Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les violences faites aux filles et aux femmes (VFFF) constituent un problème social et de santé publique majeur, reconnu internationalement, qui demeure aujourd’hui au cœur des préoccupations militantes, universitaires et gouvernementales. Beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années pour les rendre plus visibles. Les différentes vagues de dénonciation #MoiAussi ont grandement contribué à leur dénonciation publique. Les militantes et les intervenantes féministes font entendre leur voix depuis les années 1970, mais aujourd’hui, autant le milieu de la recherche que celui des médias s’intéressent à cette problématique.
Ce colloque s’inscrit dans la programmation de SAS-Femmes, un collectif interdisciplinaire, intersectoriel et intersectionnel de recherches et d’actions qui vise à assurer la sécurité, l’autonomie et la santé de toutes les femmes, et plus spécialement celles victimes de violences, quelles qu’elles soient. Les recherches menées dans le cadre de SAS-Femmes sont entièrement réalisées en partenariat avec des milieux de pratique. Ce type de recherche permet de décloisonner les savoirs et de générer des productions théoriques, empiriques et pratiques proches des réalités des personnes concernées par la question des VFFF et préoccupées par les solutions à apporter en vue de prévenir ces violences ou, le cas échéant, intervenir correctement auprès de celles qui en sont victimes et en vivent les conséquences.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Marie-Marthe Cousineau (UdeM - Université de Montréal)
- Anne-Marie Nolet (UdeM - Université de Montréal)
- Madeline Lamboley (Université de Moncton)
- Marisa Canuto (UdeM - Université de Montréal)
- Andréa Lagorse (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Différentes facettes de la violence coercitive
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Communication orale
Penser la coercition reproductive en stratégies de contrôle : proposition d’un outil de mesure et validation auprès d’un échantillon de la communautéMarie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Ariane Jean-Thorn (Université du Québec à Montréal), Simon Lapierre (Université d'Ottawa), Sylvie Lévesque (UQAM - Université du Québec à Montréal), Catherine Rousseau (Université du Québec à Montréal)
Comprise comme une forme de violence basée sur le genre, la coercition reproductive (CR) a globalement été réfléchie en regard des moments où elle se produit : avant la survenue d’une grossesse, à la survenue de la grossesse et lors de la poursuite ou l’arrêt de cette grossesse. Cette façon de mesurer la CR en contexte de relations intimes ne permet pas suffisamment de capter la complexité associée à cette violence. Nous proposons une conceptualisation qui repose sur les stratégies mises en place par l’agresseur. Nous avons sondé 385 participantes recrutées par le biais des médias sociaux, d’organisations et de cliniques œuvrant en santé reproductive, des organismes d’hébergement en violence conjugale et les partenaires du projet entre les mois de septembre 2020 et avril 2021. La CR a été mesurée avec 28 items adaptés des échelles de mesure recensées et inspirés par des comportements de CR documentés dans les études qualitatives. L’Échelle des stratégies de coercition reproductive qui comporte 14 items est un outil de mesure autorapporté. Des analyses factorielles nous ont permis de dégager que la CR est un construit multidimensionnel qui se divise en trois sous-échelles: 73,4% des participantes rapportent avoir subi au moins un geste de Prise de contrôle sur la contraception, alors que 8,7% indiquent avoir subi un geste de Menaces et violence et 14,5% ont été victimes de Leurres et mensonges, portant atteinte à leur autonomie reproductive. Nous discuterons ces résultats.
