Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :En ce centième anniversaire de l’Acfas, un projet de colloque conjoint est organisé par l’Institut du patrimoine de l’UQAM, en collaboration avec le Réseau Patrimoines de l’Université du Québec (RéPUQ), sur le thème de la commémoration au cœur des patrimoines québécois. Cent ans de patrimoine culturel et naturel, mais également cent ans de recherches liées aux différents patrimoines matériels et immatériels qui alimentent et inspirent la communauté scientifique des chercheur·se·s d’ici, issus de divers domaines, tels que l’histoire, l’art, l’histoire de l’art, la muséologie, la musique, le théâtre, le cinéma, la littérature, l’architecture, l’éducation, l’archéologie, la géographie, l’environnement, l’océanographie, les sciences et les technologies, la gestion, le loisir, la culture, le tourisme, etc. De près ou de loin, les patrimoines sont imprégnés dans notre manière d’être et d’agir dans le quotidien, de même que dans nos rituels, valeurs, langues et sentiments d’appartenance au territoire qui témoignent de ce que nous sommes, soit de notre identité tant individuelle que collective, comme porteurs de traditions et d’héritages. Dans ce contexte, l’idée de commémoration s’impose, en souvenir de nos ancêtres, du chemin qu’ils ont parcouru, mais aussi de ce qui jonche nos découvertes et notre avancement comme société dans un monde sans cesse en mutation. Bref, ce colloque conjoint vise à tailler une brèche sur l’incidence du phénomène de la commémoration en lien avec les patrimoines dans le continuum scientifique du Québec; un lien pourtant évident, mais peu mis en lumière, le tenant jusqu’à maintenant pour acquis, en le considérant comme faisant partie de facto du « paysage culturel québécois ».
Remerciements :Les co-responsables désirent remercier l'Institut du Patrimoine de l'UQAM et le Réseau Patrimoines de l'UQ (RéPUQ) pour leur soutien à l'organisation du colloque.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Lisa Baillargeon (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Maryse Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Accueil et mot de bienvenue
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Communication orale
Mot de bienvenueLisa Baillargeon (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Conférence d’ouverture
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Communication orale
Commémoration et patrimoine culturel : quel(s) lien(s) à la mémoire et à l’identité?Maryse Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Du latin, le terme commemoratio signifie l’action de rappeler, de mentionner, d’évoquer. La commémoration peut également être relative à une cérémonie, religieuse ou non, organisée en souvenir d’une personne, d'un lieu ou d’un événement. Elle vise la réactualisation d’évènements fondateurs et le rappel de valeurs communes par la réaffirmation de la cohésion d’un groupe, d'une communauté, voire d'une nation. La commémoration renvoient ainsi soit à la mémoire, soit à l’identité des acteurs qui en portent les discours. Ceux-ci sont non seulement chargés de valeurs et de normes de comportement, mais sont également créateurs de frontières, temporel, spatial et, par conséquent, identitaire. La commémoration peut prendre plusieurs formes, dont les célébrations, les cérémonies et les fêtes populaires. Elle est soit périodique et récurrente ou occasionnelle et ponctuelle, mais se déroule habituellement dans un endroit précis. Parfois confondue avec le patrimoine culturel ou mémoriel, elle est un moyen de reconstituer le passé en vue de le rendre vivant. Bref, la commémoration est un phénomène complexe, porteur de l’affirmation d’une identité qui se cherche ou qui se construit en s’affirmant. Les fonctions mémorielles et identitaires de la commémoration permettent de s’interroger sur ses tendances de la patrimonialisation et invite à s’interroger sur le rapport qu’une société entretient avec les gestes qu’elle pose pour l’actualiser, l’immortaliser à travers diverses mises en scène.
