543 - Développement positif du jeune en contextes éducatifs

La croissance de l’immigration québécoise enrichit la pluralité culturelle du secteur éducatif québécois mais comporte des difficultés, car bon nombre d’élèves immigrants de 1ère génération font face à des barrières d’ordres linguistique et culturel qui rendent plus difficile le développement de leurs compétences scolaires, notamment la maîtrise de l’écrit. Des recherches révèlent que certaines difficultés auxquelles des élèves sont confrontés peuvent altérer leur motivation à écrire (John & Smith, 2018; Johnson & Wang, 2017). Plusieurs cadres théoriques peuvent être mobilisés pour comprendre la notion de motivation, mais dans cette recherche nous l’étudions au regard de la théorie de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2017). En s’appuyant sur cette théorie, nous émettons l’hypothèse que les motivations autodéterminées des élèves immigrés ainsi que leur sentiment de compétence seront plus faibles comparativement aux élèves d’implantation plus ancienne. Afin de tester cette hypothèse, nous utilisons une étude corrélationnelle comportant quatre cohortes d’élèves (n = 2,880) issus d’immigration francophone et anglophone de première génération et d’élèves québécois quant à leur motivation à réussir à l’école québécoise. Une analyse préliminaire des données montre qu’il n’y a pas de différence entre les groupes sur le plan de la motivation autodéterminée à écrire. Toutefois, il semblerait que les élèves immigrants se sentent moins compétents dans l’apprentissage de l’écriture.

Les étudiants universitaires ont développé certaines nouvelles façon d’étudier depuis l’arrivée des robots conversationnels propulsés par l’intelligence artificielle (IA). Toutefois, l’adoption de ces nouvelles pratiques est inégale étant donné que tous n’ont pas le même niveau d’aisance avec les outils numériques. Afin de réduire les écarts entre les personnes faisant un usage précoce de l’IA et celles qui n’osent pas l’utiliser, notre objectif fut de décrire les pratiques d’étudiants ayant utilisé ChatGPT dans les 6 premiers mois suivant son lancement général en novembre 2022. Les résultats montrent que les étudiants se servent de ChatGPT pour une variété d’usages productifs en éducation, dont la vérification d’orthographe et de grammaire, la synthétisation, l’assistance pédagogique et bien d’autres. Les étudiants nomment également plusieurs précautions à prendre, telles que le respect du droit d’auteur, la lecture critique de l’information fournie, la nécessité de faire sa propre contribution au travail et le fait d’éviter d’aborder des notions trop précises sur lesquelles l’outil n’aurait pas été entraîné. Ils énoncent également quelques conseils à leurs pairs comme l’utiliser pour initier un travail (briser la glace) et s’informer sur les règles du plan de cours par rapport à son utilisation. En conclusion, déjà peu de temps après leur sortie, les robots conversationnels présentent de nombreux avantages potentiels, malgré les précautions nécessaires à leur utilisation.

Parmi les conceptualisations du bien-être eudaimonique, deux théories ont particulièrement retenues l’attention de la communauté scientifique : la théorie de l’autodétermination (TAD) et le modèle du bien-être psychologique de Ryff. La TAD postule que la vitalité est une composante du bien-être alors que le modèle de Ryff propose 6 composantes pour ce concept (l'autonomie, la maîtrise de l'environnement, les relations, avoir un but, l'acceptation de soi et la croissance personnelle). La TAD conceptualise trois de ces composantes comme des besoins psychologiques fondamentaux (c’est-à-dire l’autonomie, la compétence et l’appartenance) qui agissent comme des prédicteurs du bien-être plutôt que comme composantes. Combinant ces deux théories, cette étude a utilisé une approche centrée sur la personne pour (1) identifier des profils de bien-être, et (2) tester le rôle prédicteur des besoins psychologiques dans l’appartenance aux profils obtenus. Un échantillon de 434 étudiants universitaires (81 % de femmes ; M age = 24 ans) a répondu à un sondage en ligne en 2018. Les résultats de l'analyse suggèrent 3 profils de bien-être eudémonique : bien-être faible avec croissance personnelle faible (13%), bien-être faible avec croissance personnelle élevée (41%) et bien-être élevé (46%).  

