504 - La musique en soutien à l’enseignement des disciplines scolaires au primaire : pourquoi, comment et pour qui?

L’apport de l’enseignement-apprentissage de la musique en contexte scolaire est largement documenté, par exemple sur le développement de la motivation, de l’estime, de l’esprit critique et de la pensée créative des élèves du primaire. Cependant, les personnes enseignantes généralistes ou d’autres disciplines, même si elles reconnaissent l’importance de la musique pour leurs élèves, ne se sentent pas nécessairement outillées ou « compétentes » pour intégrer la musique à leur enseignement, ce qui ne les pousse pas à intégrer des activités musicales à leurs pratiques. De plus, au Québec, l’enseignement de la musique revient le plus souvent à des enseignants spécialistes de cette discipline, accentuant peut-être une certaine cloison entre « musique » et « autres disciplines ». C’est dans ce contexte que le cours universitaire « La musique au service de l’enseignement » (PED 1044 à l’UQTR / 3EMU 400 à l’UQAC) a été créé, avec pour intentions pédagogiques d’amener les personnes étudiantes à analyser des connaissances musicales, à créer des liens entre la musique et les autres disciplines, ainsi qu’à expérimenter, analyser et créer des activités musicales pour en comprendre les retombées auprès des apprenants. Cette communication expliquera les origines du cours, ses objectifs, ses contenus, les compétences qu’il cible, ses activités d’évaluation et de formation de même que ses retombées souhaitées en enseignement des disciplines au primaire.

Des recherches consacrées à l’interdisciplinarité ont démontré que l’enseignement-apprentissage de la musique offre aux élèves d’âge primaire un cadre pédagogique dépassant les limites traditionnelles des matières, favorisant ainsi une approche d'apprentissage plus complète, dynamique et appliquée. Or, malgré les évidences empiriques, un nombre restreint de cours universitaires intègrent l’enseignement-apprentissage de la musique de façon interdisciplinaire au cœur des programmes de formation à l’enseignement. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons la structure du cours MUS-3661 « Musique et apprentissages » à l’Université Laval. Ce cours de 1^er cycle universitaire, destiné aux étudiants aux baccalauréats en enseignement de la musique et en enseignement au préscolaire-primaire, se base sur les travaux interdisciplinaires qui ont été réalisés dans le cadre de la chaire de recherche du Canada en musique et apprentissages au cours des 10 dernières années.  Dans un premier temps, cette présentation mettra en avant-plan les raisons qui ont conduit à la création de ce cours. Ensuite, nous proposerons une description approfondie du contenu du cours, des objectifs, des compétences ciblées, ainsi que des travaux envisagés.

Au Québec, l’enseignement de la musique au primaire se fait, le plus souvent, par des personnes enseignantes spécialistes de cette discipline. Dans ce contexte, l’intégration de la musique au sein des classes du primaire en soutien à l’enseignement d’un ensemble de disciplines scolaires comporte son lot de défis : connaissances et compétences musicales des personnes enseignantes généralistes ; collaboration entre généralistes et spécialistes ; cloisonnement des disciplines scolaires et des programmes de formation initiale en enseignement… Pour relever certains de ces défis, le cours « La musique au service de l’enseignement » (UQTR et UQAC) et le cours « Musique et apprentissages » (ULaval) ont été développés et ajoutés aux grilles de cheminement des programmes de baccalauréat en enseignement afin de créer plus d’opportunités d’intégrer la discipline musicale au cœur des pratiques en soutien aux apprentissages des élèves. Une analyse comparative de ces cours mettra en lumière leurs points communs et leurs différences en ce qui concerne leurs objectifs, les compétences professionnelles qu’ils visent, les programmes au sein desquels ils s’insèrent, les modalités de formation et d’évaluation et leurs contenus respectifs. La communication se terminera par des pistes de réflexion concernant l’apport de ces cours au 1^er cycle universitaire, entre autres en abordant les questions de collaboration, d’interdisciplinarité et de soutien aux apprentissages des élèves.

La perception de compétence à intégrer la musique à son enseignement ne permet pas toujours aux généralistes d’intégrer la musique dans leur classe, d’où l’importance de chercher à les outiller dès leur formation initiale. L’objectif de notre recherche qualitative exploratoire était de décrire la façon dont la perception de compétence évolue pendant la participation de futur.es enseignant.es au cours « La musique au service de l’enseignement » de l’UQTR, pendant lequel des étudiant.es en enseignement ont développé leurs compétences à concevoir, à piloter et à analyser des séquences d’enseignement-apprentissage qui intégraient des éléments musicaux en considérant leurs retombées pour les apprenants. Pendant 15 semaines, les étudiant.es ont remis des travaux (journal de bord, planification, pilotage) et participé à des ateliers (habiletés musicales) qui témoignaient des apprentissages réalisés et des compétences développées. L’analyse qualitative des travaux, par un procédé de questionnement analytique, a permis de documenter la progression perçue de certaines habiletés musicales par les étudiant.es, les liens qu’ils/elles effectuent avec leur future profession et l’évolution de leur perception de compétence au fil des semaines. Les résultats préliminaires permettront de réfléchir aux conditions favorisant à la fois le développement de leur perception de compétence et celui de leurs compétences à intégrer la musique dans leur classe. 

