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Elles allaient précaires, mais tranquilles, sur un chemin bien défini. Désormais, elles sont prises dans un vent de désordre numérique, stimulant et déstabilisant.

Colloque 40 - Forum sur l’édition savante à l’ère du numérique : modèles économiques, pratiques et approches innovantes
Communication : L’édition savante au Québec : état des pratiques éditoriales et modèles économiques en place

Un vent de désordre

Elles ont en moyenne 27 ans. Encore jeunes, mais déjà expérimentées, elles sont, comme beaucoup d’autres, déstabilisées par le numérique. Elles allaient précaires, mais tranquilles, sur un chemin bien défini. Désormais, elles sont prises dans un vent de désordre, stimulant et déstabilisant. 

Face aux transformations de l’édition scientifique, les revues savantes francophones canadiennes, chacune de leur côté sont aux prises avec les mêmes enjeux. Des besoins à établir qu’on ne connait pas finement et des stratégies numériques à développer dans un milieu toujours en transformation. Le « comment vais-je survivre si je n’ai plus de papier? », qu’Éric Duchemin dit souvent entendre, et les défis communs, ont amené certains joueurs du milieu à vouloir s’assembler. Et dans un premier temps, à faire un état  de la situation.

Eric Duchemin est professeur associé et chargé de cours à l'Institut des sciences de l'environnement à l'Université du Québec à Montréal, et fondateur de la revue électronique en sciences de l’environnