Le Prix André-Laurendeau 2006 est remis à Daniel Weinstock, professeur titulaire au département de philosophie de l’Université de Montréal.
Du multiculturalisme aux droits linguistiques en passant par la justice distributive et la sécession des États, l’œuvre du philosophe Daniel Weinstock est variée et profondément impliquée dans la réalité du monde contemporain.
Les travaux du chercheur, fait rare, ont eu un impact tant du côté du champ philosophique francophone qu’anglophone. Au Québec et en France, il a contribué à l’essor d’une pensée libérale dans l’esprit de John Rawls. Ce philosophe américain énonce, entre autres, dans sa théorie de la justice, qu’un État « parfaitement juste » doit être indifférent au fait que les individus naissent avec telles caractéristiques plutôt que telles autres; les principes de liberté et de différence sont au centre de sa réflexion. Dans ses travaux sur le rapport entre culture, identité et justice, Daniel Weinstock a fait valoir que les identités culturelles ne sont pas des données brutes, mais plutôt des réactions stratégiques souvent rationnelles, répondant, entre autres, aux divers incitatifs qu’engendre le statut de minorité. Les identités sont des variables dépendantes, relatives et contextuelles.
Daniel Weinstock n’est pas seulement un universitaire de haut calibre, il a aussi contribué à rendre la philosophie politique « utile » aux travaux des décideurs publics. Parmi les exemples les plus éloquents de cet engagement, on peut citer sa participation au Groupe de travail sur la place de la religion à l’école publique, qui a donné lieu au rapport Proulx en 1999.
Ce rapport a servi de fondement à la politique québécoise menant à la laïcisation des institutions scolaires. Selon Jean-Pierre Proulx, « il n’aurait jamais eu cet impact n’eût été de la contribution centrale du Professeur Weinstock. […] C’est dire, ajoute-t-il, que la recherche en philosophie peut transformer non seulement les idées, mais aussi les pratiques politiques et sociales ». Mentionnons également son travail, depuis 2003, comme premier directeur du Comité d’éthique de la santé publique du Québec. À ce titre, il participe actuellement à l’élaboration d’un plan québécois de lutte contre une éventuelle pandémie de grippe aviaire.
Nous pouvons ainsi voir en Daniel Weinstock un humaniste libéral, lucide, critique, enraciné, et engagé. Ces qualités étaient aussi celles d’André Laurendeau…
texte biographique réalisé en 2006