5a. Résumé
À partir d’un décryptage sémiologique (Frau-Meigs, 2014) de la série The Handmaid’s Tale (Bruce Miller, 2017), illustrant une dystopie où les femmes sont renvoyées à leur rôle reproducteur, ma présentation analysera le sentiment de honte comme outil de contrôle patriarcal du corps féminin. Véritable instrument de contrôle social (Drouin et Desjardins, 2022), cette émotion hiérarchisante et socialement construite (Turner et Stets, 2005) est critiquée par la 4e vague féministe (Cochrane, 2013), car elle participe à renforcer les mythes de la sexualité qui entachent le vécu sexuel féminin (Renard, 2018), en s’imposant insidieusement sur le corps féminin (telle une maîtrise de soi (Wouters, 2004) qui arbore les traits de la pudeur féminine, la crainte des qu’en-dira-t-on (Renard, 2018), le slutshaming (Porcel, 2019)). Dans le contexte contemporain de la culture du viol, rassemblant les mythes et pratiques qui banalisent ou favorisent les violences sexuelles (Zaccour, 2019), cette injonction moralisatrice (Piazzesi et al., 2020) consolide le statut d’objet de contrôle social (Legouge, 2016) de la sexualité féminine, en l’ancrant dans une symbolique de pouvoir, qui lui admet une expression unique, passive et masochiste face à un désir masculin dominant et irrépressible (Zaccour, 2019) : en marginalisant, alors, toute forme de sexualité féminine assertive. L'examen des manifestations de la honte permettra de relever le caractère insidieux et l'envergure de cet instrument de contrôle patriarcal.