Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Le colloque posera de nouveaux regards sur les jeunes en difficulté, qu’ils soient aux prises avec des situations de maltraitance, des troubles de comportement ou de la délinquance. Seront également explorées de nouvelles façons de favoriser leur intégration à la société. Le déroulement du colloque sera découpé autour de quatre axes. Le premier traitera des jeunes pris en charge en centres de réadaptation en abordant le recours à la contention et à l’isolement dans ces établissements et en analysant comment la prise de risque chez ces jeunes peut mener à des fugues. Le deuxième axe du colloque abordera le travail d’intervenant en protection de la jeunesse, tant en ce qui concerne leur exposition à la violence dans le cadre de leur travail que par la présentation d’un modèle conçu pour faciliter l’évaluation et la gestion des risques situationnels dans un milieu risqué. Le troisième axe portera sur les jeunes contrevenants. Après avoir abordé leur vulnérabilité suicidaire, nous examinerons plus en détail l’interaction entre le risque individuel et contextuel dans l’explicitation de la récidive chez les jeunes suivis en communauté. Finalement, le dernier axe s’attardera à l’intégration des jeunes à la société, que ce soit les jeunes qui fréquentent les organismes communautaires ou ceux qui sont dans une transition vers la vie adulte. En clôture de la journée aura lieu un cocktail visant à souligner les 20 ans de la désignation universitaire de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté du CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Date :- Denis Lafortune (UdeM - Université de Montréal)
- Catherine Laurier (CJM – IU - Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire)
Programme
Les jeunes en centre de réadaptation
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Communication orale
Facteurs qui contribuent à l’utilisation des mesures de contention et d’isolement en centre de réadaptation pour jeunes en difficulté : une revue systématiqueSteve Geoffrion (Université de Montréal), Bernard Paquito (Université de Montréal), Camille Roy (Centre d'étude sur le trauma)
Au Québec, environ 3000 jeunes pris en charge par la protection de la jeunesse sont placés en centre de réadaptation annuellement. L’objectif de ces centres est la réintégration sociale par la réadaptation. Quotidiennement, les éducateurs accompagnent des jeunes, composant avec des troubles graves du comportement tel que les troubles d’opposition, les idéations suicidaires et la délinquance. Pour ce faire, ils disposent de diverses stratégies d’intervention, dont les mesures de contention et d’isolement (MCI), méthodes thérapeutiques controversées. Or, aucune revue systématique récente n’a traité des facteurs contribuant à l’utilisation des MCI, la dernière datant de 2002. Une nouvelle revue systématique a alors été réalisée. Nous avons utilisé les bases de données bibliographiques PubMed, PsychNet, Cinahl et ERIC (2002 à juin 2016) ; 38 études ont été incluses. Ces études concernent des populations soit d’éducateurs ou de jeunes, travaillant ou étant hébergés dans un centre de réadaptation ou un centre correctionnel juvénile, sans discrimination géographique ou de sexe. Alors que certains auteurs révèlent des facteurs liés aux caractéristiques du jeune ou de l’éducateur, à la médication prise par les jeunes, plusieurs relatent les facteurs inclus dans des programmes mis en place pour prédire le nombre de MCI. À la synthèse de ces études, les résultats qui émanent permettent de mieux comprendre l’utilisation des MCI en centre de réadaptation.
