Du mercredi 11 au jeudi 12 mai 2022
Contexte
Ce colloque se situe dans le cadre d’un projet de coopération internationale financé par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) du Québec en partenariat avec l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et l’Agence nationale d’appui au développement rural de Côte d’Ivoire (ANADER). Ce projet porte sur le renforcement des capacités des femmes rurales pour assurer la sécurité alimentaire à travers l’innovation sociale et technologique. Comme le relève un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les femmes constituent la majorité des producteurs agricoles et produisent plus de la moitié des denrées cultivées dans le monde entier (FAO, 2021). De plus, dans de nombreuses régions du monde, les femmes sont responsables de l’alimentation de la famille. Elles assument ce rôle tout en faisant face à des obstacles qui se combinent pour sous-estimer leur contribution. Dans les pays en développement, les femmes ont un faible accès à la propriété foncière, aux financements agricoles et aux innovations technologiques, alors qu’elles sont responsables de plus de 70 % de la production vivrière (FAO, 2021). Différentes innovations agricoles sont mises en œuvre par les gouvernements des pays en développement afin d’assurer une agriculture durable et une sécurité alimentaire. Cependant, il y a très peu d’amélioration technique et la productivité ne s’améliore pas de manière significative. Par ailleurs, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il existe un risque de « pénurie alimentaire » sur le marché mondial à cause des perturbations liées à la COVID-19 dans le commerce international et les chaînes d’approvisionnement alimentaire (Le Quotidien, 2020). Dans ce sens, le rapport de la FAO sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde de 2021 souligne la nécessité d’une réflexion plus approfondie sur la manière de mieux répondre à la situation mondiale de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
Objectif du colloque
En s’inscrivant dans le contexte actuel de la pandémie de la COVID-19, ce colloque vise une meilleure compréhension des principaux moteurs des changements récents en matière de sécurité alimentaire et d’agriculture durable dans le but d’élaborer un corpus de connaissances qui permet d’accroître les capacités des femmes à assurer la sécurité alimentaire en contexte de COVID-19.
Lire la suite »Avant-midi
Cette conférence présente les résultats de la mise en place d’un site de culture hydroponique de produits maraîchers (tomates et aubergines) auprès d’un groupement de femmes de la communauté de Tieviessou Pi en Côte d’Ivoire. Le projet financé dans le cadre de la coopération Québec - Côte d’Ivoire et mis en œuvre par l’Université du Québec à Chicoutimi en partenariat avec l’ANADER de Côte d’Ivoire vise à favoriser de nouvelles activités génératrices de revenus. La mise en œuvre du projet ainsi que les formations et l’évaluation des compétences des femmes seront présentés.
La situation peut paraître paradoxale. D’un côté, à quelques exceptions près, tous les indicateurs de développement révèlent que les femmes vivant en milieu rural africain sont plus vulnérables que les hommes face à des situations critiques associées à une crise ou au changement climatique et qu’elles sont affectées de façon disproportionnée par la pauvreté. De l’autre, en situation de grande fragilité́ ou pire d’insécurité chronique, comme au Sahel, au nord du Nigeria, en Centrafrique, dans les Grands Lacs ou à Madagascar, ce sont elles qui sont le plus amenées à consacrer leur travail à l’alimentation, à la santé, à l’éducation contribuant de la sorte à l’atténuation de la gravité de la situation et à la recherche de solutions. On le constate : les changements interviennent quand les paysannes en viennent à occuper un rôle croissant dans des activités génératrices de revenus monétaires qui leur confèrent une certaine autonomie. Autrefois très structurantes, les relations lignagères sont de plus en plus mises en question, voire disqualifiées par la capacité d’organisation des femmes, par l’ouverture des marchés et par les modes de communication (radio, téléphone) ouvert sur l’extérieur.