Cette revue examine de manière critique l'impact des programmes éducatifs basés sur la théorie de l'autodétermination (SDT) sur les élèves du secondaire, en soulignant le rôle central du comportement des enseignants dans l'amélioration de la motivation, du bien-être et de l'engagement académique des élèves. Il révèle que même si les interventions SDT, qui répondent aux besoins psychologiques fondamentaux des étudiants, ont des effets positifs sur l'autonomie et les expériences d'apprentissage, la variabilité de l'efficacité des programmes de développement professionnel (PD) souligne la nécessité d'une formation plus personnalisée pour garantir des pratiques d'enseignement cohérentes et percutantes. . L'étude met en évidence les difficultés liées à la catégorisation des comportements des enseignants dans le cadre de protocoles de motivation, essentiels à la reproduction d'interventions réussies, soulignant l'absence d'un système de catégorisation standardisé comme un obstacle important. En outre, cela suggère qu'une recherche qualitative détaillée sur les applications pratiques du TSD pourrait conduire à de nouvelles pédagogies favorisant des environnements d'apprentissage propices. En fin de compte, cette revue vise à renforcer la compréhension et la mise en œuvre de programmes basés sur le TSD dans l'enseignement secondaire, contribuant ainsi à l'avancement de la psychologie éducative et transformant potentiellement les pratiques et les résultats éducatifs.

Le nombre d’étudiants en situation de handicap (ESH) a augmenté de 14% entre 2019-2020 et 2020-2021 dans les universités québécoises (AQICESH, 2021). Pour répondre aux difficultés rencontrées par les ESH, les établissements mettent en place différentes stratégies d’accompagnement telles que la mise en place d’un tiers-temps pour les examens, l’usage des technologies, etc. (Orr & Hammig, 2009). Notre étude propose une exploration des liens entre les pratiques inclusives, la satisfaction des besoins psychologiques (c.-à-d. autonomie, compétence et appartenance sociale) et l'ajustement des étudiants. Les données proviennent d’une étude longitudinale sur les trajectoires d’adaptation des ESH au collégial ayant débuté à l’automne 2019. L’échantillon se compose de 1100 personnes étudiantes au cégep en 1re session à l’automne 2019 (76% femmes ; 40% déclarant un handicap, âge moyen = 18,2). Les résultats d’analyses de régressions révèlent que (1) les pratiques inclusives telles que rendre le matériel de cours accessible et les stratégies de lecture inclusives sont négativement liées au sentiment de compétence des étudiants, (2) la pratique « classe inclusive » prédit un plus haut niveau de sentiment de compétence ; (3) la satisfaction des besoins psychologiques prédit positivement l’ajustement social, académique et émotionnel. Cette étude soulève des questions sur la pertinence des stratégies de soutien aux ESH, notamment vis-à-vis du développement de leur autonomie.

La motivation des élèves est l’un des meilleurs prédicteurs de la réussite et de la persévérance scolaire. Les pratiques à mettre en place pour la soutenir sont au cœur des préoccupations des enseignants, tout particulièrement lors de la transition du primaire au secondaire où l’intérêt des élèves pour l’école tend à diminuer. Selon la théorie de l’autodétermination, trois catégories de pratiques enseignantes (soutien à l’autonomie, engagement et structure) soutiennent la motivation autonome des élèves en répondant à leurs besoins psychologiques (BP). Cette étude vise à examiner la concordance entre ces pratiques autorapportées par les enseignants et la perception qu’en ont les élèves de leur classe, ainsi qu’à identifier quelle perception (enseignant ou élèves) est la plus fortement associée à la satisfaction des BP des élèves. Vingt-huit enseignants de première secondaire en français et en mathématiques et les élèves de l’une de leurs classes (n=144) ont évalué les pratiques enseignantes. Les élèves ont aussi rapporté la satisfaction de leurs BP. Les résultats montrent que, à l’exception de la structure, les enseignants et leurs élèves ont des perceptions différentes concernant les pratiques. De plus, les élèves d’une même classe tendent à partager des perceptions plus similaires. Enfin, la perception des élèves sur ces pratiques est plus étroitement liée à la satisfaction de leurs BP que celle des enseignants. Les implications de ces résultats seront présentées.