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Communication orale
Exploration des facteurs influençant le recours aux contentions et isolements en centre de réadaptation pour jeunes en difficultéChristine Drolet (UdeM - Université de Montréal), Steve Geoffrion (Université de Montréal), Lyann Porfilio-Mathieu (Université de Montréal), Camille Roy (Université de Montréal)
Les mesures de contention et d’isolement (MCI) sont des stratégies d’intervention utilisées en centres de réadaptation (CR) pour jeunes en difficulté pour prévenir et contrôler la violence et l’agression. Toutefois, le recours à ces méthodes peut entraîner une escalade de violence minant la réadaptation des jeunes. Ces mesures exceptionnelles étant encadrées par la loi 118.1 de la LSSSS ainsi que de l’article 10 de la LPJ doivent être envisagées qu’en dernier recours, lorsqu’il y a un risque imminent pour le jeune ou pour autrui. De ce fait et considérant la vulnérabilité des jeunes, l’utilisation des MCI doit être réduite au minimum. Bien que balisé, le choix de l’utilisation de ces mesures repose sur le pouvoir discrétionnaire de l’éducateur, selon son jugement clinique. Or, peu de recherche traite des facteurs influençant leur utilisation. L’objectif de cette recherche est d’explorer les facteurs microsituationnels influençant l’utilisation des MCI, tel que perçus par les éducateurs. L’analyse thématique des données informatisées relative aux MCI en CR fut utilisée afin d’explorer ces facteurs. Les résultats préliminaires démontrent que " les comportements d’agression ", " le non-respect du code de vie et des règlements " ainsi que "les mesures coercitives précédentes " sont des thèmes qui émergent des analyses et qui justifient l’utilisation de MCI. Ce projet révèle ainsi des facteurs inexplorés à ce jour par la recherche sur les MCI.
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Communication orale
La prise de risque chez les jeunes fugueurs : l’influence des systèmes émotionnel et cognitifSophie Couture (CJM – IU - Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire), Ariane Daviault (Université de Montréal), Denis Lafortune (Université de Montréal), Catherine Laurier (Institut universitaire - Jeunes en difficulté), Sébastien Monette (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal)
L’adolescence est une période développementale reconnue pour la prise de risque. Néanmoins pour certains adolescents, dont les fugueurs, cette période d’expérimentation s’accompagne d’une variété de comportements à risque. Au Québec, cette préoccupation s’observe en centres jeunesse où 1439 adolescents ont fugué leur centre d’hébergement en 2015-2016. Pour la première fois, la présente étude s’inspire de modèles théoriques considérant à la fois le système émotionnel et le système cognitif pour expliquer la prise de risque des jeunes fugueurs. Selon ces approches, l’adolescence se trouve dans une période où le système émotionnel est suractivé en comparaison au système cognitif qui n’est pas encore mature. Bien que la prise de risque soit commune chez les adolescents, on s’attend à ce que les jeunes fugueurs se distinguent des non-fugueurs par une régulation émotionnelle instable, des dysfonctionnements cognitifs et une plus grande prise de risque. Soixante-dix-huit fugueurs et 42 non-fugueurs de sexe masculin (15-17 ans) suivis en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse ont répondu à un ensemble de questionnaires et de tests neuropsychologiques. Pour vérifier l’hypothèse, une régression logistique a été effectuée. Le modèle est significatif pour distinguer les jeunes fugueurs des non-fugueurs.Selon les résultats, la présence d’urgence (impulsivité), d’une régulation émotionnelle non-adaptée et une tendance pour l’inhibition cognitive sont associées à la fugue.
Les intervenants en protection de la jeunesse
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Communication orale
Les effets de l’exposition à la violence chez les intervenants en protection de la jeunesse : une étude qualitativeSteve Geoffrion (Université de Montréal), Josianne Lamothe (Université de Montréal), Gabrielle Lebrun (Université de Montréal), Camille Roy (Université de Montréal), Gabrielle Yale-Soulière (Université de Montréal)
En raison de leur mission d'aide vis-à-vis une clientèle présentant de nombreuses difficultés, les employés qui œuvrent en protection de la jeunesse sont régulièrement exposés à des événements de violence. Que les intervenants soient témoins ou victimes de ces événements, les conséquences sont multiples et se répercutent à différents niveaux dans leur vie. Peu d'études qualitatives se penchent sur le type de victimisation vécue par les intervenants et les impacts qui y sont associés. La présente recherche a donc pour but d'approfondir les connaissances en ce qui a trait à la victimisation des travailleurs en protection de la jeunesse ainsi qu'aux impacts liés à l'exposition à la violence. Pour ce faire, 30 intervenants en protection de la jeunesse (éducateurs et agents de relations humaines) se sont prêtés à une entrevue semi-structurée visant à mieux connaître leur réalité de travail quant à l'exposition à la violence. Des récits d'événements ont été répertoriés et l'analyse thématique des entrevues retranscrites a permis de recueillir les données présentées dans cette recherche. La violence vécue par les intervenants entraînerait pour certains une détérioration de leur bien-être psychologique, une détérioration de leur santé physique, une diminution de la qualité des relations avec l'entourage, des répercussions négatives sur la prestation de services ainsi que des retombées négatives pour l'organisation.
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Communication orale
Resituer les intervenants dans le contexte où ils agissentDenis Lafortune (UdeM - Université de Montréal)
Le modèle «PRISM» (Promoting Risk Intervention by Situational Management), développé en Angleterre, a été spécifiquement conçu pour faciliter l’évaluation et la gestion des risques situationnels d’incidents dans un milieu fermé. Il regroupe cinq domaines principaux, au sein desquels on retrouve plus de 20 facteurs susceptibles d’influencer le comportement des individus placés en institution. Le premier domaine fait référence aux facteurs passés, soit à l’historique récent de situations particulières qui ont été vécues dans l’établissement. Le second regroupe un certain nombre de facteurs organisationnels ou relatifs à la gestion et à la prise de décision dans une organisation. Le troisième concerne les caractéristiques physiques et sécuritaires du milieu de vie. Le quatrième domaine couvre les caractéristiques du personnel (intervenants, professionnels et agents), tandis que le dernier touche aux approches, protocoles et stratégies d’intervention mis en place. À ce jour, au Québec, cette grille a été utilisée pour mieux comprendre l’utilisation des restrictions de liberté en centres de réadaptation ou les contextes dans lesquels surviennent les fugues d’adolescents. Elle permet d’appréhender la notion de «risque» à partir d’une perspective situationnelle qui replace les intervenants dans le contexte où ils agissent.
Dîner libre
Les jeunes contrevenants
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Communication orale
Exploration du risque suicidaire des jeunes contrevenantsManuelle Bériault (Université de Sherbrooke), Catherine Laurier (CJM – IU - Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire), Laurie Morisseau St-Pierre (Université de Sherbrooke)
En raison de la prédominance de leurs conduites délinquantes qui constituent le motif de leur prise en charge par le système de justice, il est moins fréquent de s’attarder à la victimisation et à ses séquelles psychologiques chez les jeunes contrevenants en général et chez ceux associés aux gangs de rue en particulier. Cette présentation s’attardera à l’étude des idéations suicidaires et des tentatives de suicide rapportées par les jeunes contrevenants qui se disent associés aux gangs de rue comparativement à ceux qui ne révèlent pas une telle association. Les résultats de notre étude effectuée auprès de 182 jeunes contrevenants âgés de 15 à 25 ans, dont 37% se révèlent associés aux gangs de rue, révèlent significativement plus d’idées suicidaires chez les jeunes contrevenants associés aux gangs. Par ailleurs, les tentatives de suicide sont fréquentes parmi l’ensemble des jeunes contrevenants, peu importe leur association aux gangs ; ils sont 18% à rapporter avoir déjà fait une tentative de suicide dans le passé. Dans le cadre de cette communication, les facteurs les plus associés au risque suicidaire chez les jeunes contrevenants seront présentés et discutés.
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Communication orale
La récidive des jeunes contrevenants : qui, quoi, quand, avec qui et où?Jean-Pierre Guay (Université de Montréal), Geneviève Parent (CJM – IU - Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire), Catherine Pineau-Villeneuve (Université de Montréal)
En criminologie, nos modèles théoriques et les travaux de recherche se concentrent généralement soit sur la personne et sa propension à la délinquance (risque individuel), soit sur le contexte et ses opportunités criminelles (risque contextuel). Une personne doit entrer en contact avec une opportunité pour qu’un crime soit perpétré. Bien que de de plus en plus de travaux de recherche tentent de tenir compte de ces 2 formes de risque dans l’explication de la délinquance, les connaissances tardent à s’accumuler compte tenu de l’inexactitude des mesures actuelles. Le but du projet était d’évaluer, à l’aide d’un outil de mesure novateur, l’interaction entre le risque individuel et contextuel dans l’explication de la récidive des jeunes contrevenants suivis dans la communauté. Les résultats indiquent que les jeunes contrevenants présentant un risque individuel plus élevé présentent un taux de crime par heures éveillées plus élevé que ceux présentant un risque faible. Dans le même ordre d’idée, les contextes caractérisés par des activités non structurées avec des amis entre 18h et 6h dans un quartier désavantagé sont les plus criminogènes. Les jeunes contrevenants avec un risque individuel faible, mais exposés fréquemment à des contextes criminogènes (risque contextuel élevé), présentent des taux de crimes moyens légèrement plus élevés que ceux avec un risque individuel élevé, mais peu exposés à ces contextes. Les implications cliniques de ces résultats seront également discutées.