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Communication orale
Mieux comprendre la coercition reproductive en contexte de violence conjugale et familiale au prisme du contrôle coercitifCarole Boulebsol (UdeM - Université de Montréal), Marie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Sylvie Lévesque (Université du Québec à Montréal)
La coercition reproductive (CR) est une forme de violence basée sur le genre qui se manifeste par l’intermédiaire de stratégies intentionnelles de contrôle de la reproduction d’une personne, laquelle se retrouve alors privée d’autonomie reproductive. Si Katz (2022) identifie la CR comme l’une des stratégies de violence sexuelle utilisées par un conjoint pour exercer son emprise, la sexualité est loin d’être le seul domaine envahi et les conjoints ne sont pas les seuls à pouvoir exercer cette violence. Des moyens physiques, discursifs, psychologiques, économiques, matériels, symboliques et spirituels peuvent aussi être utilisés à l’intérieur d’un arsenal pour tenter d’enrayer la liberté reproductive et répondre aux seuls intérêts d’un conjoint mais aussi de membres de la (belle)famille. Au Canada, comme au Québec, la problématique est encore peu connue. Dans une perspective féministe intersectionnel, l’articulation des concepts de l’écologie des violences et du contrôle coercitif permet d’éclairer l’analyse thématique des témoignages recueillis auprès de femmes victimes de CR, nées au Québec (n=9) ou ayant immigré dans la province (n=9). Les résultats se déclinent en trois ensembles : les profils et les expériences-types, les terrains minés et les terrorismes de l’intimité et enfin les objectifs et logiques des différentes stratégies de contrôle du potentiel reproductif. À la lumière de leur discussion, des pistes pour la recherche et les pratiques sont proposées.
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Communication orale
Décrire et comprendre les expériences de femmes en contexte sectaire à la lumière du contrôle coercitifMarie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Andréa Lagorse (UdeM - Université de Montréal)
Il est établi que certains types de crimes sont plus susceptibles d’être perpétrés à l’encontre des femmes, tout comme certains contextes, relations intimes ou conjugales en particulier, sont plus propices à voir se développer différentes formes de violence principalement dirigées contre les femmes. Considérant le fait que ce sont des types de violence que l’on retrouve également en contexte sectaire, cette recherche a pour objectif de cerner l’expérience de femmes dans les groupes sectaires en mettant l’accent, le cas échéant, sur les expériences de victimisation. À l’aide d’une méthodologie qualitative, huit entrevues de type récits de vie ont été menées avec d’anciennes membres de groupes sectaires. Les témoignages ont été analysés selon une perspective féministe, en se basant sur la théorie du contrôle coercitif de Stark (2007). Les résultats s’articulent autour de six principaux thèmes : le processus d’engagement des femmes dans un groupe sectaire, leurs rôles au sein de ces regroupements, les conséquences de cet engagement sur leur vie, le processus de sortie de ces communautés, les difficultés auxquelles elles peuvent faire face après avoir quitté le groupe et, enfin, les stratégies utilisées par les leaders pour les contrôler. À la lumière des résultats, il se dégage un réel besoin de sensibilisation et de formation sur la compréhension des expériences sectaires spécifiques aux femmes dans le but de leur venir en aide tout en respectant ce qu’elles ont vécu.
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Communication orale
Dévoilement et demande d’aide des femmes aînées aux prises avec la violence conjugale : un examen de la portée des connaissancesKim Dubé (Université du Québec en Outaouais), Isabelle Marchand (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Bien que la problématique des violences conjugales subies par les femmes aînées demeure peu documentée (Meyer, 2020), l’information qui est actuellement disponible à ce sujet porte plutôt la prévalence de la violence conjugale, les risques, les conséquences ainsi que sur les stratégies d’adaptation des femmes (Cook et coll., 2011; Lagdon et coll., 2014; Meyer et coll., 2020; Montminy et Drouin, 2021; Pathak et coll., 2019; Yan et