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Simon Langlois
Recherche au collégial

Simon Langlois

Cégep Marie-Victorin

Le prix Acfas Denise-Barbeau 2022, pour la recherche au collégial, est remis à Simon Langlois, professeur de physique en sciences de la nature au cégep Marie-Victorin.

 Les expressions valorisation et vulgarisation des sciences trouvent un solide ancrage sur le terrain grâce au travail du lauréat. Qualifiées d’originales, ses recherches en didactique des sciences se distinguent par leur approche : avec lui, par exemple, ses élèves entrent dans les classes du primaire, enseignent les sciences aux jeunes et assistent l’enseignant. Aussi, son approche est rapidement reconnaissable par ce souci qu’il a d'impliquer, dans sa réflexion de chercheur, tous les ordres d'enseignement du primaire à l’universitaire – ce qui est peu banal.

Pour le lauréat, il est important de rassembler « dans une même pièce » tous les acteurs et les milieux concernés par l’enseignement : commissions scolaires, réseau collégial, personnel enseignant de tous les niveaux, étudiant·e·s et organismes de valorisation des sciences. Cette approche ajoute à l’ensemble de ses travaux une couche de complexité.  

La préoccupation centrale de Simon Langlois est de documenter, par la recherche, des méthodes d'enseignement, de valorisation et de diffusion des sciences qui soient probantes. L’écosystème où il opère, patiemment construit, a alors pour but de créer un engagement et une adhésion multi-acteurs et multiniveaux aux projets proposés. Cette mise en commun des objectifs de travail devient ainsi pour lui la garantie de la pertinence des gestes posés et des résultats.

Tout a commencé par une observation dans son milieu : l'intérêt mitigé pour les carrières scientifiques qu’il avait observé chez les jeunes du quartier avoisinant son collège, le cégep Marie-Victorin. Il a alors fait le pari de répondre aux besoins des jeunes en matière d'éveil scientifique, mais pas seulement. Il s’est aussi promis de répondre aux besoins pour un développement accru en matière de vulgarisation des sciences qu’il constatait chez une grande proportion de la population collégienne.

Concrètement, Simon Langlois a développé un partenariat – appelé « Pour un Montréal-Nord scientifique » – avec la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île et deux de ses écoles. Des étudiant·e·s du cégep Marie-Victorin ont ainsi mis à l'épreuve leurs habiletés liées à la vulgarisation des sciences en situation authentique, tout en offrant au personnel enseignant des écoles visées une collaboration stimulante avec les collégien·ne·s, ainsi que du matériel scientifique développé en fonction des objectifs du programme de formation du primaire.

Suivant les principes de l'innovation sociale, l'équipe de recherche du cégep Marie-Victorin, des collégien·ne·s  en sciences de la nature et des enseignant·e·s des deux écoles ont développé conjointement 34 activités scientifiques clés en main basées sur la progression prévue des apprentissages dans le programme ministériel. Des groupes de discussion et des questionnaires de perception sont venus ensuite mesurer l'impact de ces réalisations dans la pratique professionnelle des enseignant·e·s et analyser l'effet de la modélisation de ces activités en classe par les étudiant·e·s du collégial.

Pour élargir ce projet à un plus grand nombre d'écoles primaires et obtenir ainsi des données d'expérimentation consistantes en vue de ses recherches, Simon Langlois s'est ensuite tourné vers le Regroupement des cégeps de Montréal (RCM) afin d'unir les douze cégeps de l'île de Montréal et proposer ainsi un plus grand bassin d’élèves; « Pour un Montréal scientifique » était né.

Il était désormais possible de développer conjointement avec des collègues du collège de Bois-de-Boulogne et du cégep Maisonneuve, le projet de recherche Modèle d'intervention pour améliorer la perception et l'appropriation des sciences chez les jeunes, touchant 1800 élèves et 110 enseignant·e·s du troisième cycle du primaire, et ce, dans 21 écoles de la région métropolitaine de Montréal. Cette recherche a démontré que le jumelage interordre collégial-primaire était une avenue intéressante pour augmenter le sentiment d'efficacité personnelle des enseignant·e·s du primaire ainsi que leur « désir d'agir » dans l'enseignement des sciences aux enfants.

Simon Langlois, très tôt dans sa carrière de professeur de cégep, a mis à profit son intelligence et sa créativité dans l’élaboration de divers projets de recherche, dont un sur l'engagement des cégépien·ne·s lors des activités de laboratoire en physique. Encore une fois, l'idée de la recherche lui était venue d’une observation, à savoir qu'une partie des étudiant·e·s vivaient l'expérience du laboratoire de manière passive, en suivant les étapes du protocole machinalement. Bousculant les idées reçues et les approches traditionnelles (où les protocoles expérimentaux sont dictés aux étudiant·e·s), il introduisit dans ses cours une approche originale, les « laboratoires ouverts » pour l'enseignement des habiletés et compétences en laboratoire. Cette méthode misait sur une approche réflexive et participative des étudiant·e·s, lesquels étaient invités à proposer eux-mêmes un protocole.

Pour le lauréat, l’enseignement des sciences, on le constate aisément, est polysémique. Et la recherche l’est plus encore, tant elle s’exprime ici dans des cadres et des formes extraordinaires. C’est tout le domaine de la recherche en éducation scientifique que Simon Langlois a ainsi mis en joue... porté par la révolution – il n’y a pas de meilleurs mots – que constitue cette notion d’écosystème pédagogique qu’il a développée.

Le lauréat possède des convictions humanistes profondes. Il n’est pas étonnant qu’il ait reçu en 2009 (décernée par le cégep de Shawinigan) la bourse Gilles Julien, du nom du célèbre pédiatre social. Comme si déjà on avait vu, dans l’engagement social de Simon Langlois, quelque chose tenant presque, aussi, de la médecine sociale.  

 Un mot encore, pour citer le pédagogue brésilien Paulo Freire (1921-1997) : « L'éducation authentique ne se fait pas de A vers B, ni de A sur B, mais par A avec B, par l'intermédiaire du monde. »