Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Au cours de la dernière décennie, le Brésil a connu un essor économique sans précédent qui a favorisé la mise en chantier de nombreux grands projets urbains, entrepris dans un contexte marqué par la montée d’une vision néolibérale de la ville et d’une gestion urbaine entrepreneuriale. La tenue de mégaévénements comme les Jeux panaméricains de 2007, la Coupe du Monde de 2014 et les Jeux olympiques de 2016 a exacerbé ces transformations en accélérant le rythme et la taille des projets, mais également en permettant de contourner le processus démocratique afin d’accélérer et de faciliter leur réalisation. Carlos Vainer parle de la ville brésilienne contemporaine comme d’une « ville d’exception », s’appuyant sur la notion de « l’état d’exception » définie par Giorgio Agamben comme la suspension de lois, en situation de crise, afin de faire face à une « nécessité » imprévue. Le sentiment d’urgence lié à la tenue de mégaévénements légitime ainsi l’imposition d’un état d’exception sur la ville, avec l’assouplissement de certaines règles, l’adoption – souvent arbitraire – de mesures exceptionnelles telles que des exemptions d’obligations légales et autres dérogations urbanistiques, ainsi que la suspension de certains droits civiques afin d’accélérer la réalisation de projets et de servir les besoins des investisseurs et du grand capital immobilier.
Ce colloque s’intéresse aux enjeux liés aux profondes transformations qui touchent la ville brésilienne contemporaine et aux effets tant sociaux que territoriaux de la mise en place de la ville d’exception. Les enjeux relatifs à la privatisation de l’espace public et du territoire urbain, à la ségrégation sociospatiale, aux questions d’équité et de justice sociale, de droit à la ville, et d’accès aux transports, à l’habitation, à la sécurité et à la culture seront au cœur de ce débat. Collectivement, les participants tenteront de définir comment la ville brésilienne se redessine aujourd’hui alors qu’une grande crise secoue la société entière, en apportant chacun quelques éléments de réponse qui permettront de mieux comprendre ces transformations à une échelle et à un rythme inégalés dans l’histoire du pays. Le colloque fournira ainsi une réflexion approfondie sur les grands enjeux qui devront être relevés dans les années à venir afin d’éviter l’accélération du morcellement et de la ségrégation des villes du plus grand pays d’Amérique latine et de favoriser un développement plus démocratique.
Date :- Anne-Marie Broudehoux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- João Carlos Monteiro (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Accueil
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Mot de bienvenue
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La ville brésilienne en transition : de la ville néolibérale à la ville d'exceptionAnne-Marie Broudehoux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le Brésil récemment a connu un essor économique sans précédent, qui a favorisé la mise en chantier de nombreux grands projets urbains, entrepris dans un contexte marqué par la montée d'une vision néolibérale de la ville. La tenue de méga-événements sportifs a exacerbé ces transformations, en permettant de contourner le processus démocratique afin d'accélérer leur réalisation. Carlos Vainer parle de la ville brésilienne contemporaine comme d'une «ville d'exception », où le sentiment d'urgence lié à la tenue de méga-événement légitime l'imposition d'un état d'urgence sur la ville, avec l'assouplissement de certaines règles, l'adoption arbitraire d'exemptions légales et autres dérogations urbanistiques, ainsi que la suspension de certains droits civiques, afin de mieux servir les besoins des investisseurs et du grand capital immobilier. Ce colloque s'intéresse aux enjeux liés aux profondes transformations qui affectent la ville brésilienne contemporaine et aux effets tant sociaux que territoriaux de la mise en place de la ville d'exception. Collectivement, les participants tenteront de définir comment la ville brésilienne se redessine aujourd'hui, alors qu'une grande crise secoue la société entière. Le colloque fournira ainsi une réflexion approfondie sur les grands enjeux qui devront être relevés dans les années à venir afin d'éviter l'accélération du morcellement et de la ségrégation et de favoriser un développement plus démocratique.
