Du mardi 10 au mercredi 11 mai 2022
Les répercussions de la pandémie de SARS-CoV-2 sur la société, en général, et sur le système de santé, en particulier, sont sans précédent. La capacité du système et de ses acteurs à maintenir des soins sécuritaires et de qualité a été mise à l’épreuve. Parallèlement, la pandémie a catalysé plusieurs transformations dans la manière dont les soins de santé sont pensés, organisés, offerts et reçus. Une bonne portion des stratégies envisagées ou implantées pour accompagner ces changements incluent des technologies de l’information (TI). Le potentiel de ces dernières ne peut être minimisé : les TI peuvent contribuer à l’échange d’information et au maintien de relations à distance en plus de soutenir l’offre de soins et services, ainsi que leur administration, tout en réduisant les risques de contagion et l’utilisation d’équipement individuel de protection et en sortant certains acteurs de leur isolation. Que ce soit dans le but de prévenir des éclosions dans les établissements clés ou de minimiser les conséquences des mesures de distanciation, ces technologies ont été mobilisées, déployées, adaptées ou recréées de toutes pièces.
Il importe de faire le point sur cette utilisation des TI en contexte de pandémie et de réfléchir aux enjeux éthiques, méthodologiques et cliniques de leur implantation, de même que leurs incidences sur les procédures, les partenariats ainsi que les flux et charges de travail, entre autres. Cette réflexion est d’autant plus cruciale que les changements encourus risquent de perdurer au-delà de la pandémie. Elle devrait aussi tenir compte de l’expérience de tous les acteurs concernés, y compris les fournisseurs et développeurs de ces TI, les administrateurs et professionnels de différentes spécialités et domaines de la santé, les personnes qui ont été atteintes de COVID-19, les personnes aux prises avec des questions de santé ponctuelles ou aigues durant la pandémie et les patients vivant avec des conditions chroniques, ainsi que les proches et familles de ces acteurs.
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Remerciements
Nous voudrions remercier les Instituts de recherche en santé du Canada et l'Unité Soutien - Québec pour leur financement de ce programme. Nous voudrions aussi remercier tous les patients qui ont participé à son organisation et sa présentation.
Avant-midi
Avec la pandémie de COVID-19, les services cliniques ont du revoir leur manière de fonctionner. Le service de radio-oncologie du Centre universitaire de santé McGilll a utilisé Opal, un portail patient, pour redéfinir les flux de patients et la gestion des salles d'attente pour minimiser le risque d'éclosion au sein du service. Nous présenterons les points clé de cette stratégie et l'attitude des patients par rapport à ces changements.
Ce projet est lié au programme de recherche Techno-COVID-Partenariat du CHUM. En mars 2020, la direction générale du CHUM a mis en œuvre différentes innovations technologiques et sociales au service des patients et des équipes de soins pour limiter les contacts physiques entre professionnels de la santé et patients. L’objectif de cette étude a été d'analyser les perceptions des professionnels de la direction des services multidisciplinaires (DSM) du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) sur la téléconsultation, d'identifier les conditions associées à la pertinence de la téléconsultation pour ces professionnels et de proposer des recommandations sur les leçons apprises et la place que devrait prendre la téléconsultation dans la pratique des professionnels de la DSM. Le devis mobilisé a été une étude de cas qualitative descriptive, exploratoire et rétrospective, basée sur l’analyse de 16 entrevues individuelles semi-structurées réalisées avec les professionnels qui ont recouru à la téléconsultation durant la COVID-19. Elles ont fait l’objet d’une analyse de contenu selon une approche thématique émergente. Les principaux bénéfices perçus ont porté sur l’amélioration de la continuité des soins, une meilleure adhésion aux traitements, et une personnalisation des soins via l'accès au milieu de vie des personnes. Les barrières les plus importantes ont été le réseau internet et l’augmentation de la charge de travail.
