10 - Inégalités et pauvreté : comment les données probantes peuvent-elles informer les politiques publiques?

Est-ce que le revenu relatif d'une personne a un effet sur son état de santé? Nous développons une approche pour distinguer les effets de changements dans revenus relatifs et absolus sur la santé. La méthode se base sur des changements dans le prix du pétrole. Leur effet sur les revenus relatifs varie dans la population selon la fraction d'une population locale qui travaille dans le secteur. Utilisant des données d'hôpitaux et du recensement, nous investiguons les effets de changement de revenus relatifs sur la santé, notamment la santé mentale.

De multiples sources s’accordent au constat que l’itinérance est en augmentation au Québec, en ville et en région. Après un bref survol des données disponibles, la présentation résumera ce que l’on sait sur les causes sous-jacentes de cette augmentation – pas simplement, en particulier, les hausses du coût du logement, mais les causes de celles-ci. Elle commentera ensuite les coûts à anticiper d’une stratégie à plusieurs volets pour y mettre fin et les contrebalancements à ces coûts auxquels on peut s’attendre. L’itinérance sera présentée comme équivalant à une maladie chronique (parce qu’elle écourte l’espérance de vie et réduit la qualité de vie liée à la santé), justifiant ainsi un volume de dépenses cohérent au moins avec la gravité de son impact sur la santé.

Cette étude a porté sur la survie selon le statut socioéconomique et sociodémographique, et la région géographique des patients atteints d’un cancer du poumon aux stades avancés qui ont reçus géfitinib, un EGFR-ITK, en première ligne de traitement. Les différences dans l’utilisation et le délai de recevoir un EGFR-ITK ont aussi été examinés. Les bases de données administratives du domaine de la santé du Québec ont été consultés pour identifier les patients atteints d’un cancer du poumon aux stades avancés et qui ont reçus géfitinib entre les années 2001 et 2019.  Parmi 457 patients qui ont reçus géfitinib en première ligne, ceux qui habitaient dans les quartiers avec le plus haut niveau de défavorisation matérielle démontraient la plus courte durée de survie médiane. La probabilité de recevoir l’osimertinib comme un deuxième EGFR-ITK était le plus haut pour les patients provenant des quartiers avec les plus hautes densités d’immigrants ou de Montréal. La médiane du délai de recevoir géfitinib était plus longue pour les régions avec des centres de santé périphériques aux grands centres au Québec ou Montréal que les régions avec des centres universitaires. Conclusion : Cette étude démontre des variations réelles dans la survie et le traitement parmi les patients atteints d’un cancer du poumon aux stades avancés dans l’ère des thérapies de pointe et supporte la recherche future sur les inégalités sociales de santé dans cette population.

Ce projet cherche à décrire le lien entre mobilité géographique et mobilité socioéconomique au Québec pour les individus nés entre 1967 et 1985. Premièrement, nous présentons des statistiques descriptives sur la migration des jeunes Québécois, entre autres selon le type de lieu de résidence à l’âge de 16 ans : région métropolitaine de recensement, agglomération de recensement ou région rurale. Nous estimons ensuite la mobilité de rang, une mesure de transmission intergénérationnelle du revenu, indépendamment selon que les jeunes sont restés dans la même région que celle dans laquelle ils ont grandi ou qu’ils ont déménagé. Finalement, nous évaluons l’apport de la mobilité géographique dans la transmission intergénérationnelle du revenu au Québec. Nous constatons que la migration est associée à un avantage en termes de revenu plus élevé pour les jeunes ayant grandi hors des régions métropolitaines. Dans les cohortes nées dans les années 1970 et 1980, ceci est particulièrement vrai chez ceux dont la famille se situe au bas de la distribution du revenu parental.

Même si la concentration de richesse observée au Québec est moindre qu'aux États Unis (elle est similaire à celle au reste du Canada), elle reste forte. Elle pourrait être le résultat d'une très forte concentration de revenus du travail (incluant de l'entrepreneuriat), des différences dans les retours sur l'investissement, ou encore l'accumulation dynastique. Nous combinons des données multidimensionnées avec un modèle à ménages hétérogènes pour déterminer l'importance de ces sources potentielles. Nos résultats suggèrent que les revenus du travail jouent un rôle prédominant pour la concentration dans les plus hauts échelons. Les legs ont un impact important sur l'inégalité de richesse à travers la distribution. Les differences dans les retours sur l'investissements ont moins d'importance.

Les experts de la politique sociale canadienne tiennent généralement pour acquis que les Québécois maintiennent un appui plus élevé envers l’intervention de l’État que les citoyens des autres provinces. Le Québec est l’État-providence le plus généreux en Amérique du Nord, ce qui devrait refléter la volonté populaire. La première partie de cette étude s’appuie sur le seul sondage public récent qui permet de comparer l’appui des Québécois et des Canadiens à une variété de politiques sociales provinciales, en utilisant le sondage Canadian Values and Priorities (Environnics 2020). La deuxième partie de l’étude se base sur un module proposé dans le sondage C-Dem 2023 qui nous permet d’évaluer l’appui relatif des répondants envers leur État-providence en les forçant à effectuer des arbitrages entre différentes priorités. Ces deux sondages nous permettront de vérifier si l’appui des Québécois envers les politiques sociales est plus élevé que dans les autres provinces et d’effectuer des comparaisons interprovinciales de l’impact du revenu individuel, de l’affiliation partisane et de l’identité territoriale sur l’appui aux politiques.

Je considère regrettable l'emphase des recherches actuelles sur les inégalités de revenu et de richesse par rapport aux inégalités de consommation. Ces dernières sont socialement plus pertinentes mais peu étudiées. Or, elles ont considérablement diminué au cours des dernières décennies. Un facteur important est la prise en compte des transferts sociaux en nature qui sont particulièrement importants pour les quintiles inférieurs de revenu. L’accent prépondérant mis sur les inégalités de revenu et de richesse nous donne une image incomplète et même déformée de la réalité des ménages. Cela entretient indûment la perception d’une fracture sociale importante et croissante et exacerbe inutilement les conflits sociaux.