Le taux élevé de décrochage chez les enseignant(e)s québécois(es) et canadien (-enne) s en insertion professionnelle ainsi que l’épuisement professionnel vécu par plusieurs de ces personnes (Gaudreau, 2017 ; Hugues et al., 2015 ; Kamanzi et al., 2017) soulèvent un enjeu crucial au regard de la formation en enseignement : mettre en œuvre les conditions pour aider les étudiant(e)s à négocier efficacement leur entrée dans le métier. À ce propos, les stages constituent une part essentielle de la formation des enseignant(e)s (Colognesi et al., 2021 ; Kervick et al., 2020), offrant une expérience authentique en classe pour développer leurs compétences professionnelles (Mena et al., 2017). Cette présentation examine les pratiques pédagogiques des stagiaires soutenant les besoins psychologiques fondamentaux des élèves pour favoriser leur bien-être et leurs apprentissages en classe. Elle dévoile les résultats d’une recherche qualitative menée auprès de douze stagiaires en enseignement utilisant la vidéoscopie (Morin et al., 2019 ; Tripp et Rich, 2022) et l’autoconfrontation (Vermersch, 2014). Les objectifs poursuivis étaient 1) d’identifier les pratiques pédagogiques soutenant les besoins psychologiques fondamentaux des élèves (Ryan et Deci, 2021), 2) ainsi que de décrire les perceptions des stagiaires quant à leurs pratiques. Nos résultats révèlent un écart entre les pratiques observées des stagiaires à partir des vidéos et celles rapportées lors des entretiens.

Il est important d'étudier le rôle des parents dans le succès scolaire des jeunes, puisque l’accès à une éducation postsecondaire est essentiel afin de promouvoir la mobilité sociale. Cette étude a examiné une cascade développementale reliant la chaleur parentale durant l'enfance au niveau d’éducation atteint à l’âge adulte par le biais des attentes éducatives des parents et du rendement scolaire. L’échantillon inclut 100 dyades mère-enfant (57%G) recrutées dans des quartiers économiquement défavorisés et participant au Concordia Longitudinal Research Project. Les mères ont rempli des questionnaires lorsque leurs enfants avaient 11 et 14 ans. Le rendement scolaire a été évalués à l'aide des bulletins scolaires au secondaire. Les jeunes ont déclaré leur plus haut niveau d'éducation atteint à 28 ans. Une analyse de médiation suggère qu'en contrôlant le sexe de l'enfant, son émotivité et le statut socioéconomique familial, la chaleur parentale était associée aux attentes parentales, b = .24, p = .017, qui étaient liées au niveau d'éducation atteint, b = .42, p = .001. L'effet indirect était marginalement statistiquement significatif, c' = .10 (.05), p = .056, IC 95% [.02, .23]. Les attentes parentales n’étaient pas liées au rendement scolaire dans le modèle acheminatoire, mais ces variables étaient positivement reliées en corrélations. Ces résultats suggèrent que les parents peuvent favoriser la réussite scolaire de leur enfant en cultivant des attentes éducatives plus élevées.

