Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Michelle Garneau
Sciences de l'environnement

Michelle Garneau

Université du Québec à Montréal

Le prix Acfas Michel-Jurdant 2025, pour les sciences de l’environnement, est remis à Michelle Garneau, professeure titulaire au Département de géographie de la Faculté des sciences humaines et à l’Institut des sciences de l’environnement de la Faculté des sciences de l’UQAM.

La lauréate est une spécialiste des archives écologiques et climatiques conservées dans les sédiments des tourbières. Ce champ de recherche lui a permis d’acquérir une expertise approfondie dans l’analyse des effets des changements climatiques sur les écosystèmes tourbeux. Les résultats des projets de recherche qu’elle a dirigés lui ont aussi permis de mettre en évidence le rôle essentiel des milieux humides dans la séquestration du carbone, surpassant même celui des forêts.  Ses recherches actuelles, éclairées par une analyse rigoureuse du passé, la positionnent parmi les spécialistes de premier plan qui affinent notre compréhension des impacts des variations climatiques sur les écosystèmes et orientent les mesures à mettre en œuvre pour en atténuer les dérèglements. 

Michelle Garneau a obtenu une maîtrise en biogéographie en 1984 à l’Université Laval, sous la direction de Michel Jurdant. Elle fut sa première étudiante diplômée aux cycles supérieurs. Les recherches qu’elle a menées lui ont offert la possibilité d’approfondir ses connaissances sur la répartition des espèces végétales et leur dynamique écologique à travers le temps et l’espace. Cette passion pour l’étude des écosystèmes l’a ensuite conduite à l’Université d’Amsterdam aux Pays-Bas, où elle a complété un doctorat en biologie avec une spécialisation en paléoécologie.

L’expertise de Michelle Garneau a rapidement franchi les frontières du Québec. Elle a été titulaire de la Chaire de recherche Dynamique des Écosystèmes tourbeux et changements CLImatiQUEs (DÉCLIQUE; 2009-2014), qui lui a permis de mettre sur pied un important programme de recherche sur les effets des variations climatiques sur les écosystèmes tourbeux du Québec boréal et subarctique. Dans ce cadre, elle a établi de nombreuses collaborations scientifiques fructueuses avec des équipes du Royaume-Uni, de France, de Fenno-Scandinavie, de Pologne, d’Allemagne, des Pays-Bas et des États-Unis. Elle a également été professeure invitée dans plusieurs institutions prestigieuses, notamment à l’Université de Plymouth et à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni, 2009-2010), à l’Université d’Helsinki (Finlande, 2016) et au CNRS de l’Université Toulouse III - Paul Sabatier (France, 2017).

Outre ses travaux sur les milieux tourbeux, la paléoécologie et les effets des changements climatiques sur les zones humides, Michelle Garneau s’intéresse aussi à la biogéochimie des tourbières, en particulier à la dynamique des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone et le méthane. Grâce à une approche interdisciplinaire, mêlant géographie physique, biologie et paléoécologie, elle a étudié les interactions entre le climat, la végétation et l’hydrologie au cours de l’Holocène, soit au cours des 10 000 dernières années. Cette perspective historique a enrichi sa compréhension des changements environnementaux passés et actuels.

Les travaux de Michelle Garneau ont aussi eu une incidence directe sur les politiques environnementales québécoises. Ses recherches, menées sur plusieurs décennies, ont contribué à la modification du cadre réglementaire de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (LCMHH), en soulignant l’importance de la fonction de séquestration du carbone des milieux humides pour la lutte contre les changements climatiques.

En 2024, elle a coconstruit, avec une équipe de recherche interuniversitaire (UQAM, Université McGill, Université Laval, Université de Montréal, Université du Québec à Trois-Rivières), le plus grand projet québécois et canadien consacré à la quantification des bilans de carbone des milieux humides, en comparant les valeurs en conditions naturelles avec celles en conditions perturbées. En plus des importantes données scientifiques qu’il génère, ce projet de recherche possède une grande visée sociale, car il a comme objectif d’éclairer les politiques publiques en matière de conservation des puits de carbone pour la lutte contre les changements climatiques.

Un tel parcours professionnel n’est sans doute pas étranger au fait qu’à deux reprises, le gouvernement canadien a désigné Michelle Garneau pour siéger à des comités du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en lien avec les inventaires nationaux de gaz à effet de serre. En 2022, elle a également agi comme autrice et collaboratrice principale du Global Peatland Assessment, une initiative du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Elle est par ailleurs membre du comité scientifique du programme national français FairCarboN du CNRS, ainsi que du comité du programme polonais Mire Clim de l’Académie polonaise des sciences.

Au-delà de sa carrière académique remarquable, Michelle Garneau consacre aussi temps et énergie à la communication scientifique auprès du grand public. Son engagement citoyen se traduit par de nombreuses activités d’éducation et de vulgarisation scientifique. Elle agit également comme experte dans le cadre de consultations publiques, notamment pour le projet d’agrandissement de la réserve de biodiversssité visant à protéger les tourbières de la Pointe-Est d’Anticosti (2022).

Chercheure engagée et passionnée, Michelle Garneau se distingue par des travaux de recherche dont les retombées durables contribuent à l’avancement de la science, de l’éducation et des politiques publiques. Son œuvre, solidement ancrée dans une connaissance fine des archives climatiques contenues dans nos tourbières, est essentielle pour guider les actions en faveur de l’avenir de la planète et des générations à venir.