Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Les approches de recherches-intervention partenariales menées en santé du travail (ST) et en santé environnementale (SE) placent la mobilisation des connaissances au cœur du processus de co-construction entre les partenaires sociaux et les chercheur.se.s. Afin que ce type de projets ait des retombées durables sur le plan de la santé, une préoccupation grandissante touche l’importance d’intégrer une analyse des mécanismes pouvant créer ou au contraire combattre des inégalités sociales, dont celles de genre, et ce tant dans le processus partenarial que dans la problématique étudiée. En effet, les contextes où nous étudions la santé, les milieux de travail comme la société au sens large, sont traversés d’inégalités liées au sexe-genre, à la classe sociale, à l’ethnicité, à l’âge, etc. La prise en prise en compte de ces inégalités est complexe et nécessite des compétences dans la mesure où il peut être difficile de discuter de ces questions avec les partenaires issus de milieux de travail, communautaires, environnementaux et même scientifiques.
Le colloque proposé a l’objectif d’élargir les réflexions et de favoriser les échanges lancés par les travaux de deux équipes de recherche interdisciplinaires, interuniversitaires et intersectorielles qui étudient la prise en compte des inégalités sociales, dont celles de genre dans les recherches-intervention : l’équipe GESTE pour le partage des connaissances et l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur le travail Santé-Genre-Égalité (SAGE). Plus spécifiquement, il vise à : 1) diffuser de nouvelles connaissances portant sur les mécanismes engendrant des inégalités sociales et de genre en SE ou en ST; 2) illustrer les défis d’opérationnaliser ces connaissances dans le cadre de transformations dans les milieux et les communautés ou sur le plan législatif et réglementaire; et 3) réfléchir aux connaissances à produire et aux approches à enrichir pour soutenir les chercheur.se.s et acteur.rice.s sociaux engagés dans ce type d’initiatives.
Remerciements :Le comité organisateur remercie le FRQ-SC et les IRSC pour leur soutien financier ainsi que Samie Pagé-Quirion (doctorante, UQAM) et Delphine Larivière (coordonnatrice SAGE) pour leur soutien à la logistique et à la coordination du colloque.
Date :- Mélanie Lefrancois (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Jessica Riel (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Marie-Eve Major (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Marie Laberge (UdeM - Université de Montréal)
- Hélène Sultan-Taieb (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Anne-Renée Gravel (TÉLUQ - Université du Québec)
- Jena Webb (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Ouverture du colloque
Les équipes Santé Genre Égalité (SAGE, FRQSC 2016-2024) et GESTE pour le partage des connaissances (IRSC, 2017-2022) impliquent des membres du Centre de recherche interdisciplinaire sur la santé, le bien-être, la société et l'environnement (CINBIOSE). Depuis plus de 30 ans, le CINBIOSE nourrit les connaissances scientifiques pour rendre visibles les sources d'inégalités sociales et de genre en santé au travail et en santé environnementale. Les leaders de SAGE et GESTE présenteront les plus récents résultats qui font le pont entre la science et la pratique pour amener des transformations visant l'équité en matière de santé.
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Communication orale
Bilan des travaux de l'équipe GESTE pour le partage des connaissances en santé au travail et environnementale : construire l'équité en recherche intervention partenarialeMarie Laberge (UdeM - Université de Montréal), Véronique Poupart-Monette (Université de Montréal)
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Communication orale
L'équipe interdisciplinaire Santé Genre Égalité (SAGE) : une programmation visant à réduire les inégalités sociales et de genre en santé au travailJessica Riel (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Post-mortem de la participation à la commission parlementaire du projet de loi 59 visant à réformer le régime de santé et sécurité du travail
La promotion de l’égalité et de l’équité en santé au travail et environnementale n'est pas toujours faisable voire parfois impossible. Le processus derrière l’adoption récente de la Loi 27 réformant le régime québécois de santé et sécurité du travail (SST) illustre ces défis. En effet, durant son étude en commission parlementaire, le Projet de loi 59 (PL59) a été décrié par les partis d’opposition, des syndicats, des chercheurs.es et des groupes sociaux pour son caractère discriminatoire envers les femmes en général et plus particulièrement pour les travailleurs.ses domestiques et les travailleurs.ses d’agence de location, historiquement moins bien protégés.es en termes de SST. Pour plusieurs, une analyse différenciée selon le sexe/genre et d’autres formes d’inégalités (ADS+) aurait favorisé un régime plus équitable. Cette table ronde réunit des personnes issues des milieux académiques et pratiques ayant présenté des mémoires à la Commission parlementaire du travail et de l’énergie en janvier 2021 suggérant des améliorations tenant mieux compte de la réalité des femmes ou de personnes en situation de vulnérabilité en vue de l’adoption de la nouvelle loi. Nous souhaitons créer un espace d’échanges pour dresser le bilan de cette opportunité peu fréquente de faire des ponts entre la science et la pratique. Nous explorerons également leurs perceptions des retombées de leur participation tant sur le plan personnel que social.
