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Yves De Koninck - Prix Acfas - 2013
Multidisciplinarité

Yves De Koninck

Université Laval

[À lire aussi, l'entrevue réalisée par Le Devoir]

Devant de telles réalisations, on est presque tenté de s’exclamer : « Voici des neurosciences comme on n’en a jamais vu! » Et il y a de quoi souligner l’exploit car, pour en arriver là, le lauréat a dû « dessiner » une plateforme technologique unique en son genre. Une structure où des ingénieurs en physique optique gravitent autour de biochimistes; où des spécialistes en sciences informatiques et en sciences des matériaux se renvoient les équations. Et c’est très bien ainsi, car c’est voulu ainsi!

C’est dans cette foulée que le professeur Yves De Koninck a développé à partir de 2002, pour le compte des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), un programme stratégique et novateur de formation, intitulé Neurophysique. L’objectif? Que des chercheurs établis en photonique et en sciences des matériaux soient initiés à la neurobiologie!

De ce champ alors tout neuf allait émerger en 2003, à l’initiative d’Yves De Koninck lui-même, le Centre de neurophotonique de l’Université Laval. Et avec lui, la première formation avancée en biophotonique en Amérique du Nord.

Yves De Koninck a cru dès le début qu’en matière d’imagerie moléculaire et cellulaire, la lumière – l’optique – offrait les pistes de solution. Un des grands enjeux en biologie cellulaire, et particulièrement en neurosciences, est de pouvoir suivre les phénomènes moléculaires dans la cellule vivante. Or, la microscopie optique a le grand avantage de permettre de pister ces phénomènes dans la cellule vivante et dans le tissu intact.

C’est ainsi qu’en collaboration avec le physicien Peter Grütter, de l’Institut pour les matériaux avancés de l’Université McGill, M. De Koninck est arrivé à mettre au point une approche permettant de traquer, en temps réel, des changements dans les propriétés mécaniques du squelette de cellules aussi fines que celles formant les épines dendritiques. Ces travaux « éclairent » littéralement le mouvement des molécules dans ces épines, phénomène clé de la plasticité neuronale.

Tout récemment, avec Réal Vallée, directeur du Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval, la création d’une microsonde mixte lui a permis d’effectuer des enregistrements électrophysiologiques tout autant qu’optiques à l’intérieur d’un cerveau vivant d’animal, et cela, un neurone à la fois.

Sans cette multidisciplinarité, croit Yves De Koninck, toutes ces technologies d’imagerie cellulaire et moléculaire, quasi inexistantes encore dans le champ des neurosciences il y a dix ans, n’auraient vraisemblablement pas vu le jour, pas plus que les révélations spectaculaires des processus vivants (qu’ils soient sains ou délétères) à l’intérieur même des tissus nerveux et du cerveau, l’ultime but de toute cette entreprise.

En 2007, sous l’impulsion du lauréat, a été créée, à Québec, l’École d’été en neurophotonique, « dont la formule consiste à offrir aux participants (doctorants, postdoctorants) une formation hands on à la fois théorique et pratique, basée sur l’utilisation des équipements de pointe du Centre de neurophotonique et sur l’enseignement de professeurs invités de grand renom ». Cette école existe toujours et beaucoup de jeunes participants, d’ici et de l’étranger, y associent désormais leur premier contact avec le professeur De Koninck.

Cet honneur remet en lumière, s’il le fallait, le mérite de l’une des plus illustres familles de l’histoire intellectuelle du Québec, dont le patronyme, celui d’Yves, certes – mais surtout celui de son grand-père Charles (1906-1965), jadis doyen de la faculté de philosophie ! –, orne aujourd’hui l’un des pavillons de l’Université Laval.

Rédacteur : Luc Dupont