618 - Entre promesse et désenchantement : penser le renouvellement théorique dans la recherche et l'intervention auprès des hommes et des masculinités

Pleck (1981) a sans doute été l'un des premiers grands théoriciens à présenter un regard constructiviste dans les études sur les hommes et les masculinités en sortant celles-ci du cadre essentialiste dans lequel elles étaient enfermées jusqu'à ce moment. Connell (1994) a donné un autre coup d'envoi important en offrant une analyse macrosociale de type poststructuraliste mais aussi en ouvrant sur les pratiques quotidiennes des hommes. Ce cadre de référence, quoique très largement utilisé, connait cependant de fortes critiques. Notamment, Macdonald (2005) remet sur scène la salutogénèse alors qu'Anderson (2009) observe un shift chez les nouvelles générations et parle maintenant de masculinités inclusives, la masculinité orthodoxe telle que définie par Connell et Pleck, aurait perdu son statut d'hégémonie. Au cours des deux dernières années, l'équipe M&S a davantage eu recours à l'expression « pratiques de masculinités ». La présentation portera sur les avantages et les limites de ce nouveau cadre théorique.

Les pères ont été relégués à la périphérie des pratiques sociales auprès des familles […] » (Davies et coll., 2009 : p.38) tout comme ils ont été à la périphérie des recherches sur la famille. Il en est de même dans le champ de la violence conjugale. Ainsi, malgré le fait que la plupart des hommes qui exercent des comportements de violence conjugale demeurent présents dans la vie de leurs enfants, la construction des connaissances dans le champ de la paternité en contexte de violence conjugale demeure à parfaire. Parallèlement à cela, les interventions dans le domaine ont elles aussi eu tendance à ne pas tenir compte de la paternité. À partir d'une recension des écrits et d'une analyse critique, la présentation vise à examiner dans quelle mesure les représentations de la paternité permettent de comprendre les liens entre le développement des connaissances et le développement des interventions auprès des pères ayant exercé de la violence conjugale. La présentation soulèvera donc des enjeux d'ordre méthodologique, éthique et idéologique liés à la production des connaissances sur la paternité et au développement des pratiques professionnelles à l'intention des pères auteurs de violence conjugale. En s'intéressant à ces enjeux, la présentation vise à élargir les réflexions sur la question de la paternité en contexte de violence conjugale.

Penser le renouvellement des conceptions sur les hommes et les masculinités et les pratiques auprès des hommes nécessite de se baser sur des données probantes, particulièrement sur les réalités masculines actuelles. À l'été 2014, un sondage auprès de 2 084 hommes québécois a été réalisé dans le cadre du projet Perceptions des hommes québécois de leurs besoins psychosociaux et de santé. Ce sondage nous donne un portrait à jour où se situent les hommes québécois actuellement, notamment les différences et les similitudes sur le plan générationnel, concernant leurs valeurs, leurs visions des rôles sociaux, des tâches domestiques, et leur rapport aux services. Cette présentation permettra d'exposer les principaux résultats de ce sondage et des conclusions qui s'en dégagent en mettant l'accent sur les rôles sociaux.

L'objectif de cette communication est d'explorer comment la création artistique peut ouvrir différentes avenues qui révolutionnent nos façons d'aborder la recherche, l'intervention ainsi que la sensibilisation avec les hommes. Objectivité, rigueur scientifique, contrôle des variables, évaluation de la productivité et de l'efficacité sont des termes qui reflètent des paradigmes utilisés tant en recherche, qu'en intervention avec les hommes. Ce qui laisse présager qu'un certain dogme de la performance administrative et de l'efficacité machinale dictent la façon dont nous tentons de mieux comprendre les hommes pour intervenir plus efficacement avec eux. Pourtant, ce qui différencie profondément les humains des animaux et des robots, c'est précisément leur subjectivité et leur sensibilité ; qualités qu'on associe souvent plus facilement à la féminité qu'à la masculinité. Depuis, le début de ce qu'on considère l'humanité des hommes peignent, écrivent des poèmes et des chansons et se font leur cinéma. L'étudier, c'est mieux les comprendre. De plus, encourager les hommes à exprimer leur sensibilités, leurs émotions, bref leurs réalités, contribuent à nommer des situations indicibles et à développer une imagination et un monde intérieur nécessaire à l'avancement de leur humanité.

Cette présentation propose une synthèse de différentes conceptions du genre (identité de genre, rôle de genre, pratiques de genre) autour d'un concept nouveau, les pratiques stratégiques du genre (PSG). Ce concept a deux sources, soit les pratiques de genre (Connell, 1987; Garfinkel, 1967; Martin, 2003; 2006; West et Zimmerman, 1987) et la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985; 1988; 1991). Pour illustrer le concept de PSG, quatre idées seront développées en lien avec les hommes et les masculinités : 1) le genre, comme structure sociale, est une PSG; 2) l'identité de genre est une PSG; 3) l'identité sexuelle est une PSG; 4) les PSG co-existent avec des pratiques non genrées. Des exemples montreront comment ces différentes pratiques ont lieu à plusieurs niveaux pour les hommes. Qui plus est, la répétition de ces pratiques a des effets sur les individus, sur les interactions entre eux et sur les structures sociales. Certains de ces effets seront soulignés pour montrer comment les PSG contribuent à structurer les rapports sociaux tout en étant suffisamment malléables pour que les individus en usent selon leurs visées propres.

Après 25 ans d'engagement dans la lutte à la pauvreté au Québec, notamment au Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FPASQ), au cours duquel il a constaté que l'expérience de la pauvreté était différente de celle des femmes, l'auteur de la conférence a entrepris des études doctorales visant à documenter et comprendre le rôle de l'identité de genre masculin dans les stratégies utilisées par ces hommes pour éviter la pauvreté ou s'en sortir.

S'inscrivant dans une épistémologie de construction des connaissances à la fois constructiviste, critique, réflexive et participative, et à partir d'une méthodologie qualitative de type phénoménologique, l'auteur a utilisé des données secondaires, soit 27 entrevues réalisées en 2006 auprès d'hommes allocataires d'aide sociale dans le cadre d'un projet de recherche du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS), et a analysé de manière plus approfondie 17 de celles-ci.

Les résultats de son analyse permettent de mieux comprendre le processus ayant conduit ces hommes de l'autoréalisation de soi à la « vie nue » (Bibeau, 1998). Si la lutte des places de Gaulejac & Léonetti (1994) se confirme comme étant un facteur déterminant dans ce processus d'appauvrissement, la masculinité hégémonique, le classisme et le fonctionnement d'aide sociale sont d'autres facteurs qui interagissent et poussent à la « vie nue ».