Philippe Pibarot
Le Prix Acfas Léo-Pariseau 2025, pour les sciences biologiques et les sciences de la santé, est remis à Philippe Pibarot, professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université Laval.
Spécialiste de renommée internationale, le lauréat est reconnu pour ses contributions exceptionnelles en imagerie cardiovasculaire et en cardiologie structurelle. Repoussant constamment les limites des connaissances, il a contribué à améliorer la longévité et la qualité de vie des très nombreuses personnes atteintes d’une maladie affectant les valves du cœur. Ses travaux ont notamment permis de mieux identifier, traiter et surtout prévenir les complications liées aux prothèses valvulaires.
Aujourd’hui titulaire de la Chaire de recherche du Canada en maladies valvulaires cardiaques, Philippe Pibarot est responsable de la recherche en cardiologie à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ). À ce titre, il est reconnu comme un pionnier et un chef de file de la recherche sur les maladies valvulaires cardiaques (MVC), en particulier sur la sténose aortique (SA), soit un rétrécissement de l’ouverture de la valve aortique qui obstrue le flux sanguin du ventricule gauche vers l’aorte. Soulignons qu'il s'agit de la maladie valvulaire cardiaque la plus courante dans les pays à hauts revenus.
Philippe Pibarot a commencé sa carrière en décrochant le titre de docteur en médecine vétérinaire de l’Université Claude Bernard-Lyon I (1987). Déjà à cette époque, il s’intéresse aux maladies cardiaques, notamment celles causées par des pathologies relatives aux valves. Puis, peu de temps après s’être établi au Québec, il bifurque du côté de la santé humaine, de plus en plus préoccupé par la forte prévalence des MVC dans la population. L’obtention d’un second doctorat (PhD), en sciences biomédicales (UdeM, 1995), marque le début d’une nouvelle carrière consacrée à résoudre les défis cliniques dans le diagnostic et le traitement des MVC.
Au fil des ans, Philippe Pibarot et son équipe vont révolutionner l’approche de ces maladies, transformer leur prise en charge clinique, améliorer la performance des prothèses valvulaires et inspirer des stratégies de prévention efficaces désormais appliquées dans le monde entier. Par exemple, en 2006, ils seront les premiers à lier l’obésité viscérale à une progression plus rapide de la sténose de la valve aortique, ainsi qu’à une dégénérescence plus rapide des bioprothèses aortiques utilisées pour remplacer la valve native. Lui et son équipe vont également démontrer le rôle clé de la lipoprotéine (a) – l’une des lipoprotéines les plus abondantes dans notre sang – dans l’apparition et la progression de la SA.
En 2007, un grand coup est marqué par la découverte d’une nouvelle entité pathologique de la SA qu’ils nomment « sténose aortique à bas débit et bas gradient paradoxal ». Présente chez près de 20 % des patients atteints de SA, cette forme de la maladie était auparavant mal diagnostiquée et donc sous-traitée. Cette avancée, considérée comme une des plus importantes dans le domaine au cours des 30 dernières années, a conduit à l’intégration d’une nouvelle directive concernant le remplacement de la valve aortique chez les patients dans les recommandations nord-américaines et européennes pour la prise en charge des MVC.
Les travaux Philippe Pibarot ont également joué un rôle clé dans la définition, l’identification et la caractérisation des complications des prothèses valvulaires cardiaques. Avec son équipe, il a contribué à développer et à valider de nouvelles méthodes afin de déterminer le moment optimal pour remplacer la valve défaillante, choisir la prothèse valvulaire la plus appropriée, augmenter la performance et la durabilité de manière à réduire les complications pour le patient.
Parallèlement à ces travaux, Philippe Pibarot et son équipe ont conçu, validé et implanté plusieurs méthodes et paramètres d’imagerie (échocardiographie, scanner cardiaque, imagerie cardiaque par résonance magnétique). Des méthodes qui ont permis d’améliorer considérablement le diagnostic et la prise en charge optimale des MVC. Ces outils sont désormais recommandés dans les guides de pratique et sont largement utilisés dans la pratique clinique.
Chercheur d’exception, Philippe Pibarot se distingue aussi par sa remarquable capacité à combiner recherche fondamentale novatrice et recherche translationnelle transformative. Et ce, en fédérant les meilleures compétences autour d’un objectif précis : améliorer la longévité et la qualité de vie des personnes avec MVC. Il a ainsi dirigé, au cours des 27 dernières années, le Laboratoire de recherche et d’innovation sur les MVC, considéré comme l’un des cinq meilleurs au monde au chapitre des publications, des subventions de recherche et de la formation/mentorat d’étudiants diplômés et de boursiers. Il est également directeur du Laboratoire central d’échocardiographie de l’IUCPQ, qui est réputé être le plus influent au monde dans le domaine de la thérapie valvulaire transcathéter. Ce laboratoire est notamment responsable des analyses standardisées des échocardiogrammes (>50 000) obtenus lors de plusieurs grands essais cliniques menés dans plus de 100 hôpitaux à travers le monde.
Au-delà des nombreux prix et distinctions qui ont jalonné sa féconde carrière, Philippe Pibarot s’est aussi distingué par son profond humanisme. Il a ainsi cofondé un organisme à but non lucratif – une voie pour les maladies valvulaires cardiaques – pour améliorer le parcours de vie et de soins des personnes vivant avec une MVC. Il a dirigé un comité national d’experts et représentant de patients pour préparer un rapport sur le parcours de vie des personnes avec MVC et dans lequel des actions concrètes sont proposées pour améliorer ce parcours. Il dirige aussi la coalition canadienne, mandatée par cette organisation pour un accès équitable aux soins et aux traitements pour tous les Canadiens. Enfin, il a été l’un des principaux investigateurs de l’essai clinique RHEIA (sur le remplacement valvulaire aortique percutané) entièrement dédié aux femmes, une première dans le domaine des MVC.
À la fois pionnier et chef de file, Philippe Pibarot se distingue par la qualité remarquable de ses recherches et de ses découvertes. Toujours en train d’innover et de fédérer autour de lui les meilleurs talents, il a largement contribué à transformer les approches diagnostiques, ainsi que les traitements de la sténose aortique et des maladies valvulaires cardiaques. Et surtout, il a fait battre l’espoir dans le cœur d’innombrables patients.