Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :On connaît bien les liens qui existent entre la qualité de l’alimentation et la santé. On sait par ailleurs que la saine alimentation ne se mesure pas uniquement par la qualité nutritionnelle des aliments qu’on ingère. La manière de se comporter envers les aliments est également un élément essentiel à considérer lorsqu’on s’intéresse aux facteurs qui favorisent la santé physique et mentale.
Les comportements alimentaires sont influencés par des besoins physiologiques, mais également par des besoins psychologiques et sociaux. Certaines personnes sont caractérisées par des comportements alimentaires flexibles et intuitifs qui s’adaptent à différents contextes. Pour d’autres, la rigidité, l’impulsivité, la préoccupation excessive envers les aliments et la détresse caractérisent leurs comportements alimentaires, ce qui ouvre la porte au développement de certains troubles de conduites alimentaires. L’anorexie, la boulimie et les accès hyperphagiques sont des troubles médicalement reconnus. Certains autres problèmes tels que l’orthorexie et la « mommyrexie » ne possèdent pas de critères diagnostiques officiels, mais sont tout de même extrêmement préoccupants.
La relation entretenue avec la nourriture et l’acte de manger se développe tout au long de la vie et est influencée par différents contextes. Par exemple, l’introduction de nouveaux aliments chez les enfants et les tensions que cela peut générer au sein des familles peut rendre plus difficile l’atteinte d’une relation agréable avec la nourriture. À l’adolescence, l’influence des pairs, l’insatisfaction corporelle et les fluctuations émotionnelles sont des éléments qui peuvent influer négativement sur les comportements alimentaires. La grossesse est également une étape de vie qui comporte des risques pour le maintien de comportements alimentaires sains. Ainsi s’avère-t-il essentiel de mieux connaître les facteurs qui influent sur le comportement alimentaire à différentes étapes de la vie.
Date :- Simone Lemieux (Université Laval)
- Catherine Bégin (Université Laval)
Programme
Le comportement alimentaire sous toutes ses formes
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Communication orale
Grossesse et comportements alimentaires : une période critiqueAnne-Sophie Morisset (Université Laval)
« Être enceinte, j’ai pas l’impression que mon corps m’appartient ». Voilà qui traduit bien comment la grossesse peut être une période sensible dans la vie d’une personne. On pense notamment à tous les changements physiques que celle-ci peut vivre, mais pas souvent à toutes les composantes psychologiques qui s’en trouvent affectées. En effet, cette période unique, durant laquelle la personne reçoit une multitude de recommandations et de conseils de toutes parts, est associée à une plus grande anxiété pour plusieurs. De plus, la grossesse génère souvent un sentiment d'impuissance face à l’évolution du poids corporel, ceci pouvant affecter l’image corporelle. Les professionnels de la santé se sentent d’ailleurs démunis par rapport aux préoccupations qu’a leur clientèle à l’égard du poids durant cette période. Les comportements alimentaires adoptés en réponse à cette vulnérabilité peuvent donc fluctuer. Certaines personnes restreignent leur alimentation alors que d’autres vivent plutôt de la culpabilité à la suite d’excès alimentaires perçus. « J’suis allée au restaurant en fin de semaine, pis tsé, j’avais vraiment trop mangé… j’avais hâte au lendemain pour que ce sentiment de culpabilité cesse ». En résumé, la grossesse amène son lot de défis quant aux comportements alimentaires adoptés lors de cette période critique et déterminante de la santé des futures générations.
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Communication orale
L’alimentation et le rapport au corps : une question de poids pour la clientèle pédiatrique présentant une anorexie mentaleIsabelle Thibault (UdeS - Université de Sherbrooke)
L’anorexie mentale débute le plus souvent à l’adolescence. Dans de rares cas, cela débute dès l’enfance. Pour cette clientèle pédiatrique, l’alimentation et le rapport à leur corps occupent une place démesurée, ayant pour fonction première le contrôle du poids, mais surtout, une tentative de reprise de contrôle face aux tâches développementales et aux stresseurs qui les accaparent. Cette conférence vise à identifier les particularités cliniques de la clientèle pédiatrique présentant une anorexie mentale, à identifier les signes précurseurs du trouble et les facteurs de risque prépondérants et à soutenir l’intervention en illustrant les pistes à privilégier. Une attention particulière sera aussi donnée aux effets du trouble sur les parents et sur les stratégies auxquelles avoir recours pour les épauler. Le tout sera appuyé par des exemples cliniques et par les données issues de la recherche.