coll., 2015). Il existe très peu d’écrits, encore moins en français, portant sur les contextes et les freins au dévoilement de la violence vécue ainsi qu’à la demande d’aide des femmes aînées aux prises avec la violence conjugale. Peu de femmes aînées font des demandes d’aide (Band-Winterstein et Avieli, 2022; Bhatia et Soletti, 2019; FHMFQ, 2022), qu’elles soient formelles ou informelles (Sanz-Barbero et coll., 2022; Zink et coll., 2003). D’ailleurs, plusieurs femmes aînées hésiteraient à avoir recours aux différents services en violence conjugale parce qu’elles ne croient pas que ces services sont adaptés à leurs réalités, voire qu’ils ne sont conçus que pour des femmes plus jeunes (Charron et coll., 2009; Zink et coll., 2003). Cette communication a pour objectif de présenter les premiers résultats d’un examen de la portée des connaissances qui explore les freins au dévoilement et à la demande d’aide des femmes aînées aux prises avec la violence conjugale
Dîner
L’entourage des femmes victimes de violence conjugale dans une perspective réseau
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Communication orale
L’intervention centrée sur le réseau des femmes victimes de violence conjugale : les éléments à considérer dans le développement d’outilsHayfa Ben Miloud (Alliance MH2), Sylvie Bilton (Maison La Gitée), Annick Brazeau (Maison le Toit d'Erica), Madeline Lamboley (Université Moncton), Suzie Levasseur (Maison Anita Lebel), Anne-Marie Nolet (UdeM - Université de Montréal)
Chercheures et intervenantes s’entendent pour dire que le réseau social des femmes victimes de violence conjugale constitue un ingrédient important de leur sécurité à long terme. Des auteures se sont récemment prononcées en faveur du développement de pratiques centrées sur le réseau des femmes victimes de violence conjugale (Goodman, Banyard, Woulfe, Ash et Mattern, 2016 ; Goodman et Smyth, 2011 ; Nolet et Lamboley, 2022 ; Nolet, Morselli et Cousineau, 2021). Selon elles, améliorer le réseau dans lequel les femmes retournent après l'intervention en milieu formel permettrait de favoriser leur sécurité et leur émancipation à long terme. En accord avec une telle proposition, des maisons d’hébergement pour les femmes et enfants victimes de violence conjugale se sont donné comme priorité de développer l'aide aux proches (Fedida et Dorion Laurendeau, 2019). Dans cette présentation, nous aborderons les éléments à considérer pour développer des outils d’intervention utiles aux milieux de pratiques. Il sera question, plus précisément, du processus partenarial, des principes à respecter et des caractéristiques des milieux de pratiques, en ce qui concerne notamment l’éloignement géographique ou les différences interculturelles.
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Communication orale
Les besoins et l’expérience des proches de femmes victimes de violence conjugale : premiers résultats d’une recherche en coursMarie-Marthe Cousineau (UdeM - Université de Montréal), Sam Forget-Proulx (Université de Montréal), Madeline Lamboley (Université de Moncton), Anne-Marie Nolet (Université de Montréal)
Alors que leurs proches sont souvent les premières et parfois même les seules personnes auxquelles les femmes victimes de violence conjugale demandent de l’aide (Goodkind et coll., 2003 ; Goodman et coll., 2005 ; Levendosky et coll., 2004 ; Mancini et coll., 2006 ; Rose et coll., 2000), la majorité d’entre elles se voient confrontées à des réactions qu’elles considèrent négatives lorsqu’elles se confient (Trotter et Allen, 2009; Nolet et coll., 2020). Les raisons pour lesquelles les proches réagissent négativement ou inadéquatement, du point de vue des victimes, sont nécessairement complexes et ont fait l’objet de peu d’études. Afin de combler ce manque, une recherche a récemment amorcée visant à mieux comprendre l’expérience et les besoins des proches dans le but, ultimement, de développer un outil d’intervention s’adressant à ceux-ci. Cette présentation s’inscrit dans la première phase du projet, qui consiste à réaliser un sondage web auprès de membres de l’entourage de femmes victimes de violence conjugale. Les premiers résultats sont présentés et discutés en lien avec la recension d’écrits sur le sujet et plus largement les connaissances développées sur la violence conjugale ou la violence dans les relations intimes.