La pandémie de la COVID-19 a eu des effets importants sur la sécurité alimentaire en milieu rural au Burkina Faso et Sénégal. Un déséquilibre important existe ici entre femmes (F) et hommes (H) en termes de rôles, accès et pouvoir sur les ressources. Le projet visait à comprendre si et comment la quête de résilience alimentaire pendant la pandémie offrirait aurait déstabilisé ces relations de pouvoir F-H et quelles opportunités cela pourrait offrir. À travers des ateliers d’analyse participatives (80 H et 80 F) et 230 entrevues semi-dirigées, il est ressorti que les femmes ont été les piliers de la résilience alimentaire. Avec des solutions créatives et informelles, elles ont contourné les mesures sanitaires et assuré la survie de leur ménage. Les hommes confinés à la maison, ont été exposés davantage aux tâches habituellement portées par les femmes. Les hommes reconnaissent la contribution clé des femmes dans la sécurité alimentaire pendant la crise. Cette situation ouvre une porte pour une reconfiguration des relations de pouvoir sur le long terme. Afin d’accompagner cette évolution, seront importants : (1) l’appui aux institutions, réseaux et organisations de femmes pour renforcer le leadership des F dans la quête de rapports plus égalitaires ; (2) la sensibilisation des acteurs et des décideurs politiques dans les domaines économiques et agricoles afin de favoriser l’accès aux ressources par les F (terre, intrants, formations, finance).
Il est bien établi que les conflits, la COVID-19 et les changements climatiques ont aggravé l’insécurité alimentaire dans le monde. Les femmes semblent être les plus touchées par ces crises. En effet, lorsqu’on considère le cas du Burkina Faso qui est attaqué depuis 2016 par des groupes armés faisant ainsi plus de 1.500.000 personnes déplacées internes, 53% sont des femmes. Malgré une mobilisation des organisations humanitaires ainsi que le gouvernement burkinabé pour apporter de l’aide alimentaire et les besoins de base, la situation demeure problématique pour ces femmes. Le but de ce papier est de faire une investigation de la situation de sécurité alimentaire pour ces femmes déplacées internes (FDI) dans les régions les plus touchées par ces attaques armées (Centre-Nord, Est, Nord et Sahel) et leurs capacités de résilience dans les localités d’accueil en utilisant une analyse statistique et qualitative. Les données quantitatives proviennent du SP/CONASUR. Nous analysons des rapports et des discours pour l’analyse qualitative. Nos résultats préliminaires confirment une aggravation de l’insécurité alimentaire des FDI et cela amène certaines femmes à échanger du « sexe contre l’aide alimentaire » pour nourrir leurs enfants. Ces FDI mènent aussi plusieurs activités générant des revenus dans les localités d’accueil.
En Côte d’Ivoire, l’agriculture locale contribue à la sécurité alimentaire des populations en fournissant des aliments sains, nutritifs et culturellement acceptables. Les femmes rurales sont les principales productrices des cultures vivrières qui représentent une part importante de la consommation alimentaire. Néanmoins, force est de constater que ces femmes sont confrontées à une sécurisation foncière précaire en raison de plusieurs facteurs dont la coutume. Cette difficulté d’accès et d’acquisition de la terre, empiètent sur les rendements agricoles, leurs revenus et les prix des denrées alimentaires.
À cette situation préoccupante, se sont ajoutés de nouveaux paradigmes notamment les effets néfastes des changements climatiques sur l’agriculture et la pandémie de la Covid-19. Les perturbations des chaînes d’approvisionnements alimentaires mondiales et le confinement dues à la pandémie, ont démontré la nécessité de renforcer la production locale pour se préparer aux futurs chocs en améliorant la protection des femmes.
Cette communication orale exposera d’une part, l’état de la sécurisation foncière des femmes à travers l’évolution juridique du foncier rural en Côte d’Ivoire et l’impact sur la sécurité alimentaire. D’autre part, nous proposerons des pistes de solutions pour rendre plus effective la sécurisation foncière des femmes afin de contribuer à la sécurité alimentaire à l’ère de la Covid-19.
Des femmes de Sékou s’efforcent d’assurer l’alimentation familiale par les produits de l’exploitation d’une parcelle de terrain cédée par leur mari, auxquels s’adjoignent parfois ceux de leur petit commerce. Mais la marchandisation des terres, à la suite des migrations récurrentes et le renchérissement des prix dans le contexte Covid, limite ces activités. L’exigüité des terres dans le cadre de leur transmission agnatique pose aussi les problèmes de l’héritage des filles et de la faveur « maritale » pour l’exploitation d’un lopin de terre. Les femmes de Sékou ont alors développé des groupements pour cultiver des terres des tiers selon diverses modalités, révélant leur capacité d’innovation.
