9 - Les enjeux actuels à l’intersection des sciences, technologies et sociétés

La science canadienne amorce son développement institutionnel au 19^e siècle. Le Naturaliste canadien, fondé en 1868 par l’abbé Léon Provancher, est la première revue scientifique spécialisée publiée en français au Canada. Les pratiques éditoriales de ses premiers rédacteurs apparaissent donc comme des éléments importants dans la mise en place de l’évaluation de la recherche dans le domaine des sciences naturelles au Canada.

La présente communication vise à mettre en lumière le rôle des premiers rédacteurs de revues spécialisées dans la définition du champ scientifique de cette époque. À des degrés différents selon les périodes étudiées, l’abbé Léon Provancher et son successeur l’abbé Victor-Alphonse Huard, qu’on pourrait qualifier de rédacteurs-producteurs, ont joué un rôle notable dans la construction de la norme scientifique. Par un jeu de réciprocités multiples, ils incarnent cette dernière, l’influencent et la consolident.

Leur correspondance révèle nombre d’interventions qui relèvent de l’édition scientifique et leurs échanges avec les collaborateurs du Naturaliste canadien témoignent de façon claire d’un effort pour évaluer, réviser et au final, rendre publiables les articles. En l’absence d’une communauté professionnalisée de naturalistes francophones, c’est dans les pratiques individuelles des rédacteurs qu’il faut chercher les traces de la mise en place de l’évaluation par les pairs au 19^e siècle, prélude à la disciplinarisation des sciences naturelles.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les lignes de démarcation entre dimensions civiles et militaires du développement technologique nucléaire ont régulièrement été brouillées. Des technologies ou procédés de production de l’industrie nucléaire peuvent faire l’objet d’un constat similaire, dont certaines technologies de la médecine nucléaire. Dans cette présentation, nous étudions en particulier le cas de la production des radio-isotopes médicaux au Canada. La dimension sécuritaire de ce procédé technologique est d’autant plus intéressante à analyser que, les applications médicales de l’atome ont souvent été mises en avant afin de promouvoir sa dimension « pacifique » et les bénéfices sociaux de l’énergie nucléaire. À travers l’exemple de la production canadienne du molybdène-99 (Mo-99), nous examinerons les facteurs qui ont contribué à transformer politiquement, entre le début des années 1970 et la fin des années 2000, un procédé de production « pacifique » en un moyen crédible pour une organisation terroriste de se procurer une arme nucléaire. Plus précisément, alors que le procédé de production est, lui, demeuré inchangé, nous verrons comment l’adoption de lois sur la non-prolifération nucléaire aux États-Unis ainsi que la structure économique particulière de l’industrie du Mo-99 ont graduellement accentué la perception des risques inhérents à cette technologie et finalement contribué à mettre fin à son exploitation au Canada.

L'apprentissage mixte se répand progressivement dans les établissements d'enseignement supérieur en tant qu'alternative aux modalités d'apprentissage en face-to-face et en ligne. L'apprentissage hybride est la principale voie d'avenir des innovations technologiques, pédagogiques et organisationnelles dans les universités. Cependant, la question demeure sur le potentiel de transformation du système d'enseignement supérieur. L'objectif de cette revue de littérature de l'apprentissage mixte est d'examiner les transformations numériques dans le contexte de l'enseignement supérieur afin de répondre ces deux questions de recherche: quelles technologies numériques sont déployées dans le contexte de l'apprentissage mixte dans l'enseignement supérieur? à quel point ces technologies sont-elles transformatrices? Cette revue de la littérature a été menée comme un processus systématique et transparent basé sur un protocole de recherche que les auteurs ont élaboré et ajusté si nécessaire. Un ensemble final de 1,017 résumés (abstracts) et 18 articles de revues évalués par des pairs sélectionnés à partir bases de données. Les résultats montrent quatre types différents d'implémentations en ce qui concerne les considérations de conception. Les résultats montrent aussi quelques patrons en matière de caractéristiques technologiques telles que les interactions intelligentes apprenants-machines, la personnalisation, et l'intégration et l'orchestration tout au long du processus.

Reconnaissant les avantages qu'apporterait l'utilisation d'une norme de classification de la recherche commune au milieu de la recherche et au Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et Statistique Canada ont convenu de collaborer à l'élaboration d'une norme de classification de la recherche.

Cette nouvelle classification commune sera en harmonie avec les normes internationales de collecte de l’information et de reddition de comptes sur la recherche, et elle sera fondée sur la classification de la recherche adoptée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Pour s'assurer du respect des contextes et des réalités de la recherche contemporaine et canadienne, une adaptation du modèle ANZSRC et la consultation de groupes d'utilisateurs et d’experts en la matière auront lieu en 2018.

L’adoption d’une classification de la recherche commune aux organismes subventionnaires canadiens permettra aux chercheurs de s’identifier de façon précise; permettra une meilleure identification de la recherche interdisciplinaire; aidera à réduire le fardeau et la confusion ; améliorera l’information et l’appui destinés au milieu de la recherche et aux Canadiens en fournissant des statistiques cohérentes et pertinentes sur la contribution du Canada dans des domaines précis de la recherche et des sciences en général