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Clémence Cireau, Stagiaire en journalisme scientifique
Interciencia, c’est un dialogue interculturel, entre les différentes nations, mais aussi au sein des différents pays.

Autour de la table, une Mexicaine, un Panaméen d’origine indienne, une Vénézuélienne, un Brésilien qui a étudié à l’Université Laval et un Québécois passionné d’Amérique latine… Bienvenue à la rencontre annuelle d'Interciencia qui se déroulait à Montréal, les 1er et 2 octobre 2012.

Créée en 1974, à Recife au Brésil, Interciencia réunit les différentes communautés scientifiques des Amériques. On y retrouve 17 associations nationales, dont l’Acfas, mais le cœur de l’association se trouve en Amérique latine.

« Une science d’intérêt publique, une science pour aider les gens, pour et par eux! », résume avec conviction Mayra de la Torre, professeure au Centre de recherche en alimentation et développement (CIAD) à Hermosillo, au Mexique, et présidente sortante d’Interciencia. Michel Bergeron, professeur émérite au Département de physiologie de l’Université de Montréal, que Mayra surnomme affectueusement le vieux sage d’Interciencia, ajoute que « le développement des sociétés de la connaissance ne peut se faire sans que les citoyens aient accès à la science et ce, tant pour la prise de décisions éclairées que pour la participation à la démocratie ».

La revue

Chaque mois, l’association publie la revue scientifique Interciencia, en trois langues : espagnol, portugais et anglais. Mayra de la Torre signale que « la publication est essentielle au milieu de la recherche latino-américain, entre autres, parce que dans les universités, les étudiants ne parlent pas tous bien l’anglais. » De plus, la revue est gratuite et accessible en ligne. La chercheuse souligne aussi que les articles sont régulièrement cités dans les travaux réalisés en Afrique, ou dans le monde arabe notamment.

La force du réseau

Interciencia mise sur l’entraide entre les scientifiques. Mahabir P. Gupta, directeur général de l’association, le rappelle : « la science est une construction commune ».  Le réseau  BIONNA en est un des plus beaux exemples. Depuis un an, ce réseau centré sur les recherches en biotechnologies diffuse toutes les deux semaines des conférences en ligne. Chaque semaine, quelque 6000 visiteurs viennent y glaner des informations. « L’avènement des réseaux numériques est une formidable opportunité pour notre milieu de la recherche, moins fortuné que ceux du Nord. Voilà que l’on peut se "réunir" à peu de frais et de manière très productive », souligne le Pr Torres. « Et le réseau Bionna est un exemple que l’on voudrait voir se reproduire du côté de l’énergie, par exemple», poursuit Mahahir P. Gupta.

Une foisonnante diversité!

Mahabir P. Gupta est professeur en chimie pharmaceutique des plantes à l’Université du Panama et directeur du Centre pour la pharmacognosie sur la flore du Panama. Comme il l’explique, la grande force de l’Amérique latine est sa foisonnante diversité biologique. « Ces ressources naturelles promettent de grandes avancées pour la cosmétique, les médicaments et l’alimentation. » L’Amérique latine accueille donc un noyau important de chercheurs en biotechnologie et en biodiversité.

À Rome, on fait comme les romains...

Interciencia, c’est un dialogue interculturel, entre les différentes nations, mais aussi au sein des différents pays. Comment en arriver, par exemple, à un véritable partage entre les savoirs ancestraux développés par les communautés autochtones sur la flore tropicale et les compétences d’un chercheur comme Mahabir P. Gupta. Selon lui, c’est un art très délicat, car les autochtones, au Panama par exemple, sont devenus très méfiants. Mayra de la Torre confirme tout en expliquant que l’établissement d’une relation de confiance est fondamentale, et avec elle, doit venir la patience.

Il faut prendre le temps, vivre avec eux, et surtout, « manger ce qu’on vous donne, » lance-t-elle avec beaucoup d’humour. « Aussi, il faut mettre en place des recherches multidisciplinaires. Mélanger l’agronomie, l’anthropologie, l’économie. Et surtout investir dans les sciences sociales. Interciencia doit aller dans cette direction », ajoute-t-elle.

Depuis lundi 1er octobre, la nouvelle présidente de Interciencia se nomme Marisol Aguilera Meneses. Quand on demande à cette biologiste en cytogénétique à l’Université Simon Bolivar, à Caracas, au Vénézuela, quels seront les défis du futur pour Interciencia et l’Amérique latine, elle répond sans hésiter qu’Interciencia doit insister encore plus pour faire comprendre aux gouvernements le rôle fondamental et stratégique de la science. « Ce qui est souvent difficile, même au Canada », conclut Michel Bergeron.


  • Clémence Cireau
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Clémence Cireau part durant sa dernière année de licence en information et communication à l’Université de Bordeaux, en échange au Québec. Elle y réalise alors une maîtrise en journalisme scientifique à l’Université Laval. Elle a travaillé pendant deux ans à la Chaire de journalisme scientifique de l’Université Laval. Désormais, elle écrit des articles en journalisme scientifique, en parallèle de son poste d’adjointe de direction au sein du magazine Médecine Sciences Amérique.

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