Cette communication, en lien avec l’axe 1, se penchera sur les approches utilisées dans l’enseignement de différentes disciplines, ce qui inclut la musique, et sur leurs retombées. Une attention toute particulière sera accordée à des études ayant examiné les effets spécifiques associés à une pédagogie par projet. Un premier objectif de cette communication sera de dresser un portrait des recherches réalisées à ce jour sur les effets de la pédagogie par projet, plus spécifiquement en contexte de l’enseignement musical. Un deuxième objectif sera de démontrer l’intérêt d’étudier les liens entre la pédagogie par projet, la motivation et la réussite scolaires, car les connaissances émergeant de telles études sont susceptibles d’inspirer des interventions ou des adaptations à des interventions existantes ayant effectivement le potentiel de soutenir d’agir positivement sur ces dimensions. Les pistes ainsi partagées me permettront d’introduire mon projet de recherche de doctorat au travers duquel la pédagogie par projet occupe une place prépondérante. Je m’intéresse à cette approche pédagogique, car elle est cohérente avec différentes théories de la motivation. Mon projet de recherche me permettra de mesurer les effets de cette approche pédagogique et de mieux comprendre comment elle agit sur la motivation des élèves. 

La déficience intellectuelle (DI) a un impact significatif sur l'acquisition des compétences en lecture, rendant le développement de la littéracie difficile et limitant ultimement l'engagement social. Des approches novatrices d'enseignement sont ainsi nécessaires et actuellement peu de littérature porte sur les retombées des interventions qui incluent la musique auprès de cette population. Cette étude a examiné le développement de la conscience phonologique chez des enfants vivant avec une DI légère à travers la participation à un programme musical multisensoriel, combinant rythme, phonèmes et gestuelle phonétique. Mené sur 13 semaines dans une classe d'enseignement spécialisé de première année, le programme consistait en 30 séances de 30 minutes dirigées par une enseignante de musique. L'évolution de la conscience phonologique et de la lecture de cinq participants a été évaluée via un modèle pré-test (T1/T2), post-test (T3) et mesure de suivi (T4) à groupe unique. Les résultats d’une régression logistique ont révélé un effet significatif du temps de mesure sur la conscience phonologique (p<0,0001) et la lecture des syllabes (p<0,0001). Les contrastes entre T1/T2 et T3 ont révélé une différence significative des moyennes dans trois des sous-tests : segmentation des syllabes, fusion et élision phonémique. Ces résultats mettent en lumière l'importance des approches créatives et interdisciplinaires pour développer la conscience phonologique chez les élèves vivant avec une DI.

Cette communication porte sur l’importance de développer la créativité des enfants à l’éducation préscolaire, notamment par l’intégration des arts, dont la musique, aux jeux initiés par eux (Biasutti et Habe, 2021). La créativité, une compétence du 21^e siècle, développée à l’éducation préscolaire, aidera les enfants à relever les défis tout au long de leur vie (Dominey, 2021; OCDE, 2020). À partir d’exemples issus de précédentes recherches (Jacob, en cours, Jacob, Lehrer, Ritchie et Smith-Gilman, 2019-2021), nous présenterons des situations où les enfants intègrent spontanément la musique dans les jeux libres. Pour prendre conscience des phénomènes artistiques, les enseignantes doivent soutenir les enfants pour développer leur pensée, ce qui demeure un défi pour elles (Samuelsson et al., 2009). Même si la musique est un domaine d’apprentissage dans le Programme-cycle de l’éducation préscolaire, certaines enseignantes se sentent plus à l’aise de l’intégrer en classe si elles sont déjà des musiciennes (Bonnéry, et Deslyper, 2020). La conclusion abordera la spécificité de mener de futures recherches comparatives avec une équipe internationale pour non seulement jeter un regard sur notre propre culture, mais aussi pour rendre visibles les pratiques à l’éducation préscolaire (Groux, 1997; Tobin, 2022). Elle proposera en outre quelques pistes pour intégrer les arts, dont la musique, aux jeux libres des enfants.