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Photo de Suzanne Lajoie
Sciences de l'éducation

Susanne Lajoie

Université McGill

Le prix Acfas Jeanne-Lapointe 2021, pour les sciences de l’éducation, est décerné à Susanne P. Lajoie, professeure à la Faculté des sciences de l'éducation de l’Université McGill.

La lauréate est bien installée à l'intersection de la psychologie, de l'éducation et de la technologie. À ce carrefour, elle a développé des outils didactiques avant-gardistes adaptés à une société qui exigent désormais de ses citoyennes et citoyens des habiletés de raisonnement beaucoup plus étendues. Elle a donc harnaché les théories des sciences cognitives et de la psychopédagogie, les a combinées à des méthodologies de l'informatique, pour ainsi concevoir ce qu’elle appelle des environnements d'apprentissage riches en technologie.

Pour la professeure Susanne P. Lajoie, le design novateur des environnements d'apprentissage riches en technologie (ERT)89- va beaucoup plus loin qu’un simple contenu numérique ou que l’utilisation d’un ordinateur dans la salle de classe. Pour preuve, les avancées à l'échelle canadienne et internationale qu’elle a réalisées dans l'éducation médicale avec sa plateforme d'apprentissage BioWorld qui offre aux étudiant-e-s un environnement de pratique simulé pour tester leurs compétences en raisonnement clinique avec des patients virtuels. BioWorld a été utilisé par des étudiant-e-s au Canada, en Chine et au Japon, contribuant, de manière considérable, à l'avancement de la formation professionnelle médicale.

Si la didacticienne voit si large et si haut, c’est pour mieux descendre ensuite dans l’infinie diversité que représentent les élèves d’une salle de classe. Comment, par exemple, se demande-t-elle, le développement des compétences d’un élève se transforme-t-il lorsqu’il est plongé dans des domaines aussi divers que les mathématiques, l’histoire, la médecine, ou l’avionique ?

La professeure Lajoie est l’instigatrice d’une approche cognitive de l’identification des différences entre expert-e-s et novices au sein de cadres pédagogiques particuliers (entre autres dans la résolution de problèmes scientifiques ou dans le diagnostic médical). Cette identification permet d’ajuster l’enseignement aux différents profils d’apprenant-e-s. Cette technique implique une documentation poussée des trajectoires d’apprentissage afin de développer un enseignement adaptable sur le terrain, vis-à-vis de celles et de ceux qui, pour bien des raisons, présenteront des stratégies de métabolisation des nouvelles connaissances qui s’éloigneront toujours des sentiers battus.

La lauréate forme en ce moment la prochaine génération de chercheur-se. Pour bon nombre d’entre eux, ces années d’apprentissage à des méthodologies interdisciplinaires parfois inédites – telles que l’oculométrie, la neuroimagerie, l'analyse comportementale, la modélisation computationnelle, l’analyse du discours, voire l’activation électrodermale – garderont quelque chose du parcours initiatique. Les outils cognitifs et métacognitifs peuvent soutenir les processus complexes de réflexion des apprenant-e-s; de cela, la chercheuse est profondément convaincue.

Susanne Lajoie a également travaillé avec des collaborateurs étrangers à l'élaboration d’ERT qui soutiennent les communautés d'apprenant-e-s provenant de différentes cultures. Avec des collègues canadiens, chinois et américains, elle a instauré un cours international permettant d'aider les étudiants en médecine à réguler leurs émotions et à développer plus d'empathie envers leurs patient-e-s lors de la communication de mauvaises nouvelles. Le rôle des émotions dans la communication et la prise de décision est complexe et peut améliorer le traitement et la gestion des patient-e-s. Les futurs médecins doivent être en mesure de comprendre les mécanismes utilisés par leurs patient-e-s pour faire face aux mauvaises nouvelles afin de transmettre connaissances et empathie adéquatement.

Toujours à travers une stratégie d'éducation internationale – qui ne dédaigne pourtant jamais les applications locales – la professeure Lajoie a développé un projet intitulé LEADS (Learning Across the Disciplines/Apprendre à travers les disciplines) où elle a regroupé une équipe de scientifiques de renom provenant de tous les coins du globe afin d'étudier et de faire progresser les nouveaux outils permettant d'aider les apprenant-e-s en ce siècle devenu pleinement numérique. Sont donc rassemblé-e-s et coordonné-e-s de façon efficace éducateurs et éducatrices, psychologues, informaticien-ne-s, ingénieur-e-s, médecins et historien-ne-s provenant de 6 pays, 17 universités et 16 organisations partenaires.

Les cochercheurs impliqués dans LEADS ont conduit plusieurs projets de grande envergure dans des écoles à travers le Québec ainsi que dans leur institution respective, mettant en œuvre des technologies de pointe facilitant l'apprentissage et stimulant la motivation. Ces travaux ont été rendus possibles principalement grâce au ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec, et au Réseau réussite Montréal, deux partenaires clés dans le projet LEADS qui permettent de relier les chercheur-se-s et plusieurs commissions scolaires de la région de Montréal.

Grâce à cette fabrique de nouveaux processus d’apprentissage, Susanne P. Lajoie donne au didactisme traditionnel, non seulement des habits neufs, mais de nombreux signes qui appellent de nouveaux paradigmes.

On dit souvent avec raison qu’on n’a jamais fini d’apprendre. Certes, mais le parcours de la lauréate, animée par la motivation de repenser l'éducation pour le 21e siècle, suggère fortement qu’on n’en aura jamais fini, non plus, d’apprendre à apprendre.