Favoriser l’intégration des jeunes à la société
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Communication orale
Une recherche-action auprès des jeunes en difficulté : analyse psychodynamique de l’implantation et du déroulement d’un groupe de psychodrameAlexandra Gabard (Université du Québec à Montréal), Sophie Gilbert (Université du Québec à Montréal)
Soixante-seize pourcent des jeunes en situation de précarité psychosociale qui fréquentent les organismes communautaires se disent en mauvaise santé psychologique. L’un des obstacles que rencontrent les intervenants travaillant avec ces jeunes est leur faible investissement dans une démarche thérapeutique, malgré leur état de détresse manifeste. En partenariat avec l’organisme communautaire montréalais Dans la rue, notre recherche-action participative se fonde sur une intervention novatrice proposée par un groupe de trois thérapeutes souhaitant implanter le psychodrame de groupe. Cette modalité, à visée thérapeutique, utilise la mise en mouvement du corps pour accéder à la symbolisation par la scénarisation d’un thème proposé par les jeunes. Dans le but de comprendre sa pertinence, notre recherche visait à décrire l’implantation et le déroulement du psychodrame de groupe, ainsi qu’à comprendre les enjeux psychiques, relationnels et groupaux inhérents à l’évolution de ces jeunes. Notre analyse qualitative s’appuie sur des enregistrements vidéos et des notes d’observation (participante). En référence au corpus théorique psychodynamique, nos résultats démontrent comment les différents niveaux d’expression sollicités par les jeux psychodramatiques guident l’évolution des jeunes et l’intégration de leurs vécus affectifs et « pulsionnels » tout au long du processus. Ce faisant, le psychodrame pourrait constituer une avenue fertile dans l’intervention auprès de cette population.
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Communication orale
Vers des soutiens adaptés aux parcours de transition vers la vie adulte des jeunes en situation de vulnérabilité : le cas des politiques sociales de jeunesse à MontréalMarie Dumollard (École nationale d'administration publique), Martin Goyette (École nationale d'administration publique), Valeria Kirichenko (École nationale d'administration publique), Benjamin Weiss (ÉNAP - École nationale d'administration publique)
Les politiques sociales de jeunesse, programmes et services mis en oeuvre en direction des jeunes (18-30 ans) dits vulnérables font de l’insertion sociale un de leur objectif principal. Dans ce cadre, les attentes envers ces jeunes impliquent qu’ils soient flexibles et polyvalents, performants, responsables et autonomes. Cette communication visera à comprendre l’adaptation des jeunes à ces exigences de l’intégration sociale et professionnelle dans le passage à la vie adulte. Le postulat est qu’un ensemble de facteurs à la fois idéologiques, interactionnels, institutionnels et structurels doivent être pris en considération dans les prises en charge lors de la transition vers l’âge adulte des jeunes en situation de vulnérabilité. À partir des premiers résultats d’une recherche sur les interventions publiques et communautaires dans le champ des politiques sociales de jeunesse au Québec, cette communication analysera les pratiques d’intervention sociale et les registres d’action développés à l’égard de ces jeunes et leur adéquation avec leurs parcours de vie et les transitions qu’ils vivent. L’analyse portera sur une vingtaine d’entrevues semi-dirigées menées auprès de professionnels, et sur une dizaine de récits de vie de jeunes dits vulnérables. Il s’agira d’offrir un éclairage sur leurs parcours de vie et les soutiens auxquels ces jeunes peuvent accéder afin de mieux comprendre les formes qu’ils revêtent dans des contextes géographique, social et institutionnel différenciés.