Commémoration et patrimoine culturel
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Communication orale
Monument permanent à la mémoire des six millions de victimes juives de l’Holocauste de Marcelle Ferron,édifier une nouvelle mémoire québécoise pour la commémoration de l’HolocausteFranck Calard (UdeM - Université de Montréal)
À la suite du grand silence des années 1950 et 1960, une vague de témoignages et de commémorations autour des événements tragiques de l’Holocauste s’est faite sentir à partir du troisième quart du XXe siècle. Cependant, des tentatives de témoignages émergent dès l’après-guerre (Se questo è un uomo, Primo Lévi (1947). Malheureusement, les témoins des horreurs de la Seconde Guerre mondiale ont rarement été pris en compte par les historiens et les historiennes. On pourrait donc se demander ce que serait une « bonne » compréhension de ces événements alors que l'on constate que la sensibilité et la subjectivité ont été balayées d’un revers de manche. Il est donc nécessaire de prendre de la hauteur et de considérer la mémoire de l’Holocauste à diverses échelles, médiums et/ou médias. En ce sens, la mémoire montréalaise semble être tout à fait adaptée à un tel exercice. Quoi de mieux qu’un monument pour aborder la mémoire de l’Holocauste au Québec? L’un des plus célèbres, mais aussi des plus méconnus est sans aucun doute le Monument permanent à la mémoire des six millions de victimes juives de l’Holocauste réalisé par Marcelle Ferron en 1970 pour le siège du Congrès juif canadien (CJC) de Montréal. Cette communication a donc pour objectif d’étudier le positionnement de Ferron en tant qu’artiste n’ayant pas d’origines juives pour la réalisation de ce monument, en tant que « relais » des témoins de l’Holocauste, mais également de comprendre son rapport avec la communauté juive.
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Communication orale
Cartographier les lieux, les objets et les monuments de commémorations : mémoire(s) dans la perception sociale du patrimoine culturel de la communauté d'Aylmer, Québec.Gabriela Sanchez (Université d’Ottawa)
Sur la base d'une cartographie de différents objets et monuments dans les espaces publics de la ville d'Aylmer, cette présentation propose un contrepoint entre les différentes pratiques commémoratives et les mémoires qui émergent dans les processus. Nous nous interrogeons sur les formes que prennent les processus de commémoration et sur la manière dont ils produisent différents usages sociaux liés à la reconstruction du passé. Cette présentation examine aussi comment les mémoires individuelles et collectives s'articulent avant, pendant et après les commémorations et la manière dont les objets, les lieux et les paysages deviennent une partie importante du patrimoine local. Nous cherchons à établir comment ce passé fixe est activé dans les commémorations communautaires successives et quelles sont les distorsions et la création de nouvelles significations remémoratives. Nous nous questionnons dans cette présentation sur la manière dans laquelle ces processus permettent une série d'accords entre les membres de la communauté et dont les mécanismes qui font partie de la reconstruction de la (des) mémoire(s) sont basés sur la politique du (dés)accord. Également, ces mémoires ont été impactées et transformées par la commémoration dans ces espaces de monuments nationaux et, par conséquent, la juxtaposition du discours officiel de la nation comme une nouvelle couche dans les mémoires locaux.
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Communication orale
Deschênes : du souvenir à la commémoration de son villageLynne Rodier (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Le village de Deschênes (1920-1975) est fusionné à la ville d’Aylmer en 1975 et de Gatineau en 2002. Pourtant, les habitants se perçoivent toujours comme des résidents et résidentes de Deschênes. D’ailleurs, ce sentiment d’appartenance mobilise la communauté dans la sauvegarde du patrimoine, en particulier, le paysage qu’elle reconnaît d’exceptionnel. Un monument commémoratif en souvenir du centenaire du village-de-Deschênes (1920-2020) nouvellement érigé est en voie d’inauguration. Ainsi, cet exercice de commémoration a placé la communauté en action. Enfin, cette communication se penche sur les effets de la commémoration sur la participation de la communauté au processus de patrimonialisation d’un paysage culturel et sur la mise en valeur des traces mémorielles imprégnées dans le patrimoine. S’exposent alors les pratiques participatives liant le patrimoine du territoire à une communauté. Enfin, il est opportun de voir au processus de désignation d’un paysage culturel qui réunit les acteurs locaux autour d’un projet commun de sauvegarde et de transmission des patrimoines en mémoire de son village.
