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On a tendance à croire que la douleur est surtout subjective. Pourtant, lorsque l’on fait des tests psychologiques et physiques, on se rend compte que la douleur exprimée par les patients en fonction de différents types de stimuli douloureux est tout à fait cohérente.

[Colloque 107 - Vers une conception biopsychomotrice de la douleur : études des fonctions adaptatives de la douleur, de la moelle épinière jusqu’à la communication interpersonnelle]

Yves de Koninck est professeur de psychiatrie et de neurosciences à l’Université Laval. Il est également directeur scientifique de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec ainsi que du Réseau québécois de recherche sur la douleur.  Il revient ici sur les enjeux et les avancées de la recherche sur la douleur chronique, maladie qui touche une personne sur cinq.

Daphnée Paluszko : Quelle est la place de la douleur dans un congrès comme celui de l’Acfas?

Yves de Koninck : Le Réseau québécois de recherche sur la douleur est le meilleur au monde, rien de moins. Il rassemble des physiologistes, des physiciens et des mathématiciens œuvrant au développement de nouvelles technologies, ou encore des spécialistes des aspects sociaux et organisationnels du système de santé. Comme pour la création d’un nouveau téléphone portable, il y a tout un arsenal de spécialistes, chacun à sa place, qui découvre, innove, exploite, etc. J’aime rassembler des gens de différentes disciplines, et c’est aussi l’avantage et l’ambition du congrès de l’Acfas par rapport aux autres événements.

Daphnée Paluszko : Où en est la recherche sur la douleur?

Yves de Koninck : On a tendance à croire que la douleur est surtout subjective. Pourtant, lorsque l’on fait des tests psychologiques et physiques, on se rend compte que la douleur exprimée par les patients en fonction de différents types de stimuli douloureux est tout à fait cohérente. En outre, il y a une influence incontestable de l’inconscient qui rend l’étude du cerveau primordiale à la compréhension de la douleur. Les thérapies appliquées aux cas de Parkinson l’illustrent très bien. Des traitements placebo y ont notablement réduit les symptômes de tremblements. Cela prouve que notre propre conditionnement provoque la libération par le cerveau de facteurs qui agissent sur notre corps. Selon la situation, les perceptions sont aussi différentes. Par exemple, la femme qui accouche est plus résistante à la douleur que dans d’autres situations. En fait, la douleur comporte de multiples dimensions à prendre en compte. Des travaux sur l’empathie face à la douleur d’autrui, par exemple, ont montré que celle-ci avait un impact social, entrainant la sollicitude de l’entourage entre autres.

Daphnée Paluszko : Quels sont les enjeux actuels des recherches sur la douleur?

Yves de Koninck : Les recherches abordent tous les problèmes et enjeux de la santé mentale, pas seulement ceux de la douleur. Il y a trente ans la douleur était un sujet tabou, puis il y a eu une reconnaissance d’un point de vue médical, mais aussi social. L’industrie pharmaceutique s’y est mise aussi, et cela a modifié les mentalités. C’est maintenant reconnu comme un problème en soi. Il faudrait faire de même pour les maladies mentales, encore stigmatisées. Beaucoup de ces maladies sont en fait des déséquilibres des fonctions nerveuses, mais il faut d’abord les reconnaître et les démystifier avant de s’y attaquer.

L’étude du cerveau est indispensable bien au-delà des processus psychosociaux. Comment mesurer la douleur chez les gens qui ne peuvent pas l’exprimer? Les nouveau-nés, les personnes âgées et les patients atteints de maladies mentales souffrent, mais n’ont pas toujours la capacité de l’exprimer. Comment mesurer la douleur pour développer des thérapies quantitatives qui soient objectives? Il faut s’appuyer sur les expressions faciales et l’imagerie cérébrale. Beaucoup de gens sont concernés, cela en fait également un problème économique en plus d’être un enjeu de qualité de vie.


  • Daphnée Paluszko
    Présentation de la journalisteDaphnée Paluszko est communicatrice scientifique et auteure du site Libido Scientia. Après un Master Recherche en Biologie Cellulaire et Moléculaire réalisé à l’Institut Pasteur de Paris et à l’Université Paris VI, elle se réoriente vers la communication avec un Master Professionnel de Communication Scientifique. Son enthousiasme à transmettre aux autres et sa gourmandise insatiable pour les sciences auront certainement guidés ce choix. Présentement à Montréal, elle effectue son stage de fin d’études en tant que chargée de communication pour l’association Science pour tous.

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