La présente recherche part de la problématique de l’inaccessibilité des terres par les femmes pour s’interroger sur les dynamiques communautaires qui peuvent apporter des réponses à l’insécurité alimentaire. Adoptant une démarche inducto-déductive, elle vise à analyser les stratégies de « contournement » de l’inaccessibilité des terres par les femmes et d’expliquer comment ces stratégies contribuent à réduire l’insécurité alimentaire.
La recherche ciblera Sékou pour des entretiens individuels et de groupe, puis des observations. Les données traitées renseigneront la capacité novatrice de résilience des femmes face à l’insécurité alimentaire et ses limites dans la transformation de leur statut.
Mots clés : accès à la terre, sécurité alimentaire, organisation de femmes, contournement, Sékou.
Après-midi
Ce projet de recherche visait à comprendre l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires sur les quatre piliers de la sécurité alimentaire (SA) en milieu rural, leurs effets sur les relations de pouvoir entre les femmes (F) et les hommes (H) et l’étendue de ceux-ci sur les échanges alimentaires transfrontaliers. À travers 230 entrevues semis-dirigées (52 % F) et des activités participatives menées avec 80 F et 80 H, nous trouvons que les mesures sanitaires ont eu des impacts sur tous les piliers de la SA et surtout chez les F. Pour la disponibilité, les produits agricoles et même pour les besoins de la maison deviennent limités dans toutes les localités. L’accès réduit, surtout pour les graines et les marchés, est aussi mentionné par tout le monde. À cause des pertes de revenu et des marchés fermés, les femmes ne sont pas capables d’acheter la nourriture. Celles-ci se privent plus souvent pour nourrir leurs familles. Les restrictions mises en place n’ont pas bloqué complètement la circulation des gens et des biens, avec beaucoup plus de contraintes. Il est recommandé lors de futures pandémies que les mesures sanitaires soient mieux adaptées aux réalités de la SA de chaque pays pour limiter l’impact sur la SA des populations rurales. Cela inclut la mise en place de mesures sélectives permettant la circulation et commercialisation des biens et services agricoles et alimentaires. Le support des femmes pour l’accès aux produits et aux marchés devient une priorité.
Le présent travail est une étude exploratoire qui vise à analyser et à comprendre les avis et
les perceptions des femmes piscicultrices de Daloa face aux actions innovantes d’adaptation au
changement climatique. Elle se situe dans le cadre de la problématique du changement
climatique, de ses enjeux et de la préservation des ressources naturelles. L’étude s’appuie sur
une recherche documentaire et une enquête sur le terrain.
Les enquêtes ont porté sur les femmes productrices de poissons dans la zone de Daloa, ville
en Côte d’Ivoire, d’Avril à Juillet 2021. Les résultats montrent que 62,5% des femmes
enquêtées ont un niveau inférieur au secondaire. Les données ont révélé que 85,7% des
piscicultrices n’ont jamais reçu de formation en pisciculture. Aussi, il est noté que 82,5%
d’entre elles ont une idée assez vague et limitée du changement climatique et de la valeur des
mesures d’atténuation à adopter.
De cette analyse, il ressort que les femmes ont un besoin crucial d’informations et de
formations sur le changement climatique mais surtout sur les approches multisectorielles qui
ont révolutionnées le monde agricole.
En Côte d’Ivoire, l’utilisation des technologies traditionnelles pour l’étuvage du riz a conduit à la production de riz étuvé de mauvaise qualité. Pour palier cette insuffisance, un transfert de technologie d’étuvage amélioré GEM (Grain quality enhancer, Energy efficient and durable Material) développé par AfricaRice a été initié depuis 2017 à travers des projets de développement. Une analyse des activités de trois groupements d’étuveuses de riz bénéficiaires du GEM à Bouaké, Daloa et Odienné en Côte d’Ivoire a été réalisée à travers des enquêtes en focus groupe et des enquêtes individuelles d’étuveuses et de collecte de prix de riz étuvé sur les marchés. L’étude montre que la diffusion de la technologie GEM a permis d’améliorer la qualité du riz étuvé et d’augmenter le revenu des étuveuses. En effet, les étuveuses qui utilisent la technologie GEM gagnent au moins 59000 FCFA de plus sur chaque tonne de riz paddy étuvé que celles utilisant le système d’étuvage traditionnel. En d’autres termes, le rapport Bénéfice/Coût indique que pour 100 FCFA investis dans l’étuvage GEM, le bénéfice est de 30 FCFA contre 3 FCFA pour le système d’étuvage traditionnel. Vu le potentiel de cette nouvelle technologie et l’engouement des femmes pour son utilisation, l’Etat devrait intensifier les actions de son transfert dans toutes les zones productrices de riz étuvé dans le pays.