Dîner libre
Commémoration et patrimoine naturel
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Communication orale
Revisiter et remémorer la contribution de Jacques Rousseau au patrimoine et à la muséologieYves Bergeron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Jacques Rousseau (1905-1970) est avant tout connu pour sa carrière scientifique exemplaire comme botaniste et ethnologue. Élève puis assistant du frère Marie-Victorin, il participe à la création du Jardin botanique en 1931 et devient, un an plus tôt, secrétaire de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences dont Marie-Victorien est un des fondateurs. Rousseau initie d'ailleurs en 1933 la tradition du congrès annuel de l’ACFAS et prend, en 1944, la direction du Jardin botanique jusqu’en 1957. Mais la carrière de Rousseau ne se résume pas simplement à son statut de botaniste et d’ethnologue. On oublie trop souvent qu’il fut le premier francophone à occuper le poste de directeur du Musée de l’Homme, aujourd’hui Musée canadien de l’histoire, de 1956 à 1959. L’œuvre de Jacques Rousseau ont fait l’objet de diverses reconnaissances. L’ACFAS a créé en 1980 le prix Jacques-Rousseau de la multidisciplinarité « décerné à une chercheuse ou à un chercheur pour souligner l'excellence et le rayonnement de ses travaux ayant, au-delà de son domaine de spécialisation, établi des ponts novateurs entre différentes disciplines. » Considérant que le Jardin botanique constitue en quelque sorte le premier musée national de sciences naturelles au Québec et le fait que Rousseau a dirigé le Musée de l’Homme, cette communication propose de poser un regard neuf sur un des acteurs clés de l’Association qui a contribué au développement scientifique du patrimoine et de la muséologie.
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Communication orale
La patrimonialisation des catastrophes naturelles et la mémoire du risque d’inondation : l’exemple de la Petite Maison Blanche de SaguenayÉtienne Gariépy-Girouard (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Manon Savard (Département de biologie, chimie et géographie- Université du Québec à Rimouski)
Au Québec, bien qu’on trouve de nombreux monuments et lieux de commémoration informels rappelant des catastrophes naturelles passées, ces dernières sont largement sous-représentées dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. L’un des repères commémoratifs matériels les plus connus est la Petite Maison Blanche, témoin du déluge du Saguenay en 1996. Cette communication propose une étude de ce cas, à travers une analyse du discours patrimonial qui a été construit autour de l’événement. D’abord, le site met l’accent de façon importante sur le caractère exceptionnel de l’événement, ainsi que sur la résistance du bâtiment et sur la ténacité des personnes qui ont subi la catastrophe. Cependant, sa présence à cet endroit est peu mise en contexte, et les causes de la catastrophe sont peu expliquées. Les ruines des bâtiments qui entouraient la maison avant le déluge ont majoritairement été effacées, ce qui écarte en partie la destruction de l’occupation ancienne au profit du seul bâtiment qui a résisté. Ensuite, la Petite Maison Blanche est présentée comme un symbole du courage et de la détermination de la population saguenéenne, contribuant à une identité, une appartenance et une fierté régionale. En ce sens, la narration patrimoniale affirme même une certaine supériorité de la population sur l’aléas inondation, ce qui peut mener à une sous-estimation de son importance ainsi qu’à une augmentation de la vulnérabilité et du risque.
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Communication orale
Mise en oeuvre d'une pratique somatique en recherche-création pour retracer un paysage culturel à l'aide des technologies numériquesJie Yu (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Avec l'avènement de l'ère de l'art numérique, nous disposons de canaux plus pratiques pour communiquer et partager les créations artistiques. Cela nous offre également une plateforme favorable et davantage de possibilités de création-recherche pour la mise en place de projets interdisciplinaires et interculturels. En même temps, cette ère a également engendré la possibilité du croisement de certaines disciplines émergentes. Notamment, deux disciplines pionnières, la pratique somatique (Hanna, 1986 ; Rufo 2021) et le paysage culturel (UNESCO, 2003 ; Camenzuli, 2009), m’ont inspiré de nouvelles idées. Malgré les nombreuses recherches déjà réalisées, ces deux dernières disciplines sont encore isolées et manquent de fusion mutuelle. Afin d'explorer clairement ce qu’est une pratique somatique en recherche-création et comment la mettre en oeuvre pour retracer un paysage culturel à l’aide des technologies numériques, j’ai consulté les perspectives et les méthodes de recherche de pionniers en parcourant la littérature abondante sur la pratique somatique et le paysage culturel.