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Communication orale
Les comportements alimentaires positifs et les enjeux liés à l’image corporelleMarie-Pierre Girouard (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L’alimentation intuitive, une approche positive de l’alimentation qui propose de s’alimenter sur la base des signaux internes du corps, est un construit significativement distinct des comportements alimentaires problématiques (Tylka & Wilcox, 2006). L’alimentation intuitive a été reliée à de nombreux indices de bien-être, notamment une meilleure image corporelle et une moins forte internalisation des idéaux de beauté (Linardon, Tylka, Fuller-Tyszkiewicz, 2021). Cette étude documente les liens entre les différentes dimensions de l’alimentation intuitive et les enjeux liés à l’image corporelle, sur la base du modèle tripartite (Thompson, Heinberg, Altabe, & Tantleff-Dunn, 1999). Un total de 421 Canadiennes âgées de 18 à 77 ans (38,40 ans ± 13,40) ont participé à une étude en ligne portant sur les attitudes face à l’apparence. L’estime liée au poids est un prédicteur valide de toutes les dimensions de l’alimentation intuitive (β= .156 à .365). Pour la permission inconditionnelle de manger, l’internalisation du modèle de minceur (β= -.150, p = 0.01) et du modèle athlétique (β= -.225, p < 0.00) s’ajoutent comme prédicteurs. Pour le fait de manger pour des raisons physiques plutôt qu’émotionnelles, la tendance à se comparer physiquement aux autres s’ajoute (β= -.141, p = 0.09). Finalement, pour la cohérence corps-aliments, les prédicteurs principaux sont l’estime liée à l’apparence en général (β= .202, p = 0.022) et l’internalisation du modèle athlétique (β= .174, p = 0.002).
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Communication orale
Le rapport à la nourriture : loin d’être simple pour tout le mondeCatherine Bégin (Université Laval)
L’acte de manger est souvent décrit comme étant simple, facile et même très plaisant. C’est d’ailleurs, l’image que nous projette l’univers télévisuel avec ses différentes émissions de cuisine. Pour certaines personnes, par contre, cette relation à la nourriture est beaucoup plus éprouvante et difficile; ces dernières rapportent alors des comportements alimentaires restrictifs, rigides et/ou désinhibés, impulsifs, compulsifs. La littérature démontre clairement que le sentiment de perte de contrôle sur la prise alimentaire est associé à beaucoup de souffrance, dont la honte. C’est fréquemment un motif pour initier une demande d’aide. La présente conférence tentera de décrire le rapport à la nourriture chez une clientèle qui consulte pour des préoccupations à l’égard du poids et de l’alimentation tout en comparant les personnes qui présentent un trouble alimentaire franc, de celles qui n’en présentent pas. Nos données indiquent clairement une aggravation des comportements alimentaires selon la présence d’un diagnostic de trouble alimentaire (plus de désinhibition, susceptibilité à la faim, grignotage, accès hyperphagiques, addiction alimentaire). Également, différents facteurs psychologiques associés à ces comportements alimentaires problématiques seront examinés, dont le tempérament, les affects négatifs et la régulation émotionnelle. Un modèle sera proposé, suivi d’une discussion sur les enjeux cliniques entourant le comportement alimentaire dysfonctionnel.
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Communication orale
Voyons donc, plus je dépense de calories, plus j’ai le goût d’en manger…Éric Doucet (Université d’Ottawa)
La croyance populaire veut qu’une augmentation de la dépense calorique, par l’exercice ou d’autres moyens, mènera à un meilleur contrôle du poids, voire même à une réduction de ce dernier. Toutefois, les données scientifiques du dernier demi-siècle brossent un portrait fort complexe de la relation qui existe entre les calories dépensées et le poids corporel. Cette conférence abordera les effets de l’augmentation de la dépense calorique sur l’appétit et le poids corporel.