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Elie Muswal

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Conférencier

RESUME

Introduction 

Dans un contexte où la question de la mobilisation des ressources financières pour le développement se pose avec acuité, la mobilisation des ressources domestiques est sans ambages l’impératif le plus fort et le moteur essentiel du développement en Afrique subsaharienne.[1] L’absence d’un système financier dans une structure économique entrave son développement économique. En effet, grâce à un système financier efficace, l’Afrique subsaharienne peut arriver à financer des projets. Ainsi, en l’absence du secteur financier institutionnel, dans les pays d’Afrique subsaharienne comme la RDC se développe et évolue aisément un immense réseau du secteur non institutionnel. 

Hormis l’introduction et la conclusion, le présent exposé compte deux principaux points, notamment : Méthodologie et résultats obtenus.

 

  1. METHODOLOGIE

Dans le cadre de cette étude nous avons emprunté la méthode d’enquête auprès de 450 tontines dont 150 pour les 3 villes, soit : Kinshasa, Kenge et Kikwit avec un total de 1279 tontineurs interviewés. La technique de recherche documentaire a été aussi sollicitée.

  1. RESULTATS OBTENUS

Ce point tourne autour de trois principaux axes, notamment : Tontines, Développement communautaire et les tontines, un modèle de DC ?

  1. Tontines 

Afin de faciliter la compréhension, quelques aspects des tontines ont attiré notre attention ici, à savoir : les notions, l’efficacité et les motivations des acteurs.

  1. Notions des tontines

Les associations financières informelles au Congo-Kinshasa offrent des possibilités de financement, une épargne de précaution sociale et toute une série de prises en charge diverses. Il arrive que l’argent des tontines puisse servir à acheter un terrain ou à finir de construire la maison ou à acheter une machine ou un autre outil de production, voire pour financer des dépenses à caractère social ou même une consommation différée.

Définie comme un groupe d’épargnants dont les membres mettent périodiquement en commun des fonds qui leur sont prêtés à tour de rôle, une tontine repose sur six principes généraux ci-après : réciprocité, discipline, équivalence, compensation, confiance et proximité. Généralement, on distingue à travers le monde trois types de tontines : les tontines mutuelles, les tontines commerciales et les tontines financières. 

  1. L’efficacité

L’accès au service financier est indispensable pour la consolidation d’un tissu de petites entreprises privées, capables de créer des emplois et permettant l’augmentation des revenus des individus.[2]

L'ampleur du phénomène tontinier est apparue du fait que la tentative d'implantation des banques basée sur le modèle occidental a échoué car il n'a pas su s'adapter au milieu dans lequel il évolue. Et aussi, suite à l'échec cuisant des processus de développement à l'occidentale, puisque les économistes recherchent désormais un autre mode de développement, c'est-à-dire autre que : l’aide au développement, l’industrialisation, l’ouverture internationale, etc. 

Tous ces modes de développement ont favorisé la déstructuration de la société africaine, et cette mutation de la société a généré des informalités de survie, de substitution, voire de complémentarité permettant aux populations de s'adapter, et surtout de « résister » à ces mutations. 

Les tontines africaines jouent un rôle très subtil et très global dans de nombreuses sociétés africaines : à la fois comme moyen d’épargne et de financement de projets, pour pallier aux insuffisances des banques, mais aussi et peut-être surtout, en tant que lieu privilégié de création de lien social et de solidarité. Or, dans le cadre du fonctionnement de l’entreprise, ces pratiques dépendent de l’origine professionnelle et des services fonctionnels d’appartenance des membres de la tontine. Aussi peut-on légitimement s’interroger sur l’efficacité des tontines des projets.

  1. Motivations des acteurs

De son étude approfondie des motivations, pour Michel Dromain[3] : la majorité des participants ont une préférence marquée pour la tontine (mutuelle) par rapport à la banque ou à la Caisse d'épargne ; l'exclusion d'une grande majorité de la population des circuits financiers classiques serait l'une des explications majeures de l'existence des circuits financiers informels ; des motivations d'ordre psycho-sociologique et la recherche d'un système d'épargne forcée.

La tontine est un outil commercial très actif en Afrique généralement et en RDC particulièrement. La motivation économique essentielle et fondamentale des membres d’une tontine serait de disposer en une fois d’une grosse somme d’argent qui permet de réaliser un investissement important. La majorité de la population congolaise tant rurale qu’urbaine n’ayant pas accès au crédit institutionnel, et face aux exigences du développement, pour combler le vide et résoudre l’équation, les circuits financiers informels jouent un rôle essentiel.[4]

 

Tableau 1. Motivation des acteurs

 

Motifs 

Kenge

Kikwit

Kinshasa

Ensemble

fi

%

fi

%

fi

%

fi

%

Aucun

6

1,77

9

1,85

3

0,66

18

1,41

Autres 

66

19,47

50

10,27

11

2,43

127

9,93

Constitution d’un fonds

63

18,58

64

13,14

33

7,29

160

12,51

Entr’aide

25

7,37

77

15,81

21

4,64

123

9,61

Entretenir des amitiés

6

1,77

18

3,70

19

4,19

43

3,36

Epargne 

41

12,10

141

28,95

72

15,89

254

19,86

Prévoyance/Précaution

28

8,26

55

11,29

78

17,22

161

12,59

Réaliser un projet

104

30,68

73

14,99

216

47,68

393

30,73

Total 

339

100

487

100

453

100

1.279

100

Source : Par l’auteur

Les motivations de participation à une tontine dépendent d’une personne à une autre, d’une région à une autre ou d’un milieu à un autre. Elles sont économiques, sociales, culturelles, psychologiques, financières, etc.   

