320 - État des connaissances liées à la définition, à la mesure et aux effets de la présence attentive sur le fonctionnement humain

La manière de définir et de mesurer la présence attentive ne fait toujours pas consensus au sein de la communauté scientifique. À ce jour, un peu plus d'une dizaine de questionnaires auto-rapportés ont été développés dans le but de mesurer ce construit. Si certains d'entre eux sont très courts et reposent sur un seul facteur, d'autres sont en revanche beaucoup plus longs et contiennent jusqu'à cinq facteurs. Bien que normale à certains égards, cette divergence sur les plans conceptuel et opérationnel engendre beaucoup de confusion et nuit au développement des connaissances liées à la présence attentive. Dans le cadre de cette présentation, les définitions les plus communes de la présence attentive seront d'abord présentées de même que les caractéristiques des questionnaires développés à ce jour pour la mesurer. De plus, les principaux enjeux liés à la définition de la présence attentive (la distinction entre trait, état, processus et pratique, les clivages entre les conceptions classiques et contemporaines, etc.) et à sa mesure (les difficultés liées à la validation des outils sur le plan du contenu et du critère, le manque de validité convergente entre les outils, l'équivalence sémantique des items en fonction des répondants, l'utilisation d'items inversés, etc.) seront exposés. Des pistes de recherche futures seront aussi proposées dans l'espoir de stimuler la réflexion sur les meilleures façons de définir et de mesurer la présence attentive.

Les cliniciens font de plus en plus appel à des techniques alternatives à la médecine et à la pharmacopée, telle la pratique de la méditation de type présence attentive, pour contrer notamment les effets du stress et de l'anxiété. Il devient alors pertinent de mieux comprendre les effets de cette pratique sur la physiologie du cerveau ainsi que sur le fonctionnement cognitif. Cet intérêt est d'autant plus grand maintenant que sont connus les effets délétères du stress sur le cerveau et le système endocrinien. Cette présentation vise à faire état des connaissances et à porter un regard critique sur les études traitant des liens entre la présence attentive et de nombreux aspects de la santé physique et psychologique. La pratique de la présence attentive affecterait, entre autres, le fonctionnement du cerveau en modifiant non seulement sa physiologie, mais également sa morphologie. Ceci aurait comme conséquence de produire des changements positifs sur le plan cognitif (attention, mémoire, fonctions exécutives, etc.) ainsi que sur l'efficacité du système immunitaire. Par contre, les résultats des recherches ne font pas nécessairement l'unanimité en raison notamment de la composition de certains échantillons et des devis de recherche adoptés. Ce portrait des connaissances à l'égard des effets de la présence attentive sur le fonctionnement du cerveau permettra de mieux saisir les enjeux liés à une telle pratique et de suggérer des pistes de recherches dans le domaine.

Les personnes souffrant de douleur chronique explorent parfois de nombreux moyens, plus ou moins fructueux, afin de réduire ou enrayer leur douleur. Dans certains cas, une consultation chez un psychologue est l'aboutissement d'un long parcours caractérisé par de multiples traitements et essais thérapeutiques. Que faire quand la douleur persiste et que l'on a tout essayé? Au cours des dernières années, la médecine comportementale a vu naître un courant de thérapies particulièrement appropriées dans la prévention et le traitement de la douleur chronique, car elles enseignent essentiellement au patient à accepter leur douleur. Cette présentation résume les aspects théoriques et empiriques de la thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT ; Hayeset al., 2012) et du programme de réduction du stress fondé sur la présence attentive (MBSR ; Kabat-Zinn, 2009) dans la douleur chronique. Cette présentation permettra notamment de recenser quelques-uns des principaux résultats empiriques qui se dégagent des études menées dans ce domaine au cours des dernières années, d'identifier les limites méthodologiques associées à ces études, et de discuter des implications pratiques de même que des pistes de recherche qu'elles laissent entrevoir.

Avec la désinstitutionnalisation, le prolongement de l'espérance de vie avec incapacités, le vieillissement de la population et les orientations de l'État québécois dans le domaine de la santé, un nombre grandissant d'individus seront appelés à exercer le rôle d'aidant au cours de leur vie. Le stress chronique, qui peut résulter de la prestation de soins à un membre de la famille ou de l'entourage, a été associé à un ensemble de conséquences délétères pour le bien-être et la santé des proches aidants. Dans un contexte de restrictions financières où la gamme de services publics parvient difficilement à répondre aux besoins des aidés et de leurs aidants, il importe de cibler des interventions pouvant contribuer à prévenir l'apparition de problèmes d'adaptation chez les proches aidants. Cette présentation a pour but d'examiner si les programmes d'intervention axés sur la présence attentive menés auprès de proches aidants permettent d'atténuer certains effets négatifs liés à la prestation de soins. Les résultats seront présentés en fonction de la population d'aidants (parent, fratrie, etc.), des atteintes de la personne aidée (trouble de santé mentale, déficience intellectuelle, cancer, etc.) ainsi qu'en regard des variables d'adaptation examinées (stress, détresse, fardeau, etc.). L'analyse des écrits mènera à la formulation de recommandations pour l'élaboration et la mise en place de tels programmes auprès des proches aidants ainsi que pour la poursuite de recherches dans ce domaine.