La pandémie au COVID-19 a eu un impact considérable sur l’organisation des soins et des services de santé au Québec. L’ensemble du réseau a reçu un véritable électrochoc, lequel a démontré l’ampleur des changements à apporter. Depuis les dernières décennies, le réseau de la santé a connu plusieurs réorganisations dans ses structures. Chacune de celles-ci entraînaient un modèle de fonctionnement « en réseau » par le regroupement des établissements. De plus, la vision populationnelle et la nécessité d’intégrer le patient comme partenaires à l’équipe de soins, se sont imposées. Bien que la télésanté soit reconnue pour faciliter la mise en réseau, l’accessibilité et la continuité des soins et services, celle-ci est malheureusement encore sous-utilisée. Il s’avère que la crise sociosanitaire, engendrée par la pandémie, a confirmé l’obligation d’intégrer cette modalité dans l’ensemble de l’offre de soins et de services en santé au Québec. La présentation fera un bref survol des leçons apprises, des changements apportés et des actions à poser pour que la télésanté apporte de la valeur au réseau de la santé, lequel est en reconstruction. Référence pertinente : telesantequebec.ca
Les patient(e)s ayant des besoins de soins complexes ayant un faible niveau de littératie numérique en santé ont du mal à trouver des informations fiables, faciles à lire/écouter/regarder. La pandémie COVID-19 a mis en exergue les risques de mésinformation et désinformation. L'amélioration de la littératie numérique peut accroître la participation aux soins et la santé, et réduire les inégalités informationnelles et l'utilisation des services. Objectif : décrire la facilité d'utilisation, les avantages et les dommages d'une intervention visant à améliorer le niveau de littératie numérique en santé des patient(e)s. Cette étude de cas multiples est fondée sur un cadre conceptuel des effets de l’information. Un site web innovant a été développé par des expert(e)s en sciences de l’information et en design centré sur l’usager (www.healthsanteinfo.ca). Cinq patient(e)s ayant un faible statut socio-économique ont été recruté(e)s et reçu l'intervention . Les données avant/après l'intervention ont été analysées (statistiques descriptives): contexte et effets. L'expérience vécue des cinq participant(e)s concernant l'intervention a été décrite avec des entretiens, observations et documents, en termes de facilité d'utilisation, d'avantages et d'inconvénients potentiels. Les résultats quantitatifs et qualitatifs seront intégrés et comparés pour améliorer l'intervention. Les résultats seront présentés et discutés lors de la conférence.
L’incontinence urinaire (IU) touche jusqu’à 1 femme sur 3 après 65 ans. Le traitement de première ligne est la rééducation périnéale mais encore peu de femmes en bénéficient. Le programme GROUP a été reconnu efficace et son approche de groupe pourrait aider à augmenter l’accès aux soins. Avec la pandémie, des options à distance pourraient être explorées. Objectifs: 1) Évaluer la faisabilité et l'acceptabilité de l'adaptation en ligne du programme (téléGROUP) chez les femmes âgées; 2) Évaluer ses effets sur les symptômes d’IU et la qualité de vie. Devis: Étude pilote pré-post à méthode mixte. Les participantes prendront part aux 12 séances hebdomadaires du programme téléGROUP, et auront un programme d’exercices et de maintenance. Pour mesurer la faisabilité, la physiothérapeute rapportera: La participation ; L’intégrité des éléments du programme ; L’adhérence aux exercices ; Les effets secondaires. Après 6 mois, les participantes rapporteront leur adhérence. Pour mesurer l’acceptabilité, les participantes rempliront le System Usability Scale (SUS) et participeront à un groupe de discussion et des entrevues. L'efficacité de téléGROUP sera évaluée à la fin du programme et après 6 mois à l'aide de mesures et de questionnaires validés de symptômes et de qualité de vie. Nos conclusions guideront le développement de plus larges études sur le traitement de l'IU et la rééducation périnéale en ligne, pour ultimement améliorer l'accès aux soins en période de pandémie et au-delà.
L'accès à des informations fiables sur les traitements antirétroviraux est essentiel pour faciliter une meilleure autogestion chez les personnes vivant avec le VIH, en particulier pendant la pandémie de COVID-19. Utilisant l’intelligence artificielle, nous avons développé un Chatbot bilingue anglais-français appelé MARVIN (Minimal AntiretRoViral INterference) qui communique via Facebook Messenger pour fournir aux patients des informations sur leurs antirétroviraux. Suivant une approche de conception participative, les patients, leurs soignants, les développeurs et les chercheurs ont été impliqués dans les étapes clés du développement : l’identification des besoins, l’évaluation des paramètres de conception, la constitution d'un corpus de questions-réponses validées par des experts, la validation du prototype et son amélioration continue ainsi que l’établissement de mesures de confidentialité. Le projet a démarré au début de 2020, impulsé par la pandémie. Le premier prototype a été achevé en août 2020. Ensuite, un essai clinique pilote d'utilisabilité avec 30 participants a été réalisé. Parallèlement, nous avons collaboré avec le Centre de génomique et politiques de l'Université McGill sur les politiques de confidentialité. L’engagement des acteurs est essentiel pour améliorer la fiabilité technique, la confidentialité, l’utilisabilité et l'acceptation du produit par les utilisateurs lors de l’implémentation finale.
Avant-midi
L’épidémie mondiale de COVID 19 présente deux facettes. La première est celle d’une maladie avec un taux de mortalité et d’hospitalisation significatif mais pas particulièrement élevé en soi mais surtout la seconde est celle d’un défi populationnel compte tenu du nombre potentiel de personnes touchées. L’épidémie de COVID étiat donc tant une menace pour les personnes que pour le système de santé comme l’ont démontré l’impact dans certains pays à l’infrastructure sanitaire fragile.