La passion envers une activité est un concept clé en psychologie positive puisqu’il a souvent été identifié comme un des facteurs contribuant à l’épanouissement et au développement du potentiel. Cette étude s’est donc intéressée au rôle de la passion harmonieuse (PH) et obsessive (PO) (Vallerand, 2015) des parents envers le soccer dans le développement des jeunes dans le cadre de la pratique de ce sport. Pour ce faire, 120 parents de joueurs de soccer (Mage = 9,58 ans, tous garçons) ont complété l’échelle de passion (Marsh et al., 2013) au début de la saison (T1). Six mois plus tard (T2), les entraineurs ont évalué la motivation autonome, l’effort et la performance des jeunes athlètes. Les résultats d’analyses de régressions hiérarchiques ont démontré que la PH des parents envers le soccer était positivement associée à la motivation autonome (β = .31, p = .002), à l’effort à l’entrainement (β = .32, p < .001), et à la performance normative des jeunes athlètes (β = .25, p = .001). À l’opposé, la PO des parents était uniquement, et négativement, associée à la motivation autonome des joueurs (β = -.21, p = .02). En conclusion, les résultats de la présente étude démontrent que seule la PH des parents favorise le développement positif des jeunes athlètes. Ces résultats suggèrent que soutenir la PH non pas seulement des jeunes, mais aussi des personnes significatives qui les entourent, pourrait contribuer au fonctionnement et au développement optimal des enfants dans le sport.

Les symptômes d'inattention et d’hyperactivité (SIH) altèrent plusieurs sphères de la vie des enfants (APA, 2013). Les parents peuvent jouer un rôle central dans le développement de ces symptômes (Johnston & Chronis-Tuscano, 2015). Les pratiques parentales et les SIH sont reconnus pour s’interinfluencer (Johnston & Chronis-Tuscano, 2015), mais cette bidirectionnalité reste à être étudiée via la théorie de l'autodétermination. L’objectif de cette étude longitudinale est d'examiner la bidirectionnalité entre la perception des parents des SIH de l'enfant et leurs comportements auto rapportés de soutien à l'autonomie et de contrôle. L'échantillon (N = 1448) est stratifié pour être représentatif des familles québécoises et suréchantillonne les familles d'enfants ayant des besoins particuliers. Les parents ont rempli un questionnaire en ligne au début de deux années scolaires consécutives.
 
Les analyses de régressions multiples préliminaires révèlent que seulement les perceptions des SIH par les pères prédisaient des changements dans leurs comportements parentaux perçus (β = 0,16 à 0,22). Également, seulement les comportements parentaux des pères prédisaient des changements dans leurs perceptions des SIH (β = 0,12 à 0,13). Une analyse via la modélisation par équations structurelles sera effectuée avec un modèle de panel à décalage croisé. Les résultats seront discutés en fonction du rôle du genre des parents dans la bidirectionnalité entre les SIH et les pratiques parentales.

La transition postsecondaire est un moment pivot dans le parcours scolaire du jeune. Selon la théorie de l’autodétermination, le développement du jeune est lié à la satisfaction de ses trois besoins psychologiques, soit l’autonomie, l’appartenance sociale et la compétence. La satisfaction du besoin de compétence, qui est liée à la réussite scolaire, peut être soutenue lorsque le parent offre une structure à son jeune (c.-à-d. offre un environnement prévisible). Toutefois, bien que la structure parentale soit un concept multidimensionnel, aucune étude n’a exploré l’existence de sous-groupes combinant les dimensions sous-jacentes de la structure parentale via la réalisation de profils. Ainsi, l’objectif de cette étude est d’identifier des profils de structure parentale chez les pères et les mères, et de tester leur contribution dans la prédiction du rendement et de l’ajustement scolaires des jeunes. Les résultats d’analyse de profils latents montrent trois profils distincts de structure, tant chez les mères que les pères. De plus, les jeunes dont le père est modérément structurant ou la mère modérément structurante avec une autorité bienveillante rapportaient un meilleur ajustement scolaire lors de la transition au postsecondaire. Aussi, le jeune dont le père ou la mère était modérément structurant.e rapportait un meilleur rendement scolaire. Les implications des résultats sur le développement du jeune sont discutées.

