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Annie Chalifour - Concours de vulgarisation - 2012
Lauréate

Annie Chalifour

UQAM - Université du Québec à Montréal

Cols bleus microscopiques

Échantillons de cyanobactéries en solution" src="/sites/default/files/prix-concours/vulgarisation/2012/projet/1000_bechers.jpg">
Contre vents et marées noires

Lors de la terrible marée noire de l’Exxon Valdez, dans le golfe de l'Alaska en 1989, on a retrouvé des cyanobactéries vivant dans ces eaux contaminées par le pétrole. Ces irréductibles ont alors été récupérées et cultivées en laboratoire par des scientifiques pour en étudier leur capacité à dégrader les produits pétroliers. Puis, ces souches de cyanobactéries en main, les chercheurs sont repartis vers les plages engluées de la baie du Prince-William. Ils y ont réintroduit les micro-organismes, en ajoutant des fertilisants pour favoriser leur croissance. Cette opération a grandement amélioré l’état des berges de l’Alaska.

De plus, on a découvert que les cyanobactéries formaient une communauté avec d’autres bactéries à la surface de l’eau. Les premières provoquent l’émulsion des nappes de pétrole en petites gouttelettes, et les secondes s’attaquent aux gouttes formées, en s’alimentant directement des hydrocarbures. Les secondes profitent ainsi de l’oxygène et des éléments nutritifs produits par les premières. Bref, un véritable commando antipollution est en activité!

Vieilles, mais toujours sans rides

Si les cyanobactéries survivent dans un environnement toxique, c’est qu’elles en ont vu d’autres au cours de leurs 3,5 milliards d’années d’existence! Ces algues bleu-vert sont bien des bactéries, mais tout comme les plantes, elles ont la capacité d’effectuer la photosynthèse. Elles vont donc utiliser l’eau, la lumière du soleil et le CO2 pour produire de l’oxygène et des sucres, assurant ainsi leur croissance.

On les retrouve sur toute la surface de la planète et dans tous les lieux imaginables. Si elles ont traversé les âges dans des conditions extrêmes, c’est entre autres parce qu’elles s’adaptent très facilement à leur environnement. Les cyanobactéries auraient un taux de mutation plus rapide que les organismes « évolués », en plus d’une grande flexibilité métabolique. Elles vont, par exemple, augmenter ou diminuer rapidement la synthèse de certaines enzymes. Face à un environnement hostile, ou à des contaminants toxiques, des mutations spontanées ou des changements physiologiques permettront à quelques individus de bien tolérer les nouvelles conditions de leur milieu. Leurs descendants coloniseront alors rapidement le nouveau territoire.

Polyvalentes…

Le pétrole est loin d’être le seul milieu où on peut mettre à l’ouvrage ces organismes versatiles.  Les cyanobactéries pourraient également traiter les eaux usées des villes ou des industries.

Emprisonnées dans un gel à base d’algue (comme l’agar), elles pourraient retenir les phosphates et les nitrates des effluents. De plus, leur métabolisme pourrait dégrader une partie des composés toxiques, tels que les colorants utilisés dans l’industrie textile ou encore les résidus de médicaments. En aquaculture, elles permettraient la filtration des déchets azotés produits par les poissons. On a également étudié leur capacité à retenir les métaux lourds, puisque ceux-ci vont se coller à la surface des cellules. Enfin, elles peuvent dégrader les pesticides présents dans les cours d’eau, les rendant ainsi moins dommageables pour les plantes et animaux aquatiques. De très grandes aptitudes pour de si petites cellules!

…et renouvelables

Véritables petites industries chimiques carburant à l’énergie solaire, elles demandent peu de soins tout en étant très efficaces, et ce, à un faible coût. Et il s’agit en fait d’une ressource renouvelable! Quant à l’inquiétude face à la production de toxines, plusieurs espèces n’en produisent pas du tout et sont donc inoffensives. De quoi leur donner une bien meilleure image!