Étant donné les maintes recherches démontrant l'influence positive de la présence attentive (PA) sur le bien-être physique et psychologique des adultes, il existe un intérêt de plus en plus marqué pour cette pratique chez les jeunes. En fait, plusieurs programmes d'intervention basés sur la PA ont été mis de l'avant dans le milieu scolaire, notamment aux États-Unis et en Europe. Toutefois, la recherche sur l'efficacité de ces interventions demeure embryonnaire. Les données accumulées à ce jour montrent que les interventions visant à augmenter la PA chez les enfants favorisent leur adaptation scolaire et sociale (Zoogman, Goldberg, Hoyt, & Miller, 2014), mais les études dont elles sont issues présentent des lacunes importantes. Il existe notamment un besoin criant d'études à essais randomisés incluant un groupe contrôle actif et un suivi à plus long terme (Greenberg & Harris, 2012). De plus, des études rigoureuses tenant compte du stade de développement des jeunes et de l'effet de la PA sur des problèmes tels les troubles d'attention fourniraient un soutien empirique pour la mise en œuvre d'interventions efficaces en milieu scolaire. L'objectif de cette présentation est d'exposer l'état actuel des recherches sur la PA chez les jeunes, d'identifier les lacunes s'y rapportant et de suggérer des pistes de recherche futures afin de les combler. Les implications pour la pratique en milieu scolaire seront aussi abordées.

Parmi le nombre grandissant de publications sur les apports de la présence attentive, certaines portent plus particulièrement sur ses effets à l'égard du développement des compétences des intervenants (Siegel, 2010). Or, la présence attentive est issue de traditions spirituelles qui suggèrent que sa pratique contribue au développement d'une attitude de réceptivité envers l'autre. Cette communication a pour objectif de faire le pont entre les constats des écrits scientifiques sur le sujet et les postulats propres à l'une de ces traditions spirituelles, soit le bouddhisme.

La communication procédera en trois temps. Premièrement, un bref tour d'horizon sera fait sur les postulats et les notions au cœur du bouddhisme en lien avec l'importance de la présence attentive dans l'engagement relationnel de la personne afin de mettre en contexte la réflexion actuelle. Deuxièmement, il sera question des constats qui émergent des publications scientifiques à propos des effets de l'apprentissage et de la pratique de la présence attentive sur des compétences relationnelles comme l'empathie, la présence, l'accordage (attunement), l'ouverture à l'expérience et la compassion. Troisièmement, une synthèse intégratrice issue de ce regard croisé sera faite afin d'ouvrir sur des pistes de réflexion pour la recherche et l'intervention.

Le nombre d'études dépeignant les bienfaits de la pratique de la présence attentive sur le bien-être et la santé explose ces dernières années. De même, un nombre grandissant de recherches relate ses effets positifs sur la créativité, le discernement et le développement personnel. 

Premiers pas nécessaires dans la légitimation d'un champ de recherche, les études actuelles éludent souvent un potentiel extrêmement puissant de la présence attentive, à savoir sa capacité à soutenir l'avènement des plus hautes potentialités humaines. En effet, la pratique de la présence attentive – telle qu'elle est aujourd'hui formatée et affranchie de ses référents spirituels par l'approche cognitivo-comportementale – peut voir son contenu, sa forme et les intentions qui la sous-tendent évoluer significativement pour peu que l'on ose quitter les chemins balisés. Ce faisant, elle peut passer d'un outil de conscience et de régulation de son Ego à un exercice de transformation et d'actualisation de soi. 

Dans cette présentation, je documenterai ce potentiel et proposerai différentes pratiques méditatives susceptibles de soutenir sa réalisation. L'auditoire sera aussi invité à reconnaître le choix de valeurs associé au fait d'encourager et de soutenir implicitement, d'une part, l'accommodation aux institutions et aux dynamiques humaines actuelles ou, d'autre part, l'acceptation et l'actualisation radicale de sa liberté, de son interdépendance et de son pouvoir créateur.