada
  • 1971 - 1973
    Collège Bois-de-Boulogne
    DEC | Droit et philosophie
    Canada

Mes publications

France Giroux, André Mineau (dir.), Les populismes d'hier à aujourd'hui : les ambiguïtés d'une parole attribuée au peuple, Éditions JFD, 2021.

Mes affiliations

  • Société de philosophie du Québec Société québécoise de science politique Association internationale des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF) Société historique de Montréal Association pour la diffusion de la musique d'Auguste Descarries (ADMAD)

La démocratisation des sciences

Vérité et politique forment un couple improbable et si Platon le regrettait, nous savons, nous, les héritiers de la Modernité, que la délibération et le jugement collectifs s’effectuent nécessairement dans des conditions spécifiques. Ces conditions ne sont pas celles de la science, où les têtes chercheuses singulières exercent leur expertise pour arriver à une vérité quasi infaillible. Les conditions du jugement politique s’exercent, de facto, dans et par la pluralité, laquelle inclut gouvernants et citoyens et réunit les capacités dont aucun d’eux, à lui seul, ne dispose (Aristote) ; c’est la pluralité, avec l’accès potentiel au point de vue de tout autre, qui permet à chacun de dépasser les limites de sa subjectivité et rend possible un monde commun. Ce n’est pas essentiellement de la connaissance dont il s’agit, mais plutôt du sensus communis. Ce « sens du vivre en commun », qui compte sur la libre adhésion des autres et la communication mais sans faire appel à l’émotion et au sentiment, conduit à une « mentalité élargie » qui peut engendrer une philosophie politique de premier ordre. Distinct de l’opinion commune (ou doxa), du sophisme et du « sens commun » (synonyme de source d’erreur selon ce qu’entendent les latins, l’école écossaise, Kant ou Arendt), le « sens de la communauté » est apte, quant à lui, à servir de règle universelle pour la Cité ; dans le domaine de la politique, il fonde la faculté de juger. S’il faut construire et protéger ce « sens du vivre en commun » et son rapport à la vérité, l’enjeu est donc aussi d’expliquer et de comprendre la prolifération et le poids relatif des vérités parallèles en général et, en particulier, des fausses nouvelles. Depuis l’Antiquité, les fausses nouvelles et les canulars ont toujours existé, avec des épisodes funestes incluant la propagande nazie et la rectitude politique (cette bien-pensance n'étant pas très éloignée du concept de la ligne [correcte] de parti). Le fait nouveau consiste en la démultiplication des « infox » par les plateformes numériques sur lesquelles, au Québec, 79 % des citoyens s’informent. De plus, il y a un second facteur qui aggrave la situation : au nombre agrandi des vérités parallèles s’ajoute désormais notre indifférence envers elles (Myriam Revault D’Allonnes). Tout cela porte atteinte à ce « sens du vivre en commun » que nous, les Modernes, évoquons en référence à la faculté de juger dans le domaine du politique. Précisons les choses : le jugement des démocrates que nous sommes dépend de la qualité d’une information axée sur les faits, basée sur des sources crédibles et organisée par des gens compétents. Or, il y a péril pour la démocratie et pour les droits de la personne à partir du moment où tous peuvent indistinctement rédiger ou transférer des vérités parallèles dans l’espace public, ainsi que l’histoire contemporaine l’a suffisamment établi. Est-il acceptable d'abandonner l’information à la crise majeure qu’elle vit? La société doit-elle laisser croître le faux et « l’empire du doute », lequel n’a rien de cartésien? Faut-il s’inquiéter de ce marché cognitif nouveau qui, à la suite de l’explosion de l’offre, favorise la présence d’une myriade de propositions sur le marché et leur accessibilité agrandie ? En fin de compte, d’où viennent les vérités parallèles? Comment se génèrent-elles en politique, mais aussi en sciences? Quelle est la manière de prendre la parole des militants des divers courants populistes qui en forgent une part déjà considérable? Quels intérêts servent ces propositions? Puisque l’ignorance des causes conduit à une impasse, faut-il envisager comme une généalogie le travail philosophique que devrait faire un journaliste digne de ce nom? Puisque les chercheurs ont eu raison de préciser au premier ministre français Manuel Valls : « Comprendre n’est pas excuser ; expliquer n’est pas valider » (selon les termes de Michel Onfray), ne faut-il pas qu’avec l’intellectuel le journaliste se demande sans cesse : de quelles causes, nationales ou internationales, l’actualité est-elle l’effet? Que doivent faire les institutions de l’enseignement supérieur afin d’assurer la liberté académique au moment où s’engage un débat sur la censure de certaines œuvres et l’ostracisation de certains mots qui risquent de créer un malaise chez certains étudiants ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions que notre société doit se poser.