Commémoration et patrimoine historique
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Communication orale
Quand l’étude d’une garde-robe confirme l’image commémorée : Elsie Reford et la modePhilippe Denis (Les Amis des Jardins de Métis/Reford Gardens)
Elsie Reford, une grande bourgeoise montréalaise et métissienne, a été célébrée pour le 150e anniversaire de sa naissance. Une partie de cette célébration est l’exposition en vogue, Elsie Reford et la mode. Elle explore comment Elsie Reford a bousculé les conventions et la morale victorienne. Elle a participé à la fondation du Women Canadian Club pour donner accès à la culture aux femmes de son milieu. L’exposition démontre comment les illustrations de mode publiées dans les magazines féminins de la seconde moitié du XIXe siècle ont influencé les jeunes filles. Elle a également montré comment ces images peuvent inculquer des valeurs. Elsie Reford a montré qu’elle était conforme en surface, mais qu’elle cherchait à prendre sa place dans un monde masculin et à inviter ses contemporaines à la suivre. Cette exposition complète le discours déjà avancé à travers l’exposition permanente Elsie vue par… et le récent ouvrage Elsie Reford : 150 objets de passion. Cette communication a pour but de mettre en lumière le fait que même si Elsie Reford était une gardienne des conventions victoriennes, elle était en fait bien plus avant-gardiste que ce à quoi on pourrait s’attendre. Elle a été considérée comme une marginale par certains , mais elle a également ouvert la voie à beaucoup de femmes qui cherchaient à prendre leur place. Elle démontre comment les images publiées dans les magazines féminins ont influencé les jeunes filles et les ont aidées à développer leur personnalité.
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Communication orale
Commémorer oui! Mais quand, avec qui, pour qui et pourquoi?Alexandre Dubé (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Érik Langevin (UQAC)
L’acte de commémorer semble aujourd’hui soulever bien des passions. Le déboulonnage des statues, au propre comme au figuré, semble parfois s’opposer à l’idée même de commémorer tant les héros du passé semblent désormais parfois inacceptables. Les « moments fondateurs » de jadis semblent aujourd’hui entachés d’un legs empoisonné. Que souligner, désormais? À l’encontre d’un certain discours qui ferait de la posture d’opposition aux célébrations du passé une des crises propres à notre temps, cette présentation s’attardera à démontrer comment les commémorations sont toujours nécessairement contestées, et contestables. Au-delà cependant de cette simple constatation, nous souhaitons montrer comment les commémorations sont, pour emprunter des termes au philosophe John Dewey, des moments d’assemblement, marqués par une volonté de donner forme à un événement méconnu, et d’en prendre à témoin une communauté constituée pour l’occasion. C’est la nature de la communauté souhaitée, et le rôle reconnu aux médiateurs porteurs de ce type de projet (experts patentés ou notables locaux) qui est contesté, contestable, et modulable. Cette communication se penchera donc sur les efforts de constitution d’une commémoration en cours à Ville Saguenay. En effet, en 2026, sera célébrée à Saguenay, le 350e anniversaire de la fondation du poste de traite de Chicoutimi, un bâtiment qui demeurera ouvert pendant plus de deux siècles et qui a fait l’objet de nombreuses fouilles archéologiques.
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Communication orale
La commémoration au gouvernement du Québec : définitions, moyens et acteursMarie-Eve Ouellet (ministère de la Culture et des Communications)
Au Québec, le domaine de la commémoration est partagé entre de nombreux acteurs, tant au sein de l’État que dans la société civile. Les ministères et organismes du gouvernement du Québec occupent une place importante dans ce paysage, étant les initiateurs d’un éventail de gestes commémoratifs, allant de la toponymie aux plaques commémoratives, en passant par les jours commémoratifs annuels, les anniversaires ponctuels et la désignation de personnages, d’événements et de lieux historiques. La commémoration est parfois confondue avec le patrimoine, avec lequel elle nourrit un dialogue autour de problématiques communes qui touchent la transmission, la protection et la mise en valeur, mais également de questionnements plus larges sur l’identité et la mémoire. À travers la Stratégie québécoise de commémoration et le Cadre de référence pour la commémoration gouvernementale, dévoilés par le gouvernement du Québec en 2022, cette communication a pour but de définir la commémoration et ses liens avec le patrimoine et de préciser ses contours dans le contexte gouvernemental en présentant ses moyens et ses principaux acteurs au sein de l’État québécois.