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Communication orale
L’impact du réseau social sur la sortie à long terme de la violence entre partenaires intimes de femmes immigrantes et raciséesMarie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Madeline Lamboley (Université de Moncton), Anne-Marie Nolet (Université de Montréal), Catherine Volpe (Université de Moncton)
Sortir d’une situation de violence entre partenaires intimes (VPI) est un enjeu de taille pour les femmes qui en sont victimes qui font face à de nombreux obstacles liés à la dénonciation de la VPI, comme la peur de ne pas être crue, ou la crainte de représailles de la part de l’agresseur. D’autres facteurs vont influencer l’expérience vécue par les femmes, notamment le fait qu’elles soient immigrantes et racisées, et aussi le réseau social qui les entourent. Les femmes immigrantes et racisées font davantage face aux obstacles liés à la pauvreté, à la barrière de la langue, à l’isolement social ou à la dépendance économique. De surcroît, l’appartenance à une communauté minorisée peut engendrer d’autres barrières à la sortie de la VPI, comme la pression vécue pour rester avec le conjoint violent, le manque de confidentialité lié à situation, ou le fait d’être rejetée de sa communauté, en plus d’un statut d’immigration qui peut s’avérer précaire. Une lunette d’analyse féministe intersectionnelle montre que ces vulnérabilités supplémentaires sont interreliées à d’autres systèmes d’oppression tel le patriarcat, l’hétérosexisme ou le racisme. Cette communication se basé sur des données qualitatives de type récits de vie issues de trois recherches menées auprès de 18 femmes immigrantes et racisées entre 2009 et 2020. Elle vise à montrer comment le réseau social de ces femmes peut aider ou, au contraire, nuire voire être une source de danger pour la sortie d’une situation de VPI.
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Communication orale
Appréhender les expériences de violence conjugale post-séparation des mères comme des processus dynamiques en réseau pour mieux les comprendreKsenia Burobina (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication est basée sur une thèse de doctorat en sociologie qui se penche sur le vécu des mères victimes de violence conjugale post-séparation dans un contexte des litiges sur la garde d’enfants au Québec, un projet qui enquête sur les mécanismes de maintien de la violence dans ces contextes. Le projet procède par l’étude qualitative de cas multiples, dont les données sont constituées d’entretiens avec des mères et des documents relatifs aux litiges. Les écrits des dernières années ont montré la centralité des litiges de garde dans la violence post-séparation vécue par les mères. Ces situations ont tendance à être complexes et ont le potentiel de durer pendant plusieurs années. De plus, ces contextes sont propices à la mobilisation d’un grand nombre d’acteurs et actrices. Les données du projet présenté corroborent ces conclusions. L’analyse proposée met en visibilité l’influence exercée sur le vécu de ces mères par différents acteurs et actrices de leurs réseaux élargis (familles, ami.e.s, acteurs judiciaires et des réseaux de la santé, etc.), tout comme par des actants non humains (jugements, documents, etc). La communication soutient l’importance de la dimension temporelle dans ces vécus et entre autres met en lumière les effets qu’ont sur le présent les projections du passé et de l’avenir anticipé.
La démarche à la base de la communication est orientée par les écrits féministes et s’intéresse à la perspective des mères sur leurs parcours, souvent invisibilisée
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Communication orale
La perception des femmes atteintes de fibromyalgie du Saguenay-Lac-Saint-Jean : des conditions nécessaires à leur participation socialeAnnie Dumont (Université du Québec à Chicoutimi), Catherine Flynn (Université du Québec à Chicoutimi), Julie Godin
La fibromyalgie est caractérisée par des douleurs chroniques difficilement explicables vu l’absence de marqueurs biologiques (Barker,2005, Wheeler,2011). La douleur impacte de façon importante les conditions de vie des femmes qui en sont atteintes (Arnold et coll.,2008) ainsi que leur participation sociale (Yaghmaian,2016), laquelle est à la fois un phénomène individuel et collectif influencé par le milieu dans lequel la personne évolue et les inégalités sociales auxquelles elle fait face (Raymond et coll,2008). Ce projet s’intéresse à la réalité des femmes atteintes de fibromyalgie de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ) afin de prendre compte de l’influence de l’organisation du milieu et des politiques publiques en matière de santé sur leur accès aux conditions permettant l’actualisation de leurs rôles sociaux. Cette communication vise à répondre à la question suivante : comment les femmes atteintes de fibromyalgie âgées de 18 à 64 ans perçoivent-elles les différentes conditions nécessaires à leur participation sociale? Reposant sur une douzaine d’entrevues la présentation traitera : 1) des obstacles rencontrés dans l’actualisation de leur participation sociale, 2 les différentes formes de soutien formel et informel auxquelles elles ont eu accès dans la région, 3) des stratégies qu’elles ont mobilisées pour actualiser leurs rôles sociaux et des conséquences du recours à ces stratégies, et 4) leur aspiration en matière de participation sociale au sein de la région.