Les buts d’accomplissement (BA) constituent des déterminants cruciaux de la motivation et de la performance (Elliot et Hulleman, 2017). Ces buts englobent les représentations que les individus s’efforcent d’atteindre dans une activité (p.ex., s’améliorer, surpasser les autres, éviter de faire moins bien qu’eux) et sont en partie influencés par leur environnement. À cet effet, il semble que les BA adoptés par les adolescents à l’école (Gonida et al., 2014) et dans le sport (Weltevreden et al., 2018) soient liés aux BA encouragés par leurs parents. Cependant, les études sur ce sujet sont peu nombreuses et le plus souvent limitées à un seul contexte (l’école ou le sport). L’objectif de cette étude est d’examiner les BA encouragés par les parents comme prédicteurs des BA adoptés par les élèves inscrits dans des programmes sport-études au secondaire. Les données proviennent d’un échantillon composé de 188 élèves (58%garçons) et l’un de leurs parents (84,15% mères). Les résultats d’analyses de régressions linéaires multiples montrent que les BA rapportés par les parents prédisent les BA des élèves, tant dans le contexte scolaire que sportif, avec des tailles d’effet variant de petites à modérées. Ces liens persistent après avoir contrôlé pour le sexe des élèves, leurs BA initiaux, leur rendement scolaire et la qualité de leurs expériences relationnelles avec les enseignants et les entraîneurs. Ces résultats seront discutés à la lumière de la théorie des buts d’accomplissement.

Être parent d’un enfant à besoins particuliers représente un défi. La littérature démontre le stress parental supplémentaire occasionné par ce contexte, plusieurs diagnostics à l’enfance étant liés à une relation coparentale de moindre qualité. Cette coparentalité réfère à l’accord éducatif, à la collaboration ou au contraire, aux conflits entre parents. Or, cette dynamique coparentale est connue pour être liée à l’émergence et l’aggravation de ces difficultés développementales. Si l’on s’intéresse au développement de l’enfant, il s’avère primordial de s’intéresser à la coparentalité, pour créer un environnement propice au sain développement. La présente communication vise à examiner le lien entre coparentalité et difficultés développementales, tout en identifiant les facteurs y étant associés. Les données des 742 parents du sixième temps de mesure de l’Étude sur les besoins des parents dans l’accompagnement scolaire de leur enfant, suréchantillonnant les enfants à besoins particuliers, seront utilisées à cet effet. Les analyses démontrent que la qualité de la coparentalité est significativement inférieure lorsque les parents sont séparés ; or, ces familles séparées sont surreprésentées lorsque l’enfant présente des besoins particuliers. Les symptômes d’anxiété de l’enfant sont particulièrement liés à une détérioration de la coparentalité. Cela démontre la pertinence de la coparentalité à titre de levier d’intervention pour promouvoir le développement positif des jeunes.

Cette étude explore le rôle prédicteur des motivations (autonomes, contrôlées, amotivation) des pères pour les activités familiales sur leurs pratiques parentales. Des études ayant montré que la satisfaction des besoins psychologiques du jeune prédit son ajustement scolaire (Soenens et al., 2019 ; Ratelle & Duchesne, 2017), l’accent est mis sur les pratiques parentales les soutenant (soutien à l’autonomie, engagement, structure) et les frustrant (contrôle). Cette étude utilise les données d’une étude longitudinale sur les trajectoires des adolescents et le rôle des parents. L’échantillon inclut 296 pères ayant rempli un questionnaire en ligne mesurant leurs motivations et leurs pratiques parentales lorsque le jeune était en secondaire 2 (Temps 1 ; T1) et 3 (Temps 2 ; T2). Les résultats démontrent que (1) plus les pères ont une motivation autonome envers les activités familiales au T1, plus leurs pratiques parentales au T2 sont soutenantes, mais aussi contrôlantes ; (2) plus les pères ont une motivation contrôlée (régulation externe) au T1, plus ils sont contrôlants et moins ils sont engagés au T2 ; et (3) plus ils sont amotivés au T1, plus ils sont contrôlants mais aussi structurants et soutenants de l’autonomie de leur enfant au T2. Ces résultats peuvent s'expliquer par le fait que les pères rapportent à la fois des motivations autonomes et contrôlées, et que leurs pratiques contrôlantes semblent coexister avec certaines pratiques soutenantes.

