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88e Congrès de l'Acfas
Auteur et co-auteurs
Claudia Gauthier
Université Laval
5a. Résumé

Les récentes années permettent d’observer une volonté d’examiner le rapport que l’homme entretient avec la nature (White, Cronon, Buekens). Pierre Schoentjes a écrit que « l’environnement naturel est moins une scène que l’on contemple à distance qu’un lieu où l’on s’efforce de trouver sa place » (2017). C’est ce rôle complexe de l’environnement que je souhaite analyser chez Gabrielle Roy, notamment dans La montagne secrète (1961).

Je tenterai de saisir les circonstances dans lesquelles la nature révèle « le connu et l’inconnu de la vie » (Roy : 1961) au personnage, qui sera par la suite mis en mouvement et porté par une volonté de saisir le monde. Je chercherai à montrer que cette fonction particulière de l’environnement est étroitement liée à l’intimité qu’entretiennent les personnages avec la nature. Alors que le sujet cherche à se comprendre en se projetant dans l’espace, il se place dans un rapport heuristique avec le paysage et, dès lors, il cherche à donner un sens à ce qui s’offre à son entendement. 

La critique a remarqué l’importance du rapport à l’espace dans les œuvres de Gabrielle Roy sans toutefois avoir posé la nature heuristique de cette relation (Sirois, Brotherson, Sechin). Pour ce faire, je m’appuierai en partie sur les études de Schoentjes sur l’écopoétique (2015) et sur les notions de « trouble des lieux » (Aragon : 1926), d’ « éco-épiphanie » (Desrochers : 2019), et d’ « horizon » en tant que « jonction du visible et de l’invisible » (Collot : 2017). 


Commentaires

Caroline Martin
J'aimerais partager avec vous une oeuvre qui je crois pourrait vous intéresser dans le cadre de vos recherches. Il s'agit du film de Walden: Diaries, Notes, and Sketches (1968). C'est un film-journal qui s'inspire de Walden or Life in the Woods de Thoreau (1954) un roman clairement inspiré du transcendantalisme. Pour Mekas, Walden c'est Central Park et en tant qu'immigrant lituanien, ce film est une quête pour trouver une nouvelle identité dans ce nouvel environnement qu'est Manhattan, mais aussi l'Amérique de manière plus large. J'espère que ça vous plaira!
Sophie Dubois
La citation de Pierre, au pied de la montagne, m'a fait penser à cette autre citation de Bonheur d'occasion mettant en scène Jean Lévesque : "Le regard du jeune homme effleura le campanile de Saint-Thomas-d’Aquin, la tourelle à colonnade du couvent, la flèche de Saint-Henri, et monta directement aux flancs de la montagne. Il aimait à s’arrêter sur cette voie et à regarder, le jour, les grands portails froids, les belles demeures de pierre grise et rose qui se dégageaient nettement là-haut, et, la nuit, leurs feux qui brillaient lointains, comme des signaux sur sa route. Ses ambitions, ses griefs se levaient et l’enserraient alors de leur réseau familier d’angoisse. Il était à la fois haineux et puissant devant cette montagne qui le dominait." Le paysage est alors construit, mais il me semble qu'il y a quand même dans cette montagne l'idée d'une aspiration qui serait intéressante à comparer à celle de La montagne secrète. Merci pour votre présentation !
Claudia Gauthier
Merci Mme Dubois pour cette merveilleuse citation. Je ne retiens pas Bonheur d'occasion dans le corpus pour mon mémoire, mais vous avez raison, le motif de la montagne revient souvent dans l'oeuvre de Roy, ou encore celui des collines: celles de La route d'Altamont ou encore celles de Sam Lee Wong. Je vous relance une autre citation, d' « Où iras-tu Sam Lee Wong » cette fois, pour ajouter à notre échange sur « l'idée » derrière la montagne: « Il n'y avait que les montagnes pour sauver les hommes, les montagnes qui par leur noblesse et leur immuabilité obligeaient l'espèce humaine à s'arrêter de tourner perpétuellement en rond. »