Du mardi 10 au mercredi 11 mai 2016
Les sociétés sont confrontées à un flux de migrants sans précédent. Pourtant, les études et les observations sur le terrain montrent que ces nouveaux venus ont peu de contacts avec les membres de la société qui les accueille. Que peuvent faire les sociétés pour mieux accueillir et intégrer les étudiants étrangers, les immigrants, les réfugiés et les travailleurs qu’elles accueillent? Quel est l’apport de l’apprentissage d’une langue dans l’intégration linguistique, socioculturelle et économique des nouveaux venus? Pour favoriser ces contacts, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a mis en place un projet de jumelage interculturel qui consiste en des rencontres entre des immigrants apprenant le français à l’École de langues et des Québécois francophones de différents programmes de formation : éducation, travail social, carriérologie et psychologie (Carignan, Deraîche et Guillot, 2015). Fort de cette expérience, ce colloque propose à des chercheurs du Québec, du Mexique, de France, d’Espagne et d’Australie de partager les avancées de leurs recherches autour d’activités de rencontres interculturelles dans leurs établissements respectifs. Les rencontres interculturelles proposées mettent en lumière l’importance de valoriser les apprentissages expérientiels qui permettent, autant aux accueillis qu’aux accueillants, de communiquer entre eux. Pour les étudiants postsecondaires, les objectifs de ces rencontres sont de développer différentes compétences langagières et d’élaborer des stratégies de communication interculturelle, de développer la sensibilité à la diversité ethnoculturelle, de débusquer les préjugés et d’apprendre à vivre ensemble. Ce colloque vise à faire des rencontres interculturelles une pratique pédagogique transformatrice dans le contexte postsecondaire.
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En cette ère de culture éclatée,on demande, à l'école d'être une institution favorisant la cohésion sociale.Malgré les efforts soutenus des gouvernements, les solitudes entre des groupes de communautés différentes perdurent. La relation langue, pensée, culture et identité demeure sous-estimée. Aussi, faut-il se demander comment en éducation, contexte privilégié pour permettre une entrée dans la culture de l'Autre, nous pouvons promouvoir des valeurs et des attitudes qui donnent davantage accès à l'expérience de l'ouverture aux autres cultures et de la diversité, si ce n'est en préparant les jeunes de la nouvelle génération à repenser leurs comportements, leurs attitudes et leur interaction sociale.
Cette communication propose l'idée que la rencontre de l'Autre permet de construire les ponts vers l'ouverture à l'Autre : cette ouverture se développe au gré d'activités interculturelles vécues dans un établissement d'enseignement, de rencontres partagées entre les membres de diverses origines vivant dans la même région ou dans des pays éloignés. Rencontrer l'Autre est enrichissant et motivant, que ce soit durant la poursuite des études, l'apprentissage d'une langue ou d'une culture ou encore la formation et le développement professionnel. Ces rencontres peuvent contribuer à former un apprenant de langue curieux et efficace, un passeur de culture avisé ou un professionnel ouvert sur le monde. En plus de rendre compte de ces expériences interculturelles, l'objectif est d'explorer l'importance de participer à la construction d'un leadership rassembleur pour transformer les pratiques pédagogiques.
Le tandem permet un apprentissage collaboratif où la relation entre les participant-e-s est moins hiérarchisée que dans les échanges professeur-élèves en classe de langue. Les partenaires sont liés par un contrat (parfois tacite) où ils s'engagent à faire progresser leur partenaire dans leur langue et culture maternelles. Les apprentissages linguistique et culturel y sont moins prévisibles, structurés et validés que dans le contexte plus institutionnel d'un cours. Les partenaires tandem accordent souvent plus d'importance à la fluidité et la convivialité de l'échange qu'à la précision des formes linguistiques (Brammerts & Calvert, 2003). Mais qu'en est-il vraiment de la correction linguistique (CF = Corrective Feedback, Lyster & Ranta, 1997) apportée par les locuteurs natifs à leur partenaire tandem ? Quelle est sa fréquence, quelles en sont les modalités et quel est son impact ? Loin d'être inexistante ou inefficace, nous montrerons comment l'exploitation du corpus SITAF (interactions tandem anglais-français filmées entre étudiants francophones et anglophones de l'Université Sorbonne-Nouvelle, (Horgues & Scheuer, 2015) révèle que la correction linguistique en tandem repose sur une dynamique co-construite mobilisant les deux partenaires (sollicitation, apport et appropriation du CF) et utilisant des stratégies multimodales (verbale, vocale et gestuelle) qui dépendent de facteurs culturels et individuels.
