La pensée de Heidegger propose une nouvelle expérience du langage. Dans le cours d'été de 1934, La logique comme question de l'essence du langage (publié en 2020, Heidegger Gesamtausgabe 38A), Heidegger s'attaque à la conception nominaliste et logiciste du langage. Selon cette conception, le langage serait un outil de communication qui sert d'abord et avant tout à extérioriser (expression) un contenu intérieur (idées, sentiments, etc.). Contre cette conception, Heidegger pense plutôt le langage dans son caractère événementiel. N'étant pas un instrument de la subjectivité humaine, le langage serait alors un événement historique dans lequel émergerait le monde que nous habitons. À la fin de son cours, Heidegger s'intéressera à la poésie dans la mesure où elle révèle les puissances créatrices du langage. À travers la poésie, Heidegger tente de penser la possibilité de construction et de préservation du monde à partir de la puissance évocatrice du langage. Pour éclairer ces idées difficiles du cours de 1934, il est nécessaire de se référer au cours de l'hiver 1934-1935 portant sur la poésie de Friedrich Hölderlin (Heidegger, Gesamtausgabe 39) où la poésie se trouve thématisée pour elle-même. Lire les deux cours de manière conjointe nous permettra de montrer la continuité des questionnements logique et poétique dans la pensée de Heidegger.
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