Cette présentation vise à répondre à une question qui hante l’analyse du travail journalistique: qu’est-ce que ça veut dire être un « journaliste professionnel » ? Selon la sociologie des professions, la figure du professionnel et les phénomènes qui l’accompagnent (carte de presse, programme de formation) ont été universellement désirés par les journalistes au 20e siècle parce que ces derniers leur permettaient d’acquérir du capital symbolique et une meilleure crédibilité. Or, les perspectives critiques s’inspirant de la théorie du procès de travail post-Braverman ont plutôt tendance à affirmer que la figure du professionnel a été imposée par les patrons de presse dans le but de discipliner les travailleurs et les travailleuses de l’information.
Mon objectif est alors de découvrir un nouveau moyen de penser la figure du professionnel : pour moi, la professionnalisation est essentiellement une tentative idéologique d’aligner les journalistes sur les moyens de production. Conséquemment, le devenir-professionnel, poussé à l’extrême, est un devenir-machinique. Cela explique pourquoi la plupart des gestionnaires qui au 20e siècle en appelaient à une professionnalisation du journalisme, en appelle plutôt aujourd’hui à une automatisation de la production journalistique. Cela est cohérent dans la mesure où la professionnalisation et l’automatisation ont essentiellement la même fonction politique : dépolitiser les journalistes et fissurer la composition de classe.
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