Mieux comprendre les violences sexuelles pour mieux agir
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Communication orale
Les violences sexuelles en contexte de violence conjugale : recension systématique sur les pratiques d’interventions prometteuses pour les femmesStéphanie Couture (Université du Québec à Montréal), Marianne Cuerrier, Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Catherine Flynn (Université du Québec à Chicoutimi), Martine Hébert (Université du Québec à Montréal), Louise Lafortune (Regroupement des maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale)
Les violences sexuelles en contexte conjugal sont associées à des conséquences négatives importantes sur la santé des femmes. Cette forme de violence soulève des enjeux spécifiques pouvant être négligés lors d’interventions en violence conjugale. Les interventions actuelles offertes aux survivantes de violences sexuelles dans ce contexte ont besoin d’être renforcées et actualisées pour mieux refléter la réalité et répondre aux besoins des femmes. L’objectif de cette recension systémique est de documenter les pratiques d’intervention prometteuses en matière de violences sexuelles en contexte conjugal. Au total, 43 articles scientifiques ont été identifiés à partir des bases de données PubMed, PsychINFO, SAGE Journals et Gender Studies. Les pratiques prometteuses ont été analysées selon les principes clés de l’approche sensible aux traumas. Plusieurs recommandations pour les intervenantes découlent de cette analyse, dont s'engager dans un processus transparent pour rétablir la confiance, offrir des occasions de partager avec d'autres survivantes et laisser aux survivantes la liberté de se remettre des violences de la manière qui leur convient le mieux. Les interventions devraient être adaptées en fonction des pratiques prometteuses afin que les intervenantes soient mieux outillées pour identifier les cas de violence sexuelle, apporter un soutien aux femmes, minimiser l’impact de cette violence sur leur bien-être, et prévenir la revictimisation sexuelle.
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Communication orale
Cinq principes-clés pour dispenser une éducation à la sexualité adaptée aux besoins des adolescentes victimes de violences sexuelles en contexte de relations intimesGeneviève Brodeur (Université du Québec à Montréal), Stéphanie Couture (Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Roxanne Guyon, Martine Hébert (Université du Québec à Montréal), Sylvie Lévesque (Université du Québec à Montréal), Alison Paradis (Université du Québec à Montréal)
Les jeunes soulèvent un écart important entre ce qu'ils apprennent dans les initiatives d’éducation à la sexualité et ce qu'ils vivent dans la ‘‘vrai’’ vie. Ceci est particulièrement rapporté par les adolescentes qui ont subi des violences sexuelles dans leurs relations intimes (VSRI) et qui peuvent sentir que leurs réalités et besoins ne sont pas pris en compte dans les initiatives actuelles. Cette étude qualitative visait à identifier les principes-clés d’éducation à la sexualité du point de vue de de 100 adolescentes âgées de 14 à 19 ans qui ont rapporté au moins une expérience de VSRI. Les résultats d’une analyse de contenu effectuée à partir d’entretiens individuels semi-dirigés révèlent cinq principes-clés à promouvoir dans l’éducation à la sexualité : 1. Basée sur le consentement : promouvoir l'affirmation et le respect des désirs et limites sexuels ; 2. Positive : promouvoir la légitimation de la sexualité et du plaisir des filles ; 3. Accessible : dispenser des contenus obligatoires sur le consentement, délivrés de façons diversifiées; 4. Inclusive : considérer les besoins spécifiques des filles et renverser les inégalités entre les sexes ; 5. En temps opportun : éduquer assez tôt en tenant compte du développement psychosexuel. Les résultats soutiennent la pertinence d’éduquer au consentement, aux notions de plaisir, de désir et de connaissance de soi auprès des adolescentes victimes de VSRI, mais surtout de les impliquer dans les initiatives qui les concerne.
