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Vincent Larivière
Sciences sociales

Vincent Larivière

Université de Montréal

Le Prix Acfas Thérèse-Gouin-Décarie 2025, pour les sciences sociales, est remis à Vincent Larivière, professeur titulaire à École de bibliothéconomie et des sciences de l'information de l’Université de Montréal.

Les travaux du Lauréat, marqués par l’interdisciplinarité, combinent finement les sciences de l’information, la sociologie et les politiques scientifiques. On peut dire de lui qu’il est un observateur attentif des transformations des modes de production et de diffusion des connaissances scientifiques et technologiques à l’ère numérique. Il s’est aussi penché sur les biais de genre en recherche, les pratiques de collaboration des scientifiques et la visibilité de leurs travaux scientifiques selon la langue de diffusion. Son principal cheval de bataille? La libre circulation des savoirs.

Vincent Larivière amorce ses études supérieures par un mémoire de maîtrise en histoire des sciences, réalisé à l’UQAM. En 2005, il présentera ces premiers travaux sous ce titre : L’astrophysique au Québec depuis 1945: émergence, consolidation et internationalisation d’une communauté périphérique. Son doctorat, réalisé à l’Université McGill et obtenu en 2010, amorce ce qui deviendra l’une des lignes de force de sa carrière, la mesure de la production scientifique à partir des publications savantes: A bibliometric analysis of Quebec’s PhD students’ contribution to the advancement of knowledge [Une analyse bibliométrique de la contribution des doctorants québécois à l’avancement des connaissances].  En page iii, on y trouve cette dédicace : À mes grands-pères. Pour le lauréat, c’était un hommage à leur rendre, eux qui auraient sans doute aimé aller à l’Université, mais qui n’ont pas eu la chance de faire des grandes études, comme bon nombre de québécois de l’époque.

Après un postdoctorat (2010-2011), en archivistique et bibliothéconomie, à l’Indiana University (États-Unis), il entame, en 2011, sa carrière de professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal.

Trois ans plus tard, Vincent Larivière mène la première étude à grande échelle sur la concentration du monde de l’édition savante. Basés sur 45 millions d’articles publiés à partir de 1973, ses travaux démontrent que l’avènement de l’ère numérique dans le paysage scientifique a consolidé la position des éditeurs à but lucratif. Et que cette emprise monopolistique entraîne des effets négatifs sur la communauté scientifique et les universités. À l’inverse, ses travaux démontrent les effets positifs du libre accès sur l’avancement de la recherche scientifique et sur le partage des connaissances. 

Le libre accès est indissociable de l’inclusivité, et les activités de recherches de Vincent Larivière en sont l’illustration. Ses travaux sur les biais de genre en science ont suscité des avancées remarquées. Dès 2013, dans la revue Nature, il signe la première étude internationale sur le statut des femmes dans les activités de recherche, leur impact scientifique et leurs pratiques de collaboration. Cette étude démontre que, dans presque tous les pays, la participation des femmes à la recherche et leur impact scientifique sont moins importants que ceux de leurs collègues masculins.

Dans une autre étude, en 2019, Vincent Larivière et ses collègues vont démontrer que la faible inclusion des femmes dans l’échantillonnage de la recherche médicale engendre des conséquences délétères. Par exemple : huit des dix médicaments retirés du marché entre 1997 et 2001, en raison des risques qu’ils posaient pour la santé humaine, provoquaient des effets encore plus néfastes chez la femme. 

Dans la même foulée, Vincent Larivière, avec une équipe internationale composée de membres issus de la diversité, mènera une recherche montrant que, aux États-Unis, le faible nombre de chercheur·euses non blancs a historiquement eu comme effet de limiter l’avancement des connaissances scientifiques. L’étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), a aussi figuré au palmarès de la 30e édition des 10 découvertes de l’année du magazine Québec Science, en 2022.

Ses travaux au sein de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante, dont il était titulaire jusqu’en 2023, ont permis de mieux comprendre les modes de production et de distribution des connaissances en fonction des changements induits par l’explosion des technologies numériques. C’était là une contribution des plus pertinentes à l’élaboration de politiques publiques en matière de recherche scientifique et technologique.

Cet infatigable défenseur du libre accès aux connaissances scientifiques a notamment contribué à un changement de pratique au sein de son propre établissement. Ainsi, en décembre 2019, l’UdeM adoptait sa politique qui appelle tous les auteurs et autrices à déposer leurs articles, chapitres de livres et communications scientifiques dans Papyrus, site institutionnel accessible à toutes et tous. 

Membre du comité consultatif sur la science ouverte de l’UNESCO de 2020 à 2022, Vincent Larivière devient titulaire, l’année suivante, de la Chaire UNESCO sur la science ouverte, avec pour mandat d’accroître la compréhension de cette science sous toutes ses formes (libre accès, données ouvertes et évaluation par les pairs ouverte). À ce titre, il analyse aussi les effets des pratiques de science ouverte sur la qualité de la recherche et sur la société, ainsi que les barrières et incitatifs qui peuvent influencer l’adoption de la science ouverte, tant à l’échelle nationale qu’internationale.

Au sein de son laboratoire, le lauréat accueille bon nombre de postdoctorants de disciplines variées (sciences de l’information, sociologie, économie, physique, éthique, informatique cognitive), qui combinent leurs expertises afin de mieux comprendre la science comme activité sociale. D’ailleurs, la formation de la nouvelle génération de chercheur·euses de l’information scientifique demeure au cœur de ses activités d’enseignement. 

Notons, pour finir, que Vincent Larivière n’hésite jamais à prôner, auprès de ses collègues de la Francophonie, l’importance des pratiques de libre accès et du rôle des universités dans le rayonnement de la science en français.

Depuis les débuts de sa carrière académique, Vincent Larivière a fait preuve d’une constance exemplaire. Sans relâche, il a œuvré à rendre le milieu de la recherche plus équitable, plus diversifié et inclusif. Conditions nécessaires afin de renforcer la collaboration scientifique et le partage des connaissances. Car la réduction des inégalités systémiques demeure essentielle pour opérer un changement de culture universitaire qui permet aux membres d’une société d’être parties prenantes d’une science citoyenne dont personne n’est exclu.