Grands projets urbains et droit au logement à Rio de Janeiro
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Répercussions des grands événements sur le logement dans la zone centrale de Rio de Janeiro?Helena Rosa Dos Santos Galiza (Universidade Federal do Rio de Janeiro), Lilian FESSLEN VAZ (UFRJ - Universidade Federal do Rio de Janeiro), Maria Lais PEREIRA DA SILVA (Universidade Federal Fluminense)
Cette présentation se penche sur le processus historique d'expulsion de logements de la zone centrale de Rio de Janeiro, dans le cadre des grands travaux motivées par des méga-événements sportifs. Ces événements servente de prétexte pour la réalisation de grands projets urbains et la valorization immobilière, contribuant à l'augmentation du déficit de logements adéquats pour les familles défavorisées et l'expansion des processus de gentrification. Dans ce contexte s'inscrit le projet Porto Maravilha, une opération de requalification urbaine qui a ignoré, dès son origine, l'importance de la question du logement et les possibilités de participation de sa population dans sa conception. Plus que cela, certaines interventions ont favorisé la démolition de maisons dans la favela du Morro da Providência, avec l'expulsion des résidents. Malgré les ressources considérables du fond des travailleurs appliqués dans la construction et de nombreux bâtiments publics existants sur le site, le projet n'a pas reçu de ressources financières spécifiques à la production de nouveaux logements sociaux dans la région, ce qui indique clairement qu'un fossé sépare le discours officiel du gouvernement et la pratique de ce projet néolibéral, qui privilégie les agents du marché et de l'immobilier.
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Politiques de repeuplement et de revalorisation urbaine des quartiers centraux de Rio de Janeiro : réflexions sur le projet Porto Maravilha?João Carlos Monteiro (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le repeuplement est devenu un mot d'ordre dans plusieurs projets de transformation de quartiers centraux. Après un siècle de primauté d'une logique moderniste de développement urbain, les soi-disant projets de « revitalisation » attribuent à la densification résidentielle de ces espaces un rôle majeur dans l'accomplissement d'un aménagement durable. À Rio de Janeiro, cette politique est renforcée dans le cadre du projet Porto Maravilha qui vise la transformation de l'ancienne zone portuaire de la ville. Cette communication examine l'idée de repeuplement des quartiers centraux de Rio, en analysant les discours et les pratiques des promoteurs privés et des gouvernements impliqués. La transformation du centre-ville de Rio est fondée dans une perspective de revalorisation foncière et symbolique en fonction de l'expectative de rente différentielle des investisseurs. Le périmètre d'intervention est conçu comme une zone de résidence et de consommation pour les classes aisées, ce qui soulève le caractère élitiste de cette politique de repeuplement. Les efforts de construction de logements sociaux s'effectuent en violant plusieurs droits acquis par les anciens résidents et, par rapport à la demande existante, ils sont numériquement insignifiants. Malgré les tentatives d'attirer les classes aisées, l'investissement immobilier dans le logement est encore virtuel et la stigmatisation territoriale joue un rôle crucial dans l'arrivée des populations aisées dans le périmètre du projet.
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Potentiels et limites du programme Morar Carioca pour l'aménagement de favelasClaudia Brandão De Serpa
Le Programme Morar Carioca, démarré en 2010, avec l'objectif de réaménager l'ensemble des favelas de la ville de Rio de Janeiro avant 2020, constitue un nouvelle tentative d'inclure dans la ville ces secteurs marginalisés du point de vue urbanistique et social. Dans le contexte des JO de 2016, les pouvoirs publics souhaitaient, par cette initiative, mettre en œuvre un volet social des réalisations olympiques, destiné aux populations défavorisées qui représentent une part significative des habitants de la ville. Ce programme devait inclure des travaux d'aménagement, d'infrastructures urbaines, d'élimination des zones à risque, des améliorations des accès, de l'aménagement de zones de loisirs, de la légalisation foncière, et des actions liées à l'émancipation sociale et au logement digne. La présente étude met en relief les potentiels et les limites de cette initiative publique, au regard de l'expérience de l'élaboration du projet d'aménagement de trois favelas situées dans la Zone Ouest de la ville de Rio de Janeiro. Pour des raisons liées à la gestion municipale, le projet d'aménagement des trois favelas a vu son périmètre d'action fortement réduit; la concertation a été interrompue afin d'éviter les remises en question de la part des habitants et les interventions ont été restreintes aux endroits où elles pouvaient se concilier avec les projets d'infrastructures. L'étude analyse ces trois projets afin de mieux comprendre les raisons qui ont limité leur réalisation.