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Communication orale
Validation du concept sexuel de soi sexuel auprès d'adolescentes ayant vécu de la violence sexuelle en contexte de relations intimesStéphanie Couture (Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Martine Hebert (Université du Québec à Montréal), Jade Moran-Novash (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’adolescence est une période cruciale de la construction identitaire. Les premières expériences sexuelles, notamment les expériences de victimisation sexuelle par un partenaire intime (VSPI), peuvent avoir un fort impact sur le rapport que les jeunes ont avec la sexualité. Cette étude visait à examiner la structure factorielle du Sexuality Scale (Snell et Papini, 1989) et à comparer le concept de soi sexuel selon les expériences de VSPI vécues par les adolescentes. Les analyses ont été réalisées à partir du questionnaire auto-rapporté administré à deux sous-échantillons comprenant 1269 adolescentes âgées de 14 à 19 ans (Mage = 16,74 ans, ÉT = 1,44). Les analyses factorielles exploratoires et confirmatoires réalisées ont révélé un modèle optimal à quatre facteurs : l’estime de soi sexuelle, les pensées sexuelles intrusives, la dépression sexuelle et le désintérêt sexuel. Les résultats des Tests t révèlent que les adolescentes rapportant des expériences de VSPI présentent en moyenne une plus faible estime de soi sexuelle et davantage de dépression sexuelle que celles ne rapportant pas en avoir vécu. Les résultats révèlent aussi que la structure factorielle du Sexuality Scale auprès d’adolescentes diverge de celle que l’on retrouve auprès d’échantillons d’adultes, notamment avec l’ajout des dimensions de pensées sexuelles intrusives et du désintérêt sexuel, ce qui suggère que les survivantes de VSPI entretiennent un rapport différent à la sexualité
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Communication orale
« Tu n’en as jamais envie… » : Spécificités de genre dans la négociation des besoins, désirs et limites sexuels au sein des relations amoureuses à l’adolescenceStéphanie Couture (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mylene Fernet (Université du Québec à Montréal), Martine Hébert (Université du Québec à Montréal), Sylvie Lévesque (Université du Québec à Montréal), Alison Paradis (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les études antérieures rapportent des résultats mitigés concernant les différences de genre quant à la capacité des adolescent.e.s à exprimer leurs besoins, désirs et limites dans la sphère sexuelle. Cette étude qualitative vise à documenter la négociation des besoins, désirs et limites sexuels lors d'interactions où des dyades étaient invitées à discuter de leurs préoccupations sexuelles. Une analyse de contenu dirigée a été menée à partir des interactions de 40 dyades âgées entre 14 à 19 ans (M = 16,65 ; ÉT = 1,49). Les résultats révèlent deux catégories de stratégies où d’importantes spécificités de genre ont été notées. Globalement, les filles vont davantage réprimer leurs propres besoins, désirs et limites sexuels pour privilégier ceux de leur partenaire, alors que les garçons vont davantage prioriser leurs propres besoins, désirs et limites sexuels au dépend de ceux de leur partenaire. Plus précisément, les filles ont rapporté s'engager dans une activité sexuelle non désirée en s'efforçant d'atteindre l'orgasme rapidement pour éviter de la prolonger et les garçons ont fait preuve d'une négligence délibérée face aux besoins de leur partenaire en exerçant de la pression à s’engager dans une activité sexuelle non désirée. Les initiatives d'éducation à la sexualité devraient promouvoir l’affirmation de soi et la considération des besoins du partenaire afin de favoriser les activités sexuelles mutuellement satisfaisantes et prévenir les violences sexuelles.