Graphique 1. Motifs d’adhésion des membres dans les tontines

 

 

Source : Par l’auteur

 

A ce propos, Michel Lelart a noté que, dans les tontines mutuelles classiques, les motivations des agents sont plus de nature sociale qu’économique[5]...

 

  1. Développement communautaire

Le développement communautaire est compris comme un processus d’action sociale selon lequel les membres d’une communauté : s’organisent pour arrêter ces plans et agir, définissent leurs besoins et problèmes individuels, élaborent des plans collectifs et individuels pour répondre à leurs besoins et résoudre leurs problèmes, exécutent ces plans en se servant au maximum des ressources de la communauté, complètent ces ressources si nécessaires avec des services et matériels provenant d’organismes gouvernementaux ou privés extérieurs à la communauté, …[6] En effet, c’est la recherche de développement global et total de l’homme dans tous ses aspects de la vie : social, économique, culturel, …

  1. Les tontines : un modèle-type de développement communautaire, DC ?

Il y a ‘développement communautaire’ lorsqu’un peuple, une collectivité prend conscience de ses besoins ou problèmes et cherche des stratégies appropriées avec des ressources locales afin de les satisfaire ou les résoudre. A ce propos, les tontines seraient ressenties comme un modèle type du DC étant donné que chaque tontine est l’œuvre d’un groupe quelconque cherchant des ressources propres nécessaires afin de résoudre ses problèmes spécifiques pouvant être économiques, financiers, sociaux, culturels, etc.

Le développement pourrait devenir une réalité dans une société grâce à l’apport des tontines. En tant que facteur agissant sur les investissements, l’intérêt de cette recherche était de prouver vraisemblablement que les tontineurs devraient prêter une attention particulière aux projets qu’ils financent avec des fonds levés de ces organisations.

Certains pays africains ont fait des tontines un instrument du développement individuel et collectif telles les tontines de travail avec des champs.

En RDC, dans des milieux ruraux par exemple, on observe les tontines de travail avec les champs. En effet, les paysans cultivateurs s’arrangent en nombre variable à se constituer une tontine de travail qui consistera à aller tous travailler dans le champ de chaque membre à tour de rôle du premier au dernier. Contrairement aux tontines d’argent où un montant est fixé selon les us et coutumes, pour ce type de tontines, la contribution de chaque membre n’est pas en espèces plutôt en terme de force de travail que chaque membership est censé fournir. Cela a pour avantage de voir augmentées des étendues emblavées en une journée de travail collectif.

Sous d’autres cieux, la diaspora d’un même pays ou une même région se réunit en tontine qui, ne consistera pas à se distribuer à tour de rôle la totalité des cotisations, plutôt à financer un projet communautaire dans son pays ou sa région d’origine.   

Conclusion

Sachant que l’un des enjeux majeurs de développement est d’améliorer la connaissance de l’économie informelle pour mettre en œuvre des politiques adaptées, la meilleure compréhension du fonctionnement des économies des pays en développement requiert donc une meilleure connaissance de l’informel. Cette connaissance de l’informel est également indispensable dans la lutte contre la pauvreté au cœur des préoccupations des politiques nationales de développement.[7]

Bibliographie

  1. Ouvrages et articles
  2. DROMAIN Michel, L’épargne ignorée et négligée : les résultats d’une enquête sur les « tontines » au sénégal, LGCA, Annales 86/87, pp. 18-42
  3. HUGON Philippe Les Economies non officielles. Paris, La Découverte, 1984.
  4. LELART Michel, Finance informelle et financement du développement. Beyrouth, AUPELF-UREF, s.d., 249 pages
  5. MOURGUES Nathalie, Réflexions sur les mécanismes financiers des systèmes tontiniers, in La Tontine, M. Lelart (dir.), Paris, Ed. AUPELF-UREF. John LibbeyEurotext, 1990.
  6. SUMATA Claude, L’Economie parallèle de la RDC. Taux de change et dynamique de l’hyperinflation au Congo. Paris, L’Harmattan, 2001.
  7. SUMATA Claude, La gestion macroéconomique de la République démocratique du Congo durant et après la Transition démocratique. Paris, L’Harmattan, 2014.

     

 

 

 


 

[1] theses.hal.science https://theses.hal.science/tel-01246053/file/BOUKARI_MAMANE_2014_CORR.pdf ; Consulté le 14 octobre 2020 à 20h55

[2] Claude Sumata, La gestion macroéconomique de la République démocratique du Congo durant et après la Transition démocratique. Paris, L’Harmattan, 2014, p. 180, 193

[3] Michel Dromain, L’épargne ignorée et négligée : les résultats d’une enquête sur les « tontines » au sénégal, LGCA, Annales 86/87, pp. 18-42

[4] Philippe Hugon, op.cit., p.309.

[5] Michel Lelart, op.cit., p.60.

[6]Agence Américaine pour le Développement International, AID, op. cit.

[7] www.afd.fr https://www.afd.fr/sites/afd/files/imported-files/06-Conferences-seminaires.pdf ; Consulté le 28/12/2020 à 21h40 

Principal secteur de recherche ou d'activité

Sciences sociales