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L'embourgeoisement (gentrificacion) et ses solutions de rechange : les cas de Montréal, La Havane et Rio de JaneiroAlain Caron (UQAM - Université du Québec à Montréal), Helena Rosa Dos Santos Galiza (Universidade Federal do Rio de Janeiro)
Selon Loretta Lees (2014), la gentrification est le résultat de forces historiques, contextuelles et temporelles particulières, et l'applicabilité de ce concept nécessite une étude approfondie. En prenant comme base les expériences de deux villes des Amériques, Rio de Janeiro (Brésil) et La Havane (Cuba), ce travail vise à analyser et à expliquer les processus de gentrification de deux projets de revitalisation de centres anciens. À Rio de Janeiro, le projet Porto Maravilha a contribué au déplacement de résidents de trois quartiers historiques du centre et à l'augmentation de la ségrégation socio-spatiale. À La Havane, malgré l'idéologie socialiste et les succès de la revitalisation intégrale amorcée en 1994 par le Bureau de l'Historien de la ville, le centre historique risque de vivre un processus de gentrification généré par le retour de la libre entreprise, la libéralisation du marché immobilier et le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis. Ce travail s'intéresse aussi aux mécanismes de défense contre la gentrification, prenant le cas de la Communauté Milton Parc de Montréal comme exemple d'alternative à la gentrification. En utilisant la propriété collective, on a pu garantir la permanence des résidents, avec des loyers fixés en fonction de leur capacité de payer et l'autofinancement, générant des loyers inférieurs aux prix du marché. Les membres de la coopérative présentent encore aujourd'hui une grande diversité de profils socio-économiques.
Droit à la ville et valorisation du patrimoine matériel et immatériel
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Patrimoine immatériel et stratégies urbaines : entre transformation et controverse, Rio de JaneiroEinar Braathen (Institut norvégien de recherche urbaine et régionale (NIBR)), Véronique Karine Simon (Norsk Institut for Kulturminneforskning)
Le patrimoine immatériel de l'ancien tissu urbain de Rio de Janeiro - tels que les espaces informels de rencontre, les parcs, les places et les rues où se déroulent quotidiennement des activités « spontanées » - est en danger de disparition en raison de l'uniformisation culturelle liée à des stratégies urbaines néolibérales adoptées en vue des prochains méga-événements. Ces lieux constituent le terreau identitaire propice au développement de nouveaux mouvements sociaux, ainsi qu'à la préservation de valeurs et pratiques culturelles séculaires. L‘article associe une approche culturelle du patrimoine immatériel à une analyse politique des discours et des pratiques hégémoniques et contre-hégémoniques. Les auteurs s'attachent à mettre en valeur les relations entre les habitants, leur espace urbain et leurs pratiques sociales quotidiennes, et montrent le lien entre espaces informels et patrimoine immatériel. L'article repose sur 2 exemples : le projet du vieux port, « Porto Maravilha », et le projet de suppression du quartier de Vila Autódromo, voisin du nouveau parc olympique. L'étude montre que des savoirs essentiels sont transmis au travers des activités communautaires, souvent sans même que les acteurs aient conscience du processus. Elle affirme que des transformations radicales du tissu urbain traditionnel et de la composition de la société locale dénaturent le patrimoine immatériel de la ville, déstabilisent son fonctionnement, et mettent ainsi sa survie en danger.
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Les Damnés de la Terre : luttes sur les droits civiques au Quilombo de la Pedra do Sal et au Morro da ProvidenciaJulia Andrade (UERJ - Universidade do Estado do Rio de Janeiro)
Le projet de revitalisation urbaine du Porto Maravilha, au centre de Rio de Janeiro, occasionne des modifications profondes dans les usages et fonctions des espaces situés à l'intérieur de son périmètre. Plusieurs groupes de résidents et d'usagers sont menacés d'expulsion par la pression immobilière, et ce, avec la bénédiction de l'État. Plusieurs groupes revendiquent le droit de continuer à vivre dans le secteur, deux desquels seront l'objet de cette analyse : Le morro da Providência, la plus ancienne favela du Brésil, et le Quilombo da Pedra do Sal, une communauté qui se réclame comme descendant d'anciens esclaves. Notre étude vise à comparer les deux situations et à analyse les stratégies de lutte politique déployées par chacun. Quelles sont les discours et pratiques de revendication utilisés par les résidents ? Comment les groupes communiquent-ils entre eux et partagent leurs actions ? Dans un contexte qui menace les droits des résidents démunis, il est primordial de comprendre les stratégies visant à garantir le droit à la ville de ces populations. Ce qui nous intéresse avant tout est de comprendre, comme nous l'enseigne Frantz Fanon, la mutation, la transformation intérieure qui a lieu pendant le combat, afin de saisir comment les damnés de la terre arrivent à se libérer lors de la confrontation inévitable entre oppresseur et opprimé.