Dîner
Favoriser l’équité sociale et de genre en santé : pleins feux sur les travaux de la relève
Une relève s'installe pour assurer un avenir prometteur et durable à la recherche intégrant les inégalités sociales et de sexe/genre (S/G) en santé au travail et santé environnementale. Cette séance vise à reconnaître les travaux d'étudiantes-chercheuses qui présenteront des résultats liés de leurs propres travaux de recherche dans leur parcours d'études supérieures ou dans le cadre de leur participation à des projets de recherche subventionnés. Différents angles d'attaque illustrent la construction des savoirs pour valoriser la prise en compte du S/G aux différentes étapes d'un projet allant de la construction du partenariat à la diffusion des résultats.
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Communication orale
Harcèlement sexiste et sexuel comme « accident du travail » : quels obstacles à la prise en compte des rapports sociaux de sexe ?Rachel Cox (UQÀM), Célia Favre (UQAM - Université du Québec à Montréal), Dalia Gesualdi-Fecteau (UQÀM)
Contexte: Une travailleuse touchée par du harcèlement sexiste ou sexuel au travail qui développe une maladie en raison de ce harcèlement est considérée comme victime d'un « accident du travail » au sens de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP). L’objectif est de décrire le parcours des travailleuses harcelées lors du processus de traitement de leur réclamation.
Méthode: Partant des épistémologies féministes et de la théorie du point de vue situé, des entretiens semi-dirigés ont été menés avec 10 travailleuses ayant déposé une réclamation pour lésion professionnelle à la CNESST à la suite d’une situation de harcèlement sexiste ou sexuel au travail. La méthode d’analyse des données (NVivo) est inspirée de la théorisation ancrée.
Résultats : La banalisation du harcèlement et l’absence de soutien de l’employeur portent les travailleuses à consulter un·e médecin. Ensuite, les travailleuses s’engagent dans un parcours médico-administratif épuisant, susceptible de se judiciariser, entraînant alors une victimisation secondaire. Leur santé mentale est au cœur du litige, alors que le harceleur demeure au travail.
Conclusion: L’enquête révèle comment le processus de réclamation produit une médicalisation et une dépolitisation du harcèlement sexiste et sexuel au travail. En occultant les violences et les rapports sociaux de sexe dans lesquels elles s’inscrivent, la LATMP n’offre pas un recours adapté aux travailleuses harcelées.
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Communication orale
Les représentations sociales quant aux liens entre l'environnement et la santé au Madawaska: des pistes pour passer du savoir à l’actionJoanie Dubé (UQAM - Université du Québec à Montréal), Myriam Fillion (TELUQ, RISUQ et Cinbiose), Marc Fraser (RISUQ et CINBIOSE), Céline Surette (Université de Moncton et CINBIOSE), Stéphanie Yates (UQAM - Université du Québec à Montréal, RISUQ et CINBIOSE)
En 2018, seulement 48,8% des résident.es du Madawaska, au Nouveau-Brunswick, se percevaient en bonne santé. Malgré que les activités économiques de la région, souvent associées à une possible contamination de l’environnement, causent de l’inquiétude face aux problèmes de santé observés par la population locale, peu d’initiatives en santé environnementale ont été entreprises dans la région.
L’étude vise à documenter les représentations sociales mobilisées par deux communautés (autochtone et urbaine non autochtone) du Madawaska, dans la compréhension du lien entre la santé et l’environnement, ainsi que la confiance dans l’information disponible et leur pouvoir d’agir. Quinze personnes ont participé à un entretien semi-dirigé en présence ou virtuellement. Les dimensions liées au sexe et au genre ainsi que les différences entre les communautés ont été analysées en fonction des termes qui ont émergés à l’aide de l’analyse par catégories conceptualisantes. Parmi les résultats on constate que plusieurs personnes expriment un sentiment d’impuissance et que toutes dénoncent des lacunes dans l’accès et la publicisation d’information. Les limites à l’action sont en majorité associées à l’inaction politique chez les hommes tandis que les femmes semblent reconnaître davantage qu’elles ne savent pas comment agir.
Cette étude permettra de proposer des pistes d’action pour améliorer la littératie en matière de santé environnementale et développer des initiatives contextualisées au Madawaska.