Cette recherche vise à examiner les liens entre les contingences d’estime de soi des parents, le contrôle parental et l’anxiété chez l’enfant. Les parents ayant une estime de soi contingente à la réussite de leur enfant tendent à adopter des pratiques parentales plus contrôlantes et ces dernières sont un facteur de risque des problèmes intériorisés chez l’enfant. Cette recherche utilise les données d’une enquête longitudinale qui suit un échantillon de 1588 parents d’élèves au premier cycle du primaire depuis l’automne 2020. Les données analysées dans la présente recherche sont celles du temps 6 (juin 2023) où les parents ont répondu à un questionnaire en ligne qui mesurait leurs contingences d’estime de soi, leurs comportements contrôlants (culpabiliser, menacer et imposer des buts de performance) et les symptômes anxieux de leur enfant, ainsi que des variables sociodémographiques. Les résultats scolaires de l’enfant, le sexe de l’enfant et le sexe du parent ont été pris en compte dans l’analyse de données. Les résultats relèvent (1) plus l’enfant manifeste des symptômes anxieux et plus son parent tend à utiliser des stratégies culpabilisantes; (2) plus l’estime de soi du parent est contingente à la réussite de son enfant, plus il rapporte de comportements contrôlants (culpabiliser, menacer et encourager la performance); (3) plus l’enfant obtient de bons résultats scolaires, moins le parent adopte des comportements contrôlants tels faire culpabiliser et menacer son enfant.

Les pratiques parentales soutenant les besoins fondamentaux des enfants prédisent le succès scolaire de ceux-ci, mais cette influence pourrait s’étendre au-delà des notes, comme sur le développement de compétences socioémotionnelles (CSÉ ; p.ex., autorégulation, assiduité, comportements prosociaux). Les CSÉ sont essentielles au fonctionnement scolaire optimal, tout en étant associées à une meilleure transition à l’âge adulte. Pourtant, le rôle des parents dans le développement des CSÉ en milieu scolaire demeure méconnu. Cette étude longitudinale explore les relations entre cinq dimensions parentales soutenant les besoins fondamentaux (soutien à l'autonomie, chaleur, structure, guidance sollicitée, comportements contrôlants) et les CSÉ au primaire chez 192 dyades mères-enfants. Les pratiques parentales ont été observées en laboratoire lorsque les enfants avaient 4 ans, tandis que les enseignants ont évalué les CSÉ annuellement de 7 à 12 ans. Les résultats des analyses multiniveaux suggèrent que des pratiques structurantes et soutenant l’autonomie prédisent des CSÉ élevées à 7 ans, alors que la guidance sollicitée est négativement liée aux CSÉ au début du primaire. Par ailleurs, le soutien à l’autonomie et la guidance sollicitée prédisent une trajectoire croissante des CSÉ de 7 à 12 ans. Ces résultats soulignent l’importance de considérer l’apport unique de différentes dimensions parentales dans le développement initial des CSÉ et leur maintien au fil du temps.