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Le droit à la ville : vers une perspective morale plus inclusiveMaria Clara Dias (UFRJ - Universidade Federal do Rio de Janeiro)
Nous sommes tous familier avec une classe d'espaces physiques et culturels auxquels nous attribuons le titre de «chez soi» ou de «notre foyer». Lorsque ces espaces de référence comprennent l'environnement dans lequel nous vivons, travaillons et profitons de notre temps libre, nous les identifions souvent comme « notre ville ». Appartenir à une ville peut sembler quelque chose de trivial. Cependant, au Brésil plusieurs individus ne jouissent pas de ce que nous pourrions appeler le «droit à la ville». Pour mieux comprendre la revendication du «droit à la ville» dans le contexte brésilien actuel, où les grands projets néolibéraux opèrent au détriment des demandes et des besoins spécifiques des populations défavorisées, je propose de répondre à trois questions : (i) quel est le contenu de ce droit ? (ii) à quel type de droit appartient « le droit à la ville » ? et, enfin, (iii) à qui attribuer ce droit ? Le droit à la ville est un droit fondamental, un droit exprimant des demandes morales essentielles. En m'opposant aux conceptions minimalistes néolibérales, qui limitent les droits fondamentaux à un ensemble de revendications individuelles de créatures libres et rationnelles, je défend une perspective morale plus inclusive et une conception de « droit à la ville » qui prend en compte les demandes et les spécificités des divers êtres qui habitent nos villes, qu'ils soient libres ou non, qu'ils soient rationnels ou non, qu'ils soient humains ou non.
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La réceptivité du pouvoir judiciaire brésilien aux idées de « fonction sociale de la propriété » et du « droit à la ville »Colin Crawford (Tulane University)
«La fonction sociale de la propriété» fait partie des garanties de la Constitution brésilienne de 1988. En 2001, le Brésil a reconnu «le droit à la ville» au niveau de la loi fédérale, faisant du pays un chef de file dans l'expression de cette idée si importante pour un monde de plus en plus urbanisé. La présentation examine l'étrange mariage de ces deux concepts dans la loi et la jurisprudence brésiliennes. La fonction sociale, attribuée à Léon Duguit, consiste à définir un concept social en opposition aux idées socialistes du début du XXe siècle, alors que le droit à la ville était associé au camp marxiste/socialiste européen de la fin du siècle (avec Henri Lefebvre). Ces deux concepts sont aujourd'hui intégrés dans la rhétorique et la pratique judiciaire au Brésil. Cette présentation examine l'accueil des notions de «fonction sociale de la propriété» et de «droit à la ville» par le système judiciaire brésilien. Même si le secteur juridique brésilien est généralement caractérisé comme une puissance conservatrice mal informée sur les questions urbaines, l'enquête révèle un fait surprenant: la justice brésilienne montre une compréhension de plus en plus sophistiquée de l'importance de ces idées pour l'amélioration de la vie urbaine dans l'un des pays les plus urbanisés et inégalitaires au monde. La présentation se terminera par une analyse de la réceptivité des justifications populaires de ces droits avec un examen de quelques cas emblématiques.
Dîner
Nouvelles perspectives de développement urbain à l'ère du néolibéralisme
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La « révolution des transports » carioca dans le contexte de la ville attractive et la question de la justice sociospatiale : retour vers le futur?Jean Legroux (LET à Lyon 2 et IPPUR à l'Université Fédéral de Rio de Janeiro)
L'accueil des deux méga-événements sportifs les plus médiatisés au monde, la coupe du monde 2014 et des JO 2016, représente l'apogée de la stratégie de construction de ville attractive de Rio de Janeiro. Dans ce contexte, de nombreux investissements en infrastructures de transport amènent les pouvoirs publics à parler d'une véritable « révolution des transports » capable de remédier à la « crise de la mobilité » carioca. Cet article questionne les discours officiels sur les impacts positifs des méga-événements. Sur la base d'entretiens semi-directifs, d'un suivi long de la presse locale, et de nombreuses visites de terrain, cet article vise à montrer en quoi, au-delà des discours officiels sur la « révolution des transports », celle-ci ne constitue pas de réelle rupture avec le passé. La « révolution des transports » apparaît être, à de nombreux égards, plus un rattrapage du déficit structurel du réseau de transport collectif, qu'un inducteur de développement urbain. Alors qu'elle se veut une révolution des transports collectifs, cette révolution perpétue l'existence d'un système et d'un paradigme routier en termes de mobilité. De plus, la « révolution des transport » a été au coeur d'une des plus grandes vagues d'expropriations d'habitants à bas revenus de l'histoire de Rio et constitue ainsi une sorte de « retour vers le futur », revivifiant le processus d'accumulation urbaine et de ségrégation socio-spatiale qui existent depuis plus d'un siècle.