Avant-midi
La population du Tchad est estimée à 15.833.116 de personnes. Cette population est composée de 8 133 409 hommes contre 7 699 707 de femmes soit respectivement 48,63% et 51,37%. Cette population est faiblement alphabétisée. Les hommes alphabétisés représentent 31, 3% contre 14% de femmes. Seule la moitié des femmes participent à la population active, contre 73 % des hommes. Cette moitié pratique en général des Activités Génératrice de Revenus (AGR) pour subvenir à ses besoins et de ses enfants. Parmi ces nombreuses AGR on compte le commerce de poissons frais que pratiquent de nombreuses femmes dans les différents marchés de Ndjamena. Mais l’avènement de la covid-19, avec ses nombreuses mesures barrière et particulièrement le confinement qu’elle a entrainé, a eu un impact considérable sur leur circuit de commercialisation.
A partir d’une méthodologie basée sur les enquêtes, les observations directes et ce travail analyse les impacts de la COVID-19 sur les AGR des femmes au Tchad à travers celles de marché de poissons.
La contribution des femmes est souvent sous-estimée dans la dynamique urbaine. Cette étude dévoile la participation des femmes à l’approvisionnement de Ouagadougou en produits vivriers (fruits, légumes, céréales) malgré les contraintes liées aux nombreuses mesures-barrières prises contre la COVID-19 au Burkina Faso, notamment la fermeture des grandes villes et des frontières terrestres.
Cet article vise à comprendre les rôles et défis spécifiques des femmes travaillant dans la commercialisation des produits vivriers à Ouagadougou en contexte de COVID-19.
Une approche qualitative et participative a été utilisée. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été menés auprès de vendeuses de fruits, légumes et céréales et auprès de quelques consommateurs·trices. Les entretiens ont été enregistrés avec l’accord des participant·e·s, ensuite transcrits intégralement et analysés grâce au logiciel QDA-Miner.
Les résultats montrent que la fermeture des frontières terrestres pendant plus d’une année a causé des difficultés de ravitaillement de produits de première nécessité, entrainant périssement des fruits et légumes, rupture des denrées alimentaires sur le marché suivi de l’inflation des prix des produits alimentaires. Les femmes ont enregistré d’énormes pertes, et les consommateurs·trices urbain·e·s se sont retrouvé·e·s en situation d’insécurité alimentaire.
Dans un contexte de déforestation de la Côte d’Ivoire (Entre 1960 et 2017, le couvert forestier de la Côte d’Ivoire a reculé, passant de 12 millions d’hectares à moins de 3 millions) la conversion des résidus en briquettes de bio-charbon participe directement à la réduction de la pression sur les forêts. Le biochar qui est un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse, est utilisé en agriculture pour augmenter la productivité des sols ; il agit pour réhumifier les sols, améliorer la rétention d'eau et stimuler le système immunitaire des plantes. Il permet ainsi de réduire considérablement l’utilisation des engrais chimiques dangereux dans le pays.
La transformation des résidus de cacao en biochar et briquettes de bio-charbon peut se faire par des technologies semi-artisanales accessibles aux agricultrices, ce qui représenterait ainsi une opportunité de diversification de leurs activités avec pour enjeu majeur leur autonomisation : le compte d’exploitation d’une telle activité génère un bénéfice dès la fin de la première année, à partir de 10 tonnes de résidus convertis.
Au vu de l’ensemble de ses enjeux environnementaux et socio-économiques, la valorisation des résidus de la filière cacao ( cabosses surtout) en biochar et briquettes de bio-charbon par des femmes agricultrices pourrait présenter des perspectives intéressantes, si les pouvoirs publics leur apporte un double appui financier et technique.