En soutien à l’enseignement des sciences, les organismes du milieu informel d’éducation scientifique offrent des ateliers dans les classes, afin d’agir sur la motivation en sciences des élèves. Les mécanismes d’action de ces ateliers sont toutefois encore mal compris, puisque peu étudiés. Cette étude considère un ensemble de prédicteurs au niveau des caractéristiques des élèves (n=416), de la classe, de l’animatrice et du dosage des ateliers (au nombre de 1, 2 ou 3 par élève), en s’appuyant sur la théorie de l’attente-valeur située. Les résultats des régressions hiérarchiques indiquent que les processus motivationnels des élèves (croyances d’autocompétence, valeur d’intérêt) en posttest sont prédits par les perceptions que les élèves ont de la tâche (utilité, difficulté, intérêt) et de l’animatrice (comportements de soutien, enthousiasme). De plus, ces perceptions sont expliquées par les croyances d’autoefficacité des animatrices et des enseignantes, ainsi que par des caractéristiques de dosage de l’atelier. Ainsi, avoir réalisé des manipulations, avoir eu une équipe de travail en cohésion et participer à plusieurs ateliers prédit la perception positive des élèves de l’animatrice et de la tâche. La qualité de l’animation et avoir réalisé l’activité préparatoire influencent aussi positivement les perceptions de la tâche. Ceci permet de brosser un portrait global des mécanismes d’action des ateliers scientifiques et de proposer des recommandations aux organismes les offrant.

L’éducation par la nature prend de plus en plus de place dans les milieux éducatifs fréquentés par les enfants (Ayotte-Beaudet et al., 2023; Bouchard et al., 2022) et ses bénéfices commencent à être documentés, surtout à l’éducation préscolaire (Sella et al., 2023). Néanmoins, peu de travaux ont tenté d’analyser comment l’enfant décode le potentiel de l’environnement informel qu’est la nature, de manière à ce que son expérience en ce milieu contribue, de manière autodirigée (Sobel, 2014), à son développement.  S’appuyant sur la théorie des affordances (Gibson, 1979), la communication présentera d’abord trois niveaux de lecture que l’enfant de quatre et cinq ans peut faire de la nature. Cette proposition théorique sera mise en relation avec le rôle de l’adulte comme observateur actif et soutien au développement positif et global de l’enfant. Issue d’un projet pédagogique en formation initiale en enseignement, une grille d’observation sera présentée et des exemples de la façon de documenter le développement global des enfants en nature seront fournis, afin de faciliter le transfert auprès d’enseignants à l’éducation préscolaire.

Notre contribution vise à analyser la gestion de la classe positive et et bienveillante à travers des propositions pédagogiques mises en œuvre par des écoles alternatives (EA) à Valparaíso, Chili, dans des environnements naturels (la forêt, la plage et la campagne). Nous avons utilisé une méthodologie quantitative-qualitative, basée sur un recensement des EA dans la région et ensuite sur la description de leurs formes d'organisation selon quatre dimensions : choix éducatif, projet, profil familial et articulation avec l'environnement. L'émergence des EA coïncide avec le débat sur l'éducation publique. On y trouve des représentations d'une éducation associée au bien-être physique et spirituel des étudiants, plutôt qu'à la performance académique dans des tests standardisés (Navas, et al., 2012). Le bien-être physique et spirituel de l'humain se reflète dans des activités pédagogiques liées à la nature (Castillo-Armijo, 2022) : le lever du soleil, les changements de saisons ou les périodes de semis, de récolte et le yoga. Les propositions sont intégrées dans le curriculum scolaire (Vinasco et al., 2017). Ainsi, à travers le yoga et le lever du soleil, des contenus tels que le mode impératif, les parties du corps et le cycle solaire sont abordés. Les résultats les plus pertinents concernent l'importance des espaces ouverts dans les EA, l'innovation méthodologique et “le droit à l'erreur”, ainsi que le défi pour les universités de s'ouvrir à des modèles éducatifs holistiques.