Après-midi
Cette communication présente une incursion au sein d'une rencontre interculturelle vécue entre le Mexique et le Québec, plus particulièrement entre de futurs enseignants de français langue étrangère (FLE) et la culture québécoise. Cette rencontre avait pour objectif final de monter et présenter une pièce de théâtre illustrant une légende québécoise, La Chasse-galerie, lors d'un festival au Mexique. Ce point d'arrivée a donné lieu à la découverte et à l'analyse de cette légende, mais, auparavant, à des activités de découverte de la culture québécoise.Cette démarche avait pour ambition deconcourir à l'amélioration de la compétence interculturelle des étudiants-acteurs impliqués à travers l'instauration d'un dialogue entre les cultures québécoises et mexicaines.Nous présentons la rencontre interculturelle qui est au cœur de ce projet,en s'attardant notamment aux représentations des étudiants et à leur appropriation de la langue et de la culture québécoises.
Le développement de la communication interculturelle est une compétence essentielle dans la formation des étudiants et des futurs intervenants en développement de carrière et en carriérologie. La communication interculturelle implique l'échange de l'information et l'engagement dialogique entre des personnes de cultures différentes. Le développement de la communication interculturelle est souvent contraint par la présence de l'ethnocentrisme. Les défis rencontrés par les étudiants issus de l'immigration inscrits aux cours de français offerts par l'École de langues sont reliés à l'absence de pratique, de communication et de rétroaction avec les étudiants francophones de la majorité d'accueil. Dans le but de développer la communication interculturelle chez des étudiants francophones en développement de carrière et en carriérologie, l'Université du Québec à Montréal (UQAM) proposent des jumelages interculturels qui valorisent l'hypothèse du contact intergroupe. De plus, la conceptualisation, l'implantation, l'organisation, la réalisation et les effets de ces jumelages seront décrits.
Dans le cadre d'un cours de psychologie interculturelle destiné à des étudiants de Master de psychologie (N = 15), nous avons appliqué le cas du jumelage par entrevue (Blanchet & Bourhis, 2015) à la rencontre avec des étudiants étrangers (N = 13), arrivés en France depuis quelques mois, qui suivaient un cours de perfectionnement en français.
De courts questionnaires passés après la rencontre ne montrent aucune différence entre les deux groupes, en termesd'intérêt ou d'enthousiasme (élevé) et d'anxiété ou de stress (faible) liés à la rencontre. Un mois après ce jumelage, très peu d'étudiants ont poursuivi la relation par téléphone ou mail, mais ils sont plus nombreux à maintenir une communication grâce aux réseaux sociaux et la majorité d'entre eux pense avoir des contacts avec son jumeau ou sa jumelle dans les mois à venir.
Les résultats de cette expérience seront discutés au regard des perspectives d'actions qu'offrent les fonctions de chargé de mission égalité – diversité qui se développent dans les universités françaises.
Avant-midi
La présente communication met en relief un des aspects que les auteures considèrent être des plus importants dans la formation à l'enseignement : la reconnaissance d'une commune humanité dans l'Autre. Pour sensibiliser les futures enseignantes de deuxième cycle en orthopédagogie et adaptation scolaire à cette question, des activités de jumelage interculturel ont été mises en place avec des étudiants internationaux en francisation, de différents niveaux de maîtrise de la langue française. Nous ferons ici état de la préparation à ces échanges, par exemple dans l'élaboration des attentes et des apports des interlocuteurs, et des résultats que nous en avons obtenus, après avoir brièvement survolé la mise en œuvre de l'éducation interculturelle au Québec. Nous présenterons également quelques éléments clés de la rencontre interculturelle, notamment dans la conversation elle-même, ainsi que l'aspect central de la reconnaissance afin que ce type de rencontre soit réellement fructueux. Nous terminerons par la nécessaire réflexion a posteriori que nous avons proposée aux participants, laquelle a enrichi nos conclusions à propos de la reconnaissance.
Alors que les jumelages sont présents au sein des écoles de langues, par exemple celle à l'UQÀM (Carignan, N., Deraîche, M. et Guillot, M.-C, 2015),ils sont peu présents dans les commissions scolaires.