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Usages et appropriations de la propriété publique dans la rénovation du port de Rio de JaneiroAndrade Cretton Mariana (UFRJ - Universidade Federal do Rio de Janeiro), Fontes Tiago (Universidade Federal do Rio de Janeiro)
Initié en 2009, le Porto Maravilha propose une série d'interventions visant à transformer la dynamique socio-économique de la zone portuaire de Rio de Janeiro. Le projet comprend trois quartiers de classe ouvrière, en plus d'un vaste territoire d'expansion des activités portuaires. Le réaménagement des infrastructures urbaines et un mode novateur de financement ont été mis en place pour y promouvoir l'entreprenariat. Toutefois, la densification de la fonction résidentielle et l'attribution de ressources pour répondre aux besoins en logements abordables n'ont pas été incluses dans la loi encadrant l'opération urbaine. Il faudra six ans pour qu'un plan de logement social (PHIS-Porto) soit adopté, en réponse aux demandes de la population et des mouvements sociaux. Malgré la mise en place de solutions novatrices fixant le prix des terrains, le plan comporte de nombreuses lacunes. L'objectif de 10 000 logements, sans emplacement ni délai définis, est incompatible avec les ressources disponibles, alors que les rares terrains publics du secteur sont déjà promis aux investisseurs privés. A partir d'un relevé des bâtiments publics existants, le travail répertorie les édifices destinés au marché immobilier et à la création de logements sociaux. Le travail compare également la densité prévue des terrains destinés à l'immobilier et au logement, afin d'augmenter le potentiel constructif de logement sociaux et de proposer des amendements juridiques majorant la production résidentielle.
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De nouvelles technologies en mer, de nouvelles villes sur terre? Le pétrole du pré-salé et l'urbanisation à Santos (São Paulo)Fábio Tozi (Unicamp - Universidade Estadual de Campinas)
La communication s'interroge sur le nouveau processus d'urbanisation à Santos poussée par l'exploitation de pétrole dans la couche pré-salifère. En 2006, la compagnie pétrolière publique Petrobras a révélé l'existence de pétrole à grande profondeur. Même à 300 kilomètres de la côte, cette découverte a eu comme impact de renforcer la centralité de deux des plus riches villes du pays, Rio de Janeiro, siège de Petrobras et centre d'information, recherche et développement, et Santos (Sao Paolo), centre des opérations du pré-salé. L'article s'intéresse à l'impact de ces grands projets pétrolier sur la ville de Santos et sa région métropolitaine. Sous-jacente aux enjeux économiques est la question de la hausse de la pauvreté et le développement d'une nouvelle urbanisation précaire dans ce territoire compétitif, qui fait partie de la Macro-métropole pauliste. Pour la majorité de la population, les investissements réalisés ou promis ne se traduisent pas dans un quotidien sans pénuries. Leur usage de la ville continue d'être rattaché aux activités du circuit inferieur de l'économie urbaine.
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Économie culturelle et développement urbain à São Paulo, Brésil : une analyse des politiques récentes pour le circuit audiovisuelAdriana Maria BERNARDES DA SILVA (Professeure au département de géographie, Universidade Estadual de Campinas (UNICAMP), São Paulo, Brésil), Eduardo Augusto Wellendorf Sombini (UNICAMP - Universidade Estadual de Campinas)
Cet article examine le rapport entre les activités de l'économie culturelle et le développement urbain à São Paulo en analysant les politiques publiques pour le circuit audiovisuel de cette métropole brésilienne. Le circuit audiovisuel représente l'ensemble des activités économiques de production, distribution et diffusion des œuvres audiovisuelles qui ont tendance à se concentrer spatialement. Le travail traite de la dynamique des activités audiovisuelles situées à São Paulo, où, les activités de l'économie culturelle est de plus en plus liée à des transformations territoriales majeures. Le circuit audiovisuel est central aux processus de revalorisation urbaine de quelques quartiers centraux de la métropole, surtout dans la zone ouest où d'anciennes zones industrielles sont depuis les années 2000 occupées par des entreprises de production et studios de tournage. L'article démontre l'importance des politiques culturelles à la compréhension du développement urbain de São Paulo et souligne l'ancrage territorial des politiques récentes du circuit audiovisuel. Le travail explore la vision qui guide l'action d'un nouvel organisme public dont les positions défendent l'idée que la culture doit être considérée comme activité de génération de valeurs capitalistes et un instrument de croissance économique métropolitaine, incluant la notion de « ville créative », qui met l'accent sur la dimension culturelle comme stratégie d'adaptation des métropoles aux orientations de l'urbanisme néolibéral.