Au coeur de tout accès au monde, au coeur de tout comprendre et de tout affect - enchâssés au monde de par un principe d'intentionnalité - subsiste une conscience d'être indivisible. Une ipséité englobant chaque être humain pensant et ressentant. Paradoxalement, c'est au frontière du cadre de son monde, au détour d'une situation-limite, que l'être humain arrive à saisir, l'espace d'un instant, l'englobante impression d'être, authentiquement. Or que la conscience théorique de sa mort prochaine peut entraîner l'humain vers une angoisse qui soulèvera la question insigne de l'être, le processus de mort, comme personnellement, phénoménologiquement éprouvée, représenterait l'ultime situation-limite pour qui relate avoir vécu une EMI, une expérience de mort imminente (18% de ceux ayant survécu à un arrêt cardio-vasculaire garderaient souvenir d'une telle expérience selon l'étude de Pim Van Lommel publié dans le Lancet en 2001). Cette expérience phénoménologique, par delà son caractère réel ou illusoire, laisse chez qui l'expérimente une trace durable : l'expérience du surgissement de leur être, à la fois transcendant et immanent, semblant perdurer au delà de toute contingence, de matière, de temps, d'espace.
M'appuyant sur des études de cas décrites par Moody, Ring et Alexander, cette conférence s'attardera à tisser des ponts entre les vécus phénoménologiques rattachés aux EMI et le travail de réflexion de penseurs tels Heidegger, Arendt, Cioran, Jaspers, Jung, May et Van den Berg.