L’assistance publique qui représente les hôpitaux universitaires d’Ile de France et les médecins libéraux se sont unis pour créer en une semaine un outil de télésurveillance dédié au COVID associé à une plateforme médicalisée d’orientation et de régulation. Plus de 5000 volontaires ont été formés 7/7 à la télémédecine et ont œuvre sur cette plateforme pendant 2 ans permettant ainsi de proposer une télésurveillance médicalisée quotidienne voire biquotidienne à plus de 2.8 millions de personnes en Ile de France avec un impact diirect sur les taux de passage aux urgences et une très forte acceptation des patients et des médecins.
La plupart des personnes atteintes de la COVID-19 doivent s’isoler à domicile, limitant l’accès aux soignants. L’intervention Opal-COVID fournit à ces patients de l’information, et des outils d’auto-gestion et de communication avec les soignants via un portail patient. Une étude de faisabilité a été réalisée avec 50 patients. Nous présentons ici les bénéfices et risques perçus par les acteurs de l’intervention, ainsi que leurs recommandations. Des entrevues semi-dirigées ont été conduites avec des patients (n=27), des soignants (n=5), des administrateurs (n=4), et des fournisseurs de technologie (n=2). Les risques perçus incluent : des attentes irréalistes, des biais/difficultés dans l’auto-évaluation des signes et symptômes et leur évaluation par les soignants et l’omission du matériel éducatif. Les bénéfices perçus incluent : le maintien d’une connexion patient/soignant adaptée, l’accès à une information fiable et pratique et un soutien réactif. Les recommandations mettent de l’avant le besoin de renforcer les partenariats de soins, de clarifier les responsabilités respectives des patients et soignants et de tenir compte de la réappropriation de l’intervention par les patients. L'implantation d’Opal-COVID a été généralement bien accueillie et a entraîné l’émergence d’un modèle de soins. Il faut toutefois établir et maintenir des partenariats et une communication claire et efficace pour assurer la sécurité des patients.
Au Canada, l’orientation vers les TI est une réalité, cependant cette trajectoire n’est pas unanime. La pandémie COVID-19 a dénudé plusieurs paliers phares. Les communautés autochtones font face à plusieurs freins. Cette fracture pourrait avoir un impact négatif sur leur capacité à bénéficier des bénédictions de la télémédecine en temps de crise et pourrait miner le développement ainsi que la croissance économique. De même les entrepreneurs autochtones font face à des difficultés considérables. Plusieurs communautés soulignent multiples contraintes comme la mauvaise qualité du réseau internet, l'éloignement géographique, mais aussi la langue. Or le contexte de pandémie pousse à réfléchir aux enjeux de leur implantation dans les communautés autochtones éloignées. Le but serait de trouver des solutions concrètes afin d’avancer dans ce processus de digitalisation. Une multitude de solutions informatiques doivent être mise à la disposition des communautés, établissements de santé, des prestataires de soins, des patients et de la population. Il est temps de trouver des solutions adaptées pour accompagner les centres de santé locaux, fournir des systèmes d’information permettant la gestion des dossiers informatisés, des résultats de laboratoire et d’imagerie médicale. Il est temps de développer les différentes formes de télémédecine, dont la téléconsultation, la téléradiologie et les télésoins à domicile, pour les patients géographiquement isolés ou en perte d’autonomie.
La pandémie de COVID-19 a amplifié les enjeux de santé mentale. En réponse, notre équipe a adapté et évalué une intervention d’éducation basée sur le modèle Recovery College (RC). Offerte par le Centre d’apprentissage Santé et Rétablissement, elle permet à des apprenants de profiter d’activités de formation gratuites traitant de santé mentale, de rétablissement et de mieux vivre-ensemble, basées sur des principes de mixité, de pédagogie active, de coconstruction, de coapprentissage et d’intégration de différents types de savoirs. Objectif : Adapter le modèle RC en format court et en ligne et en évaluer les retombées. En collaboration avec les partenaires, l’équipe de recherche a évalué les retombées via un devis de recherche quasi-expérimental à mesure répétée pré-test post-test. Quatre enjeux principaux en lien avec l’adaptation et l’implantation du nouveau format ont été rencontrés et seront présentés avec des stratégies pour y remédier. Des résultats préliminaires ont été obtenus auprès de 59 participants. Ils démontrent une amélioration de l’autogestion, une réduction des attitudes stigmatisantes, une protection contre l’augmentation du niveau d’anxiété et une diminution de l’utilisation des services de santé. Ces résultats laissent présager que le format court et en ligne amène des bénéfices similaires à ceux du format présentiel. Ce type de formation représente une façon novatrice et accessible de prendre soin de sa santé mentale en contexte de pandémie.