Cocktail réseautage et commémoration en mémoire d’Élizabeth Kaine
Commémoration et patrimoine muséologique
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Communication orale
La Table Ronde de Santiago : une commémoration perpétuelleAnna-Lou Galassini (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La Table Ronde de Santiago du Chili est sans aucun doute une des rencontres les plus marquantes pour la muséologie du XXe siècle ayant inspiré de nombreuses générations de professionnels et muséologues au travers du globe. Aujourd’hui, il semble être question plus que jamais de l’application de ses principes dans un contexte contemporain, pour preuve, la nouvelle définition de « musée » soumise au vote par ICOM a l’été 2022. Cette définition sous-tend le concept de « musée intégral », incitant les institutions à prendre en compte une multitude d’enjeux sur son territoire afin de s’y ancrer. On peut alors émettre l’hypothèse que les auteurs de ces deux textes ne sont pas étrangers aux multiples ouvrages, articles, évènements anniversaires célébrants la Table Ronde depuis maintenant un peu plus de cinquante années. Ainsi, cette communication questionnera les formes que prennent ces commémorations. Comment, au fil de celles-ci, les principes de la Table Ronde de Santiago du Chili ont-ils évolué? À cet égard, quelle singularité observe-t-on dans le contexte Québécois ?
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Communication orale
Peut-on parler de commémoration muséale de l’immigration au Québec?Nada Guzin Lukic (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les musées de l’immigration érigés pour la plupart sur les lieux de mémoire comme à Halifax, New York ou Melbourne commémorent le moment de l’entrée au pays. Ce n’est pas le cas du port de Québec, l’entrée principale des immigrants au Canada jusqu’au milieu du XXe siècle. Malgré ce riche héritage, l’idée d’un musée de l’immigration au Québec n’a jamais abouti. Il est probable que les pratiques d’inclusion au Québec s’inscrivent davantage dans l’approche interculturelle de rencontre que de création des institutions séparées vouées à l’immigration. Compte tenu ce contexte muséal et sociétal, comment les expositions présentent les mémoires et les héritages des immigrants? La dynamique des communautés issues de l’immigration est complexe. Leur hétérogénéité ethnoculturelle, leurs identités plurielles notamment de 2e et 3e générations, leurs parcours transnationaux, sont difficiles à cerner. L’approche par la pluralité et égalité des mémoires permet-elle de sortir des problématiques identitaires? Quels groupes, histoires et évènements sont-ils commémorés? Ces questions seront élaborées à partir des pratiques actuelles de représentations de l’immigration au musée.
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Communication orale
La commémoration au sein des musées d’art de type « organisation culturelle de marché » : le cas de l’espace Riopelle au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ)Sarah Turcotte (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication propose de retracer la logique marchande ayant transformé plusieurs grands musées d’art occidentaux depuis le milieu du 20e siècle afin de mieux comprendre la manière dont la commémoration s’effectue aujourd’hui dans les établissements qui assument dorénavant un rôle économique. Plus spécifiquement, la célébration du centenaire de Riopelle au MNBAQ à partir de l’inauguration d’un nouvel espace est étudiée. Étant l’un des plus importants musées d’art au Québec, le MNBAQ dispose d’une influence considérable dans les marchés de l’art. Sa situation géographique et sa programmation diversifiée d’activités l’inscrivent tel un acteur dans les industries du tourisme et du loisir. Le musée emprunte ainsi les modalités d’interactions que l’on peut associer à l’« organisation culturelle de marché » afin de s’activer dans le secteur marchand. Dans la foulée des célébrations du centenaire de Riopelle, le MNBAQ inaugurera un nouvel espace entièrement consacré à l’artiste. Cet acte commémoratif, impliquant un concours d’architecture qui permettra au bâtiment d’être oeuvre, adopte une vision internationale et vise entre autres l’introduction de projets d’art numérique ainsi que de « dispositifs innovants » permettant la personnalisation de l’expérience (MNBAQ, 2023). Il est alors intéressant de se pencher sur la manière dont cette forme de célébration entre en rapport avec l’idée d’« organisation culturelle de marché ».
Commémoration et patrimoine artistique
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Communication orale
Patrimonialisation des arts vivants : pratiques, savoirs et signification à l’épreuve de la commémorationYves Jubinville (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au Québec, faute d’une institution nationale consacrée à la conservation et à la valorisation du patrimoine des arts vivants, la sélection des pratiques et des objets patrimoniaux dans ce domaine a été déterminée d’une façon organique par les acteurs eux- mêmes, mais également par les communautés et les milieux artistiques. Dans cette communication, nous examinerons quelques exemples illustrant la spécificité des processus patrimoniaux à l’œuvre dans le champs théâtral en particulier. Nous tenterons d’en saisir les enjeux au regard de la réalité complexe des objets et des pratiques en cause. Car le patrimoine du théâtre est en effet multiple. À la fois matériel (décors, costume, monument) et immatériel (codes de jeu, savoirs techniques), esthétique (conventions scéniques et dramatiques) mais également expérienciel (la sortie au théâtre), sa mise en patrimoine ne saurait ignorer la diversité des significations, des savoirs et des valeurs qui convoquent de la part des acteurs des formes de médiation capables de restituer dans le présent un passé fragmenté. Dans ces processus que nous chercherons de décrire et d’expliciter, une attention spéciale sera accordée à la phase cruciale de la commémoration, en partant de cas concrets récents, au Québec et ailleurs, qui montrent bien comment le patrimoine des arts vivants est l’objet de discours mobilisant des systèmes de justification hétérogènes.
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Communication orale
La nostalgie au service du patrimoine?Jessie Morin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Cette communication interroge l’évolution de la représentation du patrimoine à l’écran au cours des trente dernières années dans les fictions historiques télévisuelles québécoises. Elle montre les manières dont la commémoration de ces oeuvres permet l’évocation d’une certaine nostalgie, mais heurte aussi certaines sensibilités contemporaines. Le caractère historique de la fiction, central au questionnement de notre recherche, touche à la mémoire collective à travers un imaginaire national (re)construit selon l’époque. Beaucoup plus accessibles que les écrits scientifiques produits par des historiens professionnels, ces oeuvres ouvrent la porte à une histoire populaire qui imprègne la société. Afin de répondre à nos questionnements, nous avons choisi d’effectuer une analyse qualitative des discours verbaux, visuels et paratextuels dans une perspective diachronique. Cette démarche nous offre une vue d’ensemble de l’évolution des discours sur le patrimoine matériel et immatériel au cours des trente dernières années tel qu’il se construit à l’écran. La conception de ces fictions à titre de produits du patrimoine culturel québécois permet leur commémoration. Celles-ci ont lieu la plupart du temps afin de célébrer les 10 ans, 30 ans, voire 50 ans des séries et ce sous différentes formes. Ce faisant, ces productions culturelles invitent à réinterroger les référents identitaires et à (re)construire le patrimoine.
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Communication orale
L’Office national du film : faire rayonner le patrimoine québécois à l’internationalDagmar Schmelzer (Universität Regensburg)
L’Office National du Film (ONF) a été créé en 1950 et a depuis lors produit des images du Canada pour les Canadiens et le public mondial. Au cours des années, l'ONF s'est adapté aux changements de la société et a encouragé une plus grande participation citoyenne à travers des projets vidéo des années 1970. De plus, des citoyens issus de l’immigration se sont impliqués et ont élargi l’éventail des sujets abordés, y compris des sujets internationaux. Depuis le lancement du Plan d’action de 2017, le soutien à la création cinématographique autochtone est devenue l’une des priorités de l’ONF. Les films documentaires produits par l’ONF au cours des 70 dernières années sont un précieux patrimoine pour le Québec en raison des archives visuelles de l’histoire quotidienne et sociale qu’ils fournissent. L’ONF accorde une grande importance à la conservation et à la mise à disposition de ce patrimoine et met à disposition des versions restaurées et commentées des films canoniques des années 1950 à 1970 et crée des longs métrages commémoratifs, des documentaires historiques et des métaperspectives à partir de matériel d’archives. Les images mises à la disposition d’un public transnational orientent la perception du Québec à l’international et contribuent au Nationbranding et à la Public diplomacy. En plus de rappeler et de refléter le passé, ces images ouvrent des desiderata et contribuent à la compréhension et à l’élaboration d’un projet collectif pour l’avenir du pays.
Dîner libre
Commémoration et patrimoine autochtone/noir
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Communication orale
Commémoration du passé esclavagiste et relecture des patrimoines urbains : le cas de NantesAnne-Marie Broudehoux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En 1998, alors qu’on souligne le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage par la France, la ville de Nantes prend l’initiative de reconnaître publiquement son passé esclavagiste, longtemps occulté et réduit au silence. Cette initiative, saluée, sera la source de nombreuses remises en question et aura d’importantes répercussions sur l’image de la ville, sur son rapport au passé, à la nation, à la citoyenneté. Cette communication trace les divers efforts accomplis par la ville de Nantes, depuis un quart de siècle, pour réécrire sa propre histoire et mettre en mémoire un passé difficile. Elle s’intéresse aux processus impliqués dans la réinterprétation de son paysage urbain et de son patrimoine historique, à la lumière d’une relecture du passé collectif et de l’adoption d’une nouvelle identité urbaine. Elle s’intéresse aux divers mécanismes par lesquels cette nouvelle version de l’histoire se concrétise sur le terrain, en rendant visible, dans l’espace public, les traces de ce commerce honteux. Cette étude se penche également sur les nombreux débats qui ont permis de mettre de l’avant cette nouvelle version de l’histoire collective, et d’entamer un processus de réconciliation, tout en évitant le blâme et sans sentiment de culpabilité ni volonté de repentance. Elle révèle aussi la ligne mince entre histoire et mémoire, entre les faits éprouvés et les récits qu’on se raconte et met en garde contre une instrumentalisation de la mémoire afin de servir certains intérêts.
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Communication orale
Enjeux sociaux et politiques de la commémoration du patrimoine linguistique autochtoneRenée Lambert-Brétière (Université du Maryland, Comté de Baltimore), Yvette Mollen (Université de Montréal)
Cette conférence a pour but d'analyser la place qu’occupe la commémoration dans la reconnaissance et la sauvegarde du patrimoine immatériel autochtone au Québec. Ce patrimoine est formé « des expressions, des valeurs, des coutumes, des langues, de la tradition orale, des modes de vie traditionnels, de la créativité, de l’adaptabilité et, en définitive, de tout ce qui fait le caractère distinctif d’un peuple. » (Grattan, 2006) Nous nous pencherons plus particulièrement sur le patrimoine linguistique autochtone. Des onze langues autochtones répertoriées sur le territoire du Québec, deux n’ont plus de locuteurs natifs (le huron-wendat et le malécite), une est en situation très critique (l’abénaquis), trois sont fortement en danger (le mohawk, le mi’kmaq et l’algonquin) et l’innu, l’atikamekw, le cri, le naskapi et l’inuktitut, bien que relativement mieux préservées, sont gravement menacées. Au Québec et à international, il y a un consensus quant à l’importance de la sauvegarde des langues minoritaires et du respect de la diversité linguistique et culturelle. C’est dans ce contexte que nous examinons le rôle joué par la commémoration pour la vitalité des langues autochtones du Québec. Plusieurs événements commémoratifs visent à souligner le patrimoine linguistique autochtone, du Québec et d’ailleurs. Nous suggérons que la commémoration constitue à la fois un outil de résistance contre l’effacement des langues et cultures autochtones et un instrument de politique nationale.
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Communication orale
L’art comme « zone de contact » entre autochtones et allochtones : une médiation commémorative et réconciliatoire?Gabrielle Desgagné (Institut du Patrimoine, UQAM), Rébéca Lemay-Perreault (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maryse Paquin (UQTR)
Depuis les années 1990, l’art est utilisé par les Premiers Peuples comme une stratégie politique de commémoration de l’histoire des pensionnats et des foyers fédéraux et, plus largement, à des fins de revendication, de guérison et d’agentivité. Pour la muséologue Jaimie Lyn Isaac, au-delà de sa valeur thérapeutique pour les survivants, l’expérience artistique se présente comme une clé importante du processus de réconciliation : « “des zones de contact” pour se rencontrer, pour perturber les binômes “nous” et “eux”, entre privilèges et circonstances ». Le concept de « zone de contact », jalonne les études postcoloniales et décoloniales depuis trois décennies pour décrire les espaces où les « cultures se rencontrent, s’entrechoquent et s’affrontent». Et si la dynamique sous-jacente est bien celle de la lutte de pouvoir, notamment issue du colonialisme, au sein des musées et des lieux de patrimoine, les « zones de contact » sont aussi devenues des espaces de collaboration visant justement à briser prémisses relationnelles hautement asymétriques dans une perspective dialogique et autocritique. Comment l’expérience artistique joue un rôle de médiation, assumant une fonction commémorative et délimitant une zone de contact, un espace de rencontre autochtone-allochtone, les engageant ainsi dans un processus de réconciliation? Afin de répondre à cette question, nous proposons d’orienter notre réflexion sur trois axes.
Synthèse du colloque
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Communication orale
SynthèseJean-Marie Lafortune (UQAM - Université du Québec à Montréal)