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Natacha Gagné, Université Laval

André Lepage, étudiant participant au projet « Ethnographie de la Côte-Nord du Saint-Laurent », en compagnie d’un habitant du village de Tête-à-la-Baleine. Il devint un spécialiste de l’anthropologie des pêcheries et de l’anthropologie historique. Il œuvra notamment à la mise en valeur de sites historiques de l’Est-du-Québec, à la fois comme travailleur autonome et consultant à l’emploi de différentes firmes.

Récit Gagné
Photographie de Margaret Patterson d’un étudiant participant au projet « Ethnographie de la Côte-Nord du Saint-Laurent », André Lepage, vers 1975. Il est en compagnie d’un habitant du village de Tête-à-la-Baleine. André Lepage devint un spécialiste de l’anthropologie des pêcheries et d’anthropologie historique et œuvra notamment à la mise en valeur de sites historiques de l’Est-du-Québec, à la fois comme travailleur autonome et consultant à l’emploi de différentes firmes.

 

À  une époque de profondes transformations avec l’avancement technologique et une ouverture de plus en plus importante sur le monde extérieur, et dans un contexte d’affirmation nationale, le projet visait, par une approche ethnographique holiste, à documenter la configuration spécifique des diverses régions culturelles du Québec au moyen d’une analyse comparative de communautés locales.

De 1965 à 1975 un vaste programme de recherches ethnographiques se déploya sur la Basse et la Moyenne Côte-Nord du Saint-Laurent. Le projet débuta par l’ethnographie du village de Saint-Augustin à l’été 1965 par une équipe du Département de sociologie et d’anthropologie (1960-1969) de l’Université Laval constituée du professeur Marc-Adélard Tremblay et de deux étudiants, Paul Charest et Yvan Breton. Marc-Adélard Tremblay dirigea le chantier de recherche qui porta sur une dizaine de villages, mobilisa une quarantaine d’étudiants et produisit une douzaine de mémoires et de thèses. Il fut secondé, à partir de 1970, par Paul Charest, lequel fut embauché comme professeur en 1969, à la veille de la création, en 1970, du nouveau Département d’anthropologie.

À une époque de profondes transformations avec l’avancement technologique et une ouverture de plus en plus importante sur le monde extérieur, et dans un contexte d’affirmation nationale, le projet visait, par une approche ethnographique holiste, à documenter la configuration spécifique des diverses régions culturelles du Québec au moyen d’une analyse comparative de communautés locales. Il avait également pour but d’initier les étudiants, très tôt dans leur formation en anthropologie, à la recherche sur le terrain. Les étudiants du département qui n’eurent pas la chance d’aller sur le terrain furent aussi familiarisés avec les travaux de l’équipe puisque les données collectées étaient retranscrites, codifiées et analysées dans le cadre de cours comportant des travaux pratiques. Le projet fonctionna ainsi comme véritable laboratoire de recherche et participa à la formation de toute une génération d’anthropologues qui furent embauchés par la suite comme professeurs à l’Université Laval (Yvan Breton en 1971, Pierre Beaucage en 1968, Serge Genest en 1974, François Trudel en 1975), dans d’autres universités et dans les cégeps, devinrent consultants ou intégrèrent la fonction publique.

Par-delà les changements d’approches théoriques, l’apparition de nouvelles questions de recherche et la diversification des terrains au fil du temps, ce projet est à l’origine d’une longue tradition d’études conçues sur une base collective et envisagées comme « tremplin d’apprentissage » au Département d’anthropologie de l’Université Laval. Le dynamisme des nouveaux professeurs et de leurs étudiants dans les premières années du département est évocateur. Pour ne prendre que quelques exemples, pensons à Marc-Adélard Tremblay qui mena en parallèle du projet « Ethnographie de la Côte-Nord du Saint-Laurent » des études en milieu autochtone. Paul Charest étendra également ses recherches aux communautés innues à partir de 1976. Amorcé dès 1967, Bernard Saladin d’Anglure (embauché en 1971) dirigea un projet sur les communautés inuit du Nouveau-Québec auquel collaborèrent des étudiants comme François Trudel et Louis-Jacques Dorais (embauché en 1975). Dès 1968, Pierre Beaucage (il quitta l’Université Laval pour l’Université de Montréal en 1971) dirigea une étude de communautés autochtones de la Sierra Puebla, au Mexique, à laquelle participa notamment Marie France Labrecque (embauchée en 1977). Les recherches d’Yvan Breton se déployèrent également au Mexique où il entreprit, en 1973, le « Projet Yucatan » sur la paysannerie auquel prit aussi part Marie France Labrecque. Cette dernière dirigea à son tour plusieurs projets collectifs dans cette région quand elle devint professeure. Yvan Breton mit ensuite en œuvre, avec son équipe, le « Projet Bellechasse » de 1974 à 1979 sur les effets de la « décomposition de la paysannerie » dans un comté rural près de l’agglomération urbaine de Québec. Louis-Jacques Dorais prit également part au « Projet Louisiane » de 1976 à 1979 sur la renaissance ethnique et linguistique chez les Cadiens. Ces professeurs sont au nombre de ceux qui initièrent à leur tour à la recherche les générations suivantes au sein desquelles on retrouve plusieurs des professeurs actuels du département, dont Frédéric Laugrand, Manon Boulianne, Sabrina Doyon. Cette même vitalité en recherche est donc toujours à l’œuvre aujourd’hui, en synergie avec d’autres traditions, et continue de se renouveler!

Quelques références indicatives :

  • Tremblay, M.-A., Charest, P. et Y. Breton, 1969, Les changements socioculturels à Saint-Augustin. Contribution à l'étude des isolats de la Côte-Nord du Saint-Laurent, Québec, Les Presses de l'Université Laval.
  • Tremblay, M-A. et A. Lepage, 1970, « La Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent : une ethnologie en construction », Recherches sociographiques, 11 (1-2) : 9-15. doi:10.7202/055478ar
  • Breton, Y., 1984, « De l’ampleur des intentions à la mesure du geste concret. La diffusion et l'utilisation de résultats de recherche dans Bellechasse », Anthropologie et Sociétés, 8 (3) : 43-61. doi:10.7202/006217ar

  • Natacha Gagné
    Université Laval

    Natacha Gagné est professeure au Département d’anthropologie de l’Université Laval. Ses recherches portent principalement sur les processus de décolonisation et de redéfinition de la souveraineté en Océanie. Elle s’intéresse également à l’histoire sociale de l’anthropologie au Québec et enseigne le cours « Anthropologie au Québec ».

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