Le conférencier partagera les résultats d’une étude réalisée au sein du service de radio-oncologie du CHUM durant la pandémie de COVID-19. Les principaux objectifs consistaient à 1) analyser les perceptions des radio-oncologues ainsi que leurs comportements en lien avec la téléconsultation; 2) identifier les conditions associées à la pertinence de la téléconsultation en radio-oncologie post pandémie; et 3) émettre des recommandations visant à assurer la pérennité de la téléconsultation propre au domaine de la radio-oncologie. Des données qualitatives et quantitatives ont été colligées puis analysées afin d’atteindre les objectifs de recherche susmentionnés.
En 2020-2021, notre équipe a mis sur pied une intervention visant à impliquer des patients dans les ateliers de discussion d’un cours du doctorat de 1er cycle en médecine à l’ULaval, où les étudiants sont amenés à délibérer à propos d'enjeux légaux, éthiques et moraux. Dans le cadre de notre intervention, les patients étaient invités à contribuer en apportant des points de vue ancrés dans leur vécu de la maladie et du système de santé. À l’hiver 2020, en raison de la pandémie de COVID-19, cette intervention a dû s’ajuster en mode virtuel. Cette présentation expose les leçons tirées du basculement en ligne de notre intervention : 1) Les injustices épistémiques et les enjeux de pouvoir en éducation médicale ; 2) Les inégalités numériques et la participation inclusive des patients ; 3) Le développement de liens significatifs entre les personnes et d’un sentiment d’appartenance au projet ; 4) La compensation financière offerte aux patients ; 5) La confidentialité des informations/expériences partagées ; 6) Les avantages de la participation en ligne. La réflexion proposée nous apparaît primordiale alors que les TI constituent le principal moyen d'interagir, de participer et d'apprendre en santé en contexte de COVID-19 et que le maintien d’une participation inclusive et significative des patients dans un tel contexte a le potentiel de promouvoir des apprentissages fondamentaux chez les étudiants et de contribuer à la réduction des injustices épistémiques en éducation médicale.
En temps de COVID-19, la création de plusieurs plateformes de télémédecine gratuites ou payantes au Marco a permis aux patients de contacter des spécialistes rapidement et efficacement. Ces plateformes s’avéraient utiles aux citoyens atteints de pathologies chroniques. Majoritairement, ces contacts étaient sous forme de questions (écrites/orales), entre le patient et le praticien. Il parait évident le creux entre éthique clinique et pratique de téléconsultation. Comment un praticien parviendrait à établir un l’équilibre entre non-malfaisance et bienfaisance, alors qu’il réalise une téléconsultation sous forme d’interrogatoire avec un patient qu'il ne connait pas, donc avec insuffisamment de données lui permettant de prendre la bonne décision? De plus, cet interrogatoire est réalisé sans la présence d’un professionnel au côté du patient. Comment parvenir à l’égal accès au soin de télémédecine entre citoyens (citadin/rural, illettré/lettré, riche/pauvre) alors que le taux d’analphabétisme est de 32%, de pauvreté est de 45%. Certains citoyens ne pourront utiliser la télémédecine pour des raisons technologiques, d’autre pour des raisons financières…Les déserts médicaux sont également parmi les entraves à l'implantation de la télémédecine au Maroc, malgré le déploiement dans plusieurs villages permettant aux populations de ces zones d’avoir un accès à une consultation médicale. Ces zones se trouvent toujours loin d’avoir un accès régulier aux consultations de « bobologie ».
Élaboré en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement et le CIDIS Centre Interdisciplinaire de Développement International en Santé, le projet SanDi est la première phase du déploiement combiné d’infrastructures d’énergie solaire et de télésanté dans les centres de santé de référence et communautaires du Mali afin de répondre aux défis sanitaires. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les faiblesses du système de santé, à savoir (i) le manque de ressources financières et humaines, (ii) la capacité institutionnelle et les infrastructures limitées et (iii) la faiblesse des systèmes d'information sanitaire, y compris au niveau communautaire. Ces faiblesses peuvent toutefois être répondues par le déploiement de technologies de l’information. Nous présentons tout d’abord un état des lieux de la place du numérique dans les systèmes de santé et les modèles d’évaluation déjà mis en œuvre au Mali. Nous abordons les défis liés au cadre légal et juridique malien entourant le déploiement des technologies de l’information en contexte médical, ce qui permet d’identifier les bonnes pratiques et leçons apprises en termes d'enjeux légaux, juridiques et éthiques de la santé digitale, en particulier dans un contexte où les ressources et infrastructures de santé sont mises à rude épreuve en raison de la pandémie. Nous conclurons par une présentation d'outils permettant d’évaluer l’appropriation de ces outils technologiques par les professionnels de la santé.