Nous avons élaboré un jumelage interculturel au Centre Pauline-Julien de la Commission scolaire de Montréal. Recrutés à l'aide de Facebook, une vingtaine de Québécois d'origines diverses sont venus échanger avec les apprenants issus d'une quinzaine de pays.
Les jumelages se sont déroulés sur une période de six heures en présentiel. Les conversations démarraient à l'aide d'une liste de questions élaborée par l'enseignante. Les retombées ont été très positives, contribuant à la construction de relation entre Québécois et nouveaux arrivants, donnant la chance aux apprenants d'automatiser leurs apprentissages dans un cadre authentique.
Avoir des amis francophones, ou du moins un réseau francophone, favorise la motivation à apprendre le français langue seconde chez les adultes migrants allophones à Montréal (Longpré, 2015.) De plus, le manque de contacts entre natifs et nouveaux arrivants « est un obstacle à l'acquisition de la langue » (Adami, 2009, p. 67). Les jumelages auraient intérêt à être multipliés,
contribuant peut-être à briser les barrières d'isolement linguistique entre francophones et nouveaux arrivants.
Un peu partout dans le monde, des projets de télécollaboration se développent pour l'enseignement-apprentissage de la langue et de la culture.Or,la recherche s'est jusqu'à présent peu intéressée à la télécollaboration impliquant des immigrants. Dans le cadre de cette communication, il s'agit d'effectuer un premier retour sur un projet de télécollaboration ayant eu lieu en septembre et octobre 2015. Lors de ce projet, deux groupes d'étudiants universitaires ont été invités à lire et à écrire des textes sur le thème de la migration et à partager en binôme leur lecture des textes sur une plateforme mise en place à cet effet.
Les participants étaient des étudiants qui apprenaient le français langue étrangère en Australie et des immigrants qui suivaient une formation en français langue seconde au Québec.La communication comporte sommairement trois parties : une synthèse sur la télécollaboration, une présentation du scénario pédagogique et de ses fondements, une analyse de l'apport de la télécollaboration à la pédagogie universitaire et à l'éducation interculturelle.
Après-midi
La mission d'éducation des cégeps comprend à la fois un volet fondamental de développement d'un fonds culturel commun ainsi que la formation de la main-d'œuvre de demain, avec ses demandes pour des compétences dites du 21e siècle, notamment en ce qui a trait au travail collaboratif, à l'interculturel et à l'utilisation des nouvelles technologies. Par ailleurs, les cégeps se définissent souvent par leur ancrage dans des communautés locales propres aux diverses régions où ils exercent une contribution socioéconomique majeure. La portée globale et les réalités locales propres à chaque collège sont parfois en porte-à-faux et génèrent des situations où les professeurs, dans le cadre de leur enseignement, cherchent à élargir l'espace de formation au-delà du contenu d'un cours donné, des murs de la classe et de la situation géographique. Le réseau d'enseignement virtuel en équipe (Virtual Team Teaching Network) (VTTN-REVE) a pour mission de combler ce besoin en favorisant les collaborations entre des professeurs et leurs classes éloignées. Cette présentation dressera un portrait du modèle de jumelages caractérisant le VTTN-REVE en passant par le développement du réseau, la philosophie qui l'anime et son organisation en communauté de pratique.
Un enseignant de français langue seconde de Vanier College demande à ses étudiants montréalais de réaliser une entrevue interculturelle avec un francophone et se bute au fait qu'ils affirment n'en connaitre aucun. Deux-cents kilomètres à l'est, une enseignante du programme de Langues et interculturel du Cégep de Victoriaville cherche à multiplier les rencontres interculturelles avec ses étudiants. Les objectifs de ces deux enseignants sont différents, mais complémentaires et ont en commun d'être limités par les ressources de la communauté locale de chacun des cégeps. Cette présentation fera état du jumelage entre les anglophones de Montréal et les francophones de Victoriaville à l'automne 2015, depuis leur mise en contact grâce au Virtual Team Teaching Network (VTTN-REVE) jusqu'aux retombées sur l'apprentissage et la perception de l'Autre.
Dans un monde en changement constant, les réflexions à mener et les actions à poser relativement aux enjeux et aux perspectives de l'interculturalité et de l'altérité sont plus que nécessaires.Nous proposons une synthèse des options qui s'offrent aux sociétés qui ne peuvent plus échapper à la multiethnicité.