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Communication orale
L’intégration du sexe et du genre dans une recherche partenariale féministe auprès de travailleuses dans les maisons d’hébergement : une posture de recherche neutre ou militante?Vanessa Blanchette-Luong (UQAM - Université du Québec à Montréal), Nathalie Houlfort (UQAM - Université du Québec à Montréal et CINBIOSE), Messing Karen (UQAM - Université du Québec à Montréal et CINBIOSE), Katherine Malchelosse (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jessica Riel (UQO-Université du Québec en Outaouais et CINBIOSE)
Contexte : Ce projet répond à une demande du Regroupement des maisons d’hébergement (MH) pour femmes victimes de violence conjugale sur les problèmes de recrutement et de rétention des travailleuses en MH. Pour comprendre ces difficultés, il faut comprendre leurs déterminants en considérant les inégalités liées aux rapports de sexe et de genre.
Méthode : Une analyse thématique de 19 entretiens semi-dirigés auprès de travailleuses ayant quitté leur emploi a été faite (Nvivo12) et le travail en MH a été observé (60h).
Résultats : Notre étude identifie certains déterminants plus influents : le contexte organisationnel (climat d’équipe, type de gestion), les conditions d’emploi (faible salaire, horaire atypique) et la charge de travail. Ces déterminants doivent être recadrés dans le contexte socio-économique : le sous-financement des MH, qui influence les conditions d’emploi, serait-il lié à la sous-valorisation du travail de « care » majoritairement effectué par les femmes? La méfiance face aux causes féministes entrave-t-il la collaboration avec d’autres organismes externes, ce qui alourdit la charge de travail des travailleuses en MH ?
Conclusion : Ces questionnements impliquent un positionnement politique qui soulève des questionnements pour les chercheus.euses puisqu’il peut être controversé, vu la posture féministe implicite, voire confrontant, vu la tradition de « neutralité » en science ancrée dans notre formation. Des pistes de réflexions sur ces enjeux seront discutés.
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Communication orale
Défis et besoins de chercheurs.ses pour construire l’expertise « sexe/genre » dans les recherches interventions partenariales en santé environnementale et au travailRachel Faust (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM), Marie Laberge (UdeM - Université de Montréal), Mélanie Lefrançois (UQAM - Université du Québec à Montréal), Hélène Sultan-Taïeb (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jena Webb (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Contexte : Les recherches interventions partenariales qui tiennent compte du sexe/genre (s/g) favorisent la réduction d’inégalités de santé. Cette prise en compte est complexe car elle doit considérer autant le processus partenarial que de recherche-intervention. C’est le cas en santé environnementale et au travail (SE/ST) où les acteurs.rices des milieux de travail et des communautés sont au cœur du processus de mobilisation des connaissances. Comment mieux soutenir les chercheurs.ses en SE/ST souhaitant intégrer le s/g dans leurs travaux?
Méthodes : Nous avons réalisé des entretiens individuels et de groupe auprès de quinze chercheurs.ses en SE/ST que nous avons analysé thématiquement (nVivo 12).
Résultats : Les participants.es ont décrit plusieurs stratégies, obstacles et facilitants liés à la prise en compte du s/g. Ceux-ci variaient selon le niveau d’expertise liée au s/g ou en recherche partenariale, l’accès à un réseau de soutien, le domaine et le parcours d’études ainsi que la qualité des relations avec les partenaires, incluant leur ouverture à aborder le s/g. L’adoption d’une posture réflexive est ressortie comme importante. Les participants.es ont aussi exprimé leurs besoins pour soutenir la prise en compte du s/g dans leurs travaux et ce, tant au niveau du format que du contenu (ex. formation, capsule, site web).
Conclusion : Ces résultats soulignent la nécessité de créer des outils d’accompagnement adaptés à différents profils de chercheur.ses en ST/SE.
(Re)penser un monde plus équitable : conversation sur l’avenir de la prise en compte du rapport sexe-genre en recherche
La prise en compte des rapports sociaux de sexe/genre et d'autres formes d'inégalités en santé dans le contexte de recherches-interventions participatives peut comporter plusieurs obstacles, tant conceptuels, méthodologiques qu'interpersonnels voire politiques. De plus en plus exigés par les organismes subventionnaires et les comités d'éthique, cette approche implique beaucoup plus que de cocher une case dans un formulaire. Cette session vise à créer un espace d'échanges entre des chercheuses de la relève et des chercheuses chevronnées en santé au travail et santé environnementale qui se situent à des stades variés d'une démarche pour prendre en compte les inégalités sociales et de sexe/genre dans leurs travaux. Un panel d'étudiantes-chercheuses abordera le processus de réflexion entourant les rapports sexe/genre qui traversent leur objet d'étude ainsi que les défis rencontrés. Une discussion avec l'auditoire permettra de réfléchir aux différentes stratégies et outils à mettre en place.