462 - Colloque du Groupe de recherche et d’intervention auprès des enfants vulnérables et négligés : les défis de la parentalité

Cette étude longitudinale porte sur l’adaptation de jeunes adultes ayant été exposés à des difficultés familiales en enfance, notamment des traumas relationnels. Le cadre conceptuel, les hypothèses et les résultats sont traités sous l’angle des traumas complexes. Une attention particulière est portée sur les liens entre les expériences familiales de ces jeunes adultes lorsqu’ils étaient enfants, et leur effet à court (enfance) et plus long terme (âge adulte). L’étude est constituée de 70 participants issus de milieux socioéconomiques défavorisés et leurs mères. À l’enfance, les caractéristiques familiales ont été étudiées par le biais de questionnaires (p. ex., traumas vécus par le parent, caractéristiques psychologiques du parent, comportements de violence ou de négligence à l’égard de l’enfant) et par le biais de méthodes observationnelles (p. ex., qualité des interactions parent-enfant). Au début de l’âge adulte, l’adaptation a été évaluée par le biais de différents questionnaires sur les traumas vécus au cours de la vie, les habiletés de régulation émotionnelle, les symptômes traumatiques, les difficultés dans les capacités du soi et la mentalisation.  Le recours à une multitude d’instruments permet notamment d’opérationnaliser et d’évaluer le concept de traumas complexes auprès des jeunes adultes et de leurs parents et d’évaluer dans quelle mesure il y a transmission de ceux-ci d’une génération à l’autre.

Le sommeil occupe environ 40% de la journée d’un enfant et il devrait faire l’objet d‘autant d’attention que l’alimentation et l’exercice physique, d’autant plus qu’il entretient des liens étroits avec la santé mentale. Toutefois, au sein de plusieurs familles, le sommeil est associé à de nombreux défis. À travers cette présentation, nous apprendrons pourquoi le sommeil est important et comment certaines interventions peuvent contribuer à améliorer le sommeil des enfants et les interactions familiales. L’interaction entre les aspects physiologiques, psychologiques et environnementaux liés au sommeil seront présentés.

L’orientation mentale maternelle (OMM) réfère à la capacité du parent à interpréter et commenter avec justesse les états mentaux de son enfant. Des études démontrent que l’OMM est associée à la sécurité affective et une meilleure régulation émotionnelle de l’enfant. Malgré ces effets positifs, peu d’études s’intéressent aux facteurs prédictifs associés à cette capacité parentale. L’objectif est donc d’examiner la contribution d’antécédents maternels théoriquement liés à l’OMM, soit l’attachement maternel, ses cognitions et le stress psychologique. Cette étude s’inscrit dans une recherche longitudinale plus vaste menée auprès de mères à risque modéré sur le plan psychosocial. L’échantillon se compose de 102 dyades mères-enfants (âge moyen 21,66 ans). L’attachement maternel au 2etrimestre de grossesse ainsi que les cognitions (sentiment d’auto-efficacité et impact parental) et le stress psychologique à 4 et 8 mois sont évalués via un questionnaire autorévélé. L’OMM est mesurée par observation lors d’une interaction mère-enfant en contexte de jeu libre à 8 mois. Les résultats d’analyse de régression linéaire hiérarchique indiquent que la sécurité d’attachement et les cognitions des mères contribuent de façon significative et indépendante à l’OMM. Ce modèle explique 12,8% de la variance en contrôlant pour le revenu familial. Ces résultats permettent d’identifier les facteurs expliquant les différences individuelles de l’OMM, et plus largement, de la mentalisation parentale.

Les enfants dont le père présente de la dépression ou de l’anxiété ont plus de risque de développer des comportements intériorisés. Cependant, les mécanismes par lesquels cette transmission a lieu sont peu connus. Barker et al. (2017) proposent trois facteurs médiateurs de la transmission de la dépression du père à l’enfant: la parentalité (incluant les interactions père-enfant), la santé mentale de la mère, et la qualité des relations de couple (particulièrement les conflits). 

Dans cette étude, nous nous intéressons aux trois médiateurs impliqués dans la transmission des symptômes intériorisés du père à l’enfant, dans des familles à faible statut socioéconomique. La cohorte comprend 81 enfants ayant entre 3 et 5 ans. Nous avons observé un effet médiateur significatif des interactions père-enfant et des symptômes maternels dans la transmission des symptômes intériorisés entre le père et l’enfant. Ces facteurs expliquent entre 31 et 38% des comportements intériorisés de l’enfant. Ces résultats appuient l’importance d’inclure le père dans les interventions cliniques ciblant l’adaptation de l’enfant.

La présentation discutera de l’importance d’offrir des services tenant compte des traumatismes au cours de la grossesse et de la période périnatale. Lors de la première partie de la présentation, nos récents résultats de recherche sur l’impact d’un vécu traumatique sur la grossesse, l’adaptation au rôle de parent et le développement du fœtus et de l’enfant seront exposés. La deuxième partie présentera des données sur l’acceptabilité du programme STEP, un programme d’accompagnement prénatal visant à soutenir les femmes enceinte et les hommes en attente d’un enfant ayant vécu des traumatismes développementaux.

Le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP) a réalisé en 2019 un sondage sur l’expérience vécue par 2001 pères québécois ayant un ou plusieurs enfants âgés de moins de 18 ans. Le Groupe de recherche et d’intervention auprès des enfants vulnérables et négligés (GRIN) et le RVP ont analysé les données recueillies afin de mieux comprendre les formes de vulnérabilité auxquelles les pères d’aujourd’hui sont exposés et les facteurs qui déterminent celles-ci. La conférence mettra en relief les retombées potentielles de cette analyse sur l’intervention auprès des pères en difficulté et sur l’approfondissement d’une perspective écosystémique de soutien à l’engagement paternel.