Dîner
Formation et mobilisation des connaissances autour des violences faites aux filles et aux femmes
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Communication orale
Mobilisation des résultats de recherche pour prévenir les violences faites aux femmes autochtones: expérience de l'étude partenariale Trajectoires dans la communauté de ListugujMarie-Marthe Cousineau (Université de Montréal), Marie-Catherine Gagnon-Dufresne (UdeM - Université de Montréal), Mitchell Isaac (Maison d'hébergement Haven House), Sylvia Isaac (Maison d'hébergement Haven House), Sheila Swasson (Community Services, Listuguj Mi'gmaq First Nation Government)
Les acteur·rice·s de la communauté Mi’gmaq de Listuguj se mobilisent depuis des années pour que les gouvernements québécois et canadien reconnaissent les violences faites aux femmes autochtones comme une priorité politique. Pour les soutenir dans ce plaidoyer, l’étude Trajectoires a été créée, issue entre autres d’une collaboration entre la maison d’hébergement Haven House de Listuguj et Trajetvi à l’Université de Montréal. Cette étude partenariale et qualitative visait à comprendre les expériences de violences et de recours d’aide des femmes de Listuguj afin d’améliorer les services offerts pour elles dans et à l’extérieur de la communauté. Respectant les principes de la recherche avec les peuples autochtones, nous nous sommes engagé·e·s à produire des résultats utiles pour les partenaires. Au cours de l’été 2019, nous avons mené dix entretiens approfondis avec neuf femmes et un homme de Listuguj. En octobre 2022 et février 2023, nous avons organisé des ateliers avec divers groupes d’acteur·rice·s à Listuguj pour discuter des résultats, identifier des recommandations et établir des priorités d’action pour prévenir les violences dans la communauté. Cette expérience partenariale révèle qu’il est possible et bénéfique d’adopter des approches de recherche engagées, décoloniales et équitables afin de créer des savoirs pouvant être mobilisés pour l’action. Nous ferons le récit de ce partenariat dans le cadre de cette présentation.
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Communication orale
Ensemble contre la cyberviolence entre partenaires intimes : une campagne socio-numérique à l’intention des jeunes femmesGeneviève Brodeur (Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Roxanne Guyon (Université du Québec à Montréal), Martine Hebert (Université du Québec à Montréal)
La cyberviolence dans le contexte des relations intimes est prévalente. Les jeunes femmes (18-29 ans) sont les plus touchées. Pour mieux comprendre les besoins de sensibilisation des jeunes femmes, nous avons mené une étude à devis mixte dans laquelle 402 femmes au Québec ont rempli un questionnaire autoadministré et 29 femmes ont participé à des groupes de discussion en ligne asynchrones. Les résultats révèlent que les femmes souhaitent être sensibilisées aux différentes manifestations de la cyberviolence, des signes avant-coureurs, et de se sentir mieux outillées pour prévenir ou mettre fin aux situations de cyberviolence. Nos données suggèrent que les stratégies de sensibilisation sur les médias sociaux sont les plus susceptibles de les rejoindre. À la lumière de ces résultats, nous avons opté pour une approche participative en mobilisant un comité de consultation constitué des femmes du groupe cible. Cette démarche nous a permis de développer 14 vidéos et 200 messages de sensibilisation sur les manifestations de la cyberviolence, les drapeaux rouges, le rôle des témoins et des confidents. Les messages de prévention ciblés et les clips vidéo ont été diffusés sur trois plateformes (Facebook, Instagram, TikTok) entre mars et mai 2022, ce qui nous a permis d’enregistrer jusqu’à maintenant plus de 106 000 vues du public cible. Dans cette présentation, les principaux résultats, des exemples de ces messages ciblés et les données de portée de la campagne seront présentés.