Le service de garde scolaire offre des activités en soutien au développement positif et
global des enfants. Si tous les enfants sont susceptibles de profiter de ces activités, la
recherche montre que ceux issus de milieux défavorisés en bénéficient encore davantage.
En collaboration avec une école primaire en milieu défavorisé, le but de la recherche était
de documenter le processus de co-construction d’un dispositif de développement
professionnel conçu par et pour le personnel éducateur, et portant sur les attentes élevées
envers la réussite éducative et les pratiques éducatives qui en découlent. Le dispositif est
un outil pour réfléchir à sa pratique et la bonifier en s’appuyant sur des cadres
d’intervention pertinents. Ce projet s’inscrit dans une démarche de co-construction qui
sous-tend la mise en commun de savoirs fondés sur la pratique et la théorie d’une
pluralité d’acteurs autour d’un objectif commun à poursuivre. Pour ce faire, 8 rencontres
ont été réalisées avec des personnels éducateurs et enseignants (n = 14). La participation,
les apprentissages et le soutien offert aux participants ont été évalués à travers des
questionnaires et entretiens. Les résultats mettent en lumière la volonté des acteurs
scolaires d’appuyer le service de garde dans sa mission de soutenir le développement des
enfants. Ce projet invite à réfléchir aux avenues permettant de croiser les savoirs et
d’impliquer le service de garde pour favoriser la réussite éducative des enfants à l’école.

L’engagement scolaire, étroitement lié à la performance et à la persévérance, est un levier essentiel pour la réussite éducative, offrant une vision plus complète de l’expérience de l’élève, sur les plans comportemental, cognitif et affectif. Il est donc essentiel de mieux comprendre comment les différents acteurs qui entourent le jeune, et particulièrement ceux du contexte scolaire, peuvent soutenir l’engagement des élèves, et ce dès leur plus jeune âge. Une recension systématique des écrits a permis d’identifier diverses stratégies d’intervention implantées dans les écoles pour soutenir l’engagement des élèves. Parmi les interventions recensées, certaines s’adressent directement aux élèves en vue de soutenir différentes habiletés telles que les compétences socioémotionnelles ou les stratégies d’apprentissage. L’activité physique durant les activités d’apprentissage gagne également en popularité et semble produire des effets bénéfiques. Outre le développement des compétences des élèves, il est essentiel de renforcer les compétences des enseignants par l’entremise du développement professionnel; soutenir la gestion efficace des comportements et des processus d’apprentissage est indispensable pour engager les élèves. Bien que l’efficacité des différentes interventions puisse varier, la synthèse des données réitère l’importance d’établir un environnement scolaire positif, revêtant des implications majeures pour les intervenants scolaires.

En 2019, un district scolaire francophone du Nouveau-Brunswick a lancé S’entr’Apprendre, une initiative pour transformer six écoles pilotes en environnement d'apprentissage malléable et améliorer l’engagement scolaire des jeunes. Pour étudier ce phénomène, l’équipe du Réseau CompeTI.CA (Compétences en TIC en Atlantique) mène, depuis 2021, une recherche en partenariat avec ce district scolaire pour dégager les facteurs d’engagement des jeunes. Selon le modèle de trois forces de transformation en éducation (Chiasson et Freiman, 2022), cette recherche vise à documenter la mise à l’essai d’approches pédagogiques actives et personnalisées qui invitent les jeunes à créer, valider et réfléchir dans un contexte authentique et signifiant.  Cette présentation portera sur les facteurs d’engagement, en contexte éducatif formel, ressortis lors de l’analyse thématique d’entretiens semi-dirigées avec des jeunes de niveaux scolaires 7-12 de trois écoles pilotes. Les résultats semblent indiquer que le climat de confiance établi par les enseignants donne aux élèves le pouvoir de choisir et de prendre des décisions qui font naître chez eux un sentiment d’appartenance, une volonté de s’impliquer dans leurs apprentissages et un sentiment de compétence. En ressortant les facteurs qui rendent l’élève plus engagé sur le plan cognitif, émotionnel et comportemental, cette recherche permet de mieux comprendre la nature des transformations systémiques orientées vers le développement positif des jeunes.