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Communication orale
Les besoins de formation des membres du personnel scolaire afin de favoriser leur sentiment d’auto-efficacité en matière de prévention des violences dans les relations intimesGeneviève Brodeur (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mylène Fernet (Université du Québec à Montréal), Martine Hébert (Université du Québec à Montréal)
Les membres du personnel scolaire sont des acteurs et actrices essentiels à mobiliser dans les initiatives de prévention de la violence dans les relations intimes (VRI). Cependant, la plupart n'ont pas bénéficié d'une formation et évoquent un manque de confiance en leur capacité pour implanter des initiatives de prévention des VRI. L'équipe du programme Étincelles : Pour des parcours intimes positifs a identifié les besoins prioritaires en matière de formation à l'aide d'une méthode mixte. Tout d'abord, 108 membres du personnel scolaire ont rempli un questionnaire en ligne concernant leur sentiment d'aisance, leur auto-efficacité et les obstacles rencontrés dans la prévention des VRI. Puis, 15 membres du personnel scolaire ont participé à un entretien individuel pour partager leur expérience en matière de prévention des VRI. Les analyses descriptives et l’analyse de contenu révèlent que les membres du personnel scolaire désirent se renseigner sur les VRI, développer leur niveau de confort et clarifier leur rôle dans la prévention de la DV. Des activités clés en main, des réponses préformulées aux questions fréquentes, des moyens de rassurer les parents réticents peuvent renforcer leur auto-efficacité. Ils ont la volonté de se sentir soutenus et encouragés pour prévenir les VRI. Les résultats soulignent l'importance de fournir une formation au-delà des connaissances pour améliorer les attitudes envers la prévention des VRI et le sentiment d'auto-efficacité.
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Communication orale
L’identification des violences basées sur l’honneur (VBH) chez les étudiant.e.s collégiaux au Québec par les membres du personnelBryan Dallaire-Tellier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Estibaliz Jimenez (Université du Québec à Trois-Rivières)
Les violences basées sur l’honneur (VBH), phénomène de violence familiale, mais également communautaire, sont un phénomène largement méconnu et sous-représenté quant aux dénonciations (Conseil du statut de la femme, 2013). Dans les pays occidentaux, y compris le Canada, les VBH surviennent principalement dans les familles issues de l’immigration qui tentent de protéger et de rétablir l’honneur de la famille (Jimenez, Cousineau, Tanguay et Arcand, 2017). Du fait que le milieu scolaire accueille un nombre grandissant d’étudiantes et étudiants issus de l’immigration, il parait pertinent de se pencher sur le rôle des intervenant.e.s et autres membres du personnel en milieu collégial susceptibles de faire face à des situations soupçonnées ou avérées de VBH dans le cadre de leur travail. L’étude vise à documenter le niveau de connaissance des intervenant.e.s scolaires à l’égard des VBH, les besoins et les défis d’intervention qu’ils rencontrent concernant les VBH, pour finalement proposer des stratégies d’intervention en milieu scolaire adaptées à ce milieu. Pour ce faire, des intervenant.e.s psychosociaux.ales étant déjà intervenus en contexte de VBH ou pouvant être appelés à le faire ont répondu à un questionnaire en ligne ou ont participé à des entrevues individuelles et de groupe fournissant un riche corpus de données. La présentation fera état des premiers résultats obtenus et des pistes qui seront approfondies dans les étapes ultérieures de la recherche
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Communication orale
Prévalence et conséquences des violences sexuelles des femmes utilisatrices des services d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale au QuébecStéphanie Couture (Université du Québec à Chicoutimi), Mylène Fernet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Catherine Flynn (Université du Québec à Chicoutimi), Martine Hébert (Université du Québec à Montréal), Louise Lafortune (Regroupement des maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale)
La dernière enquête québécoise portant sur les violences sexuelles vécues par les femmes victimes de violence conjugale remonte à plus de 35 ans. Pourtant, il est reconnu que les violences sexuelles subies en contexte de relations intimes entraînent de nombreuses conséquences pour les femmes qui en sont victimes et nécessitent des interventions spécifiques. Notre étude vise à documenter la prévalence des expériences de coercition et de violence sexuelle vécues par les femmes en contexte conjugal, ainsi que leurs conséquences sur leur bien-être relationnel et sexuel. Des questionnaires ont été administrés à 250 femmes qui fréquentent des services d’hébergement dans 15 régions administratives au Québec. Des analyses descriptives permettront de mettre en lumière la prévalence des expériences de victimisation sexuelle des femmes, tandis que des analyses de régression multiple serviront à illustrer les impacts associés aux violences sexuelles en contexte conjugal. Les connaissances générées contribueront au développement d’interventions préventives, éducatives et cliniques mieux adaptées aux besoins et aux réalités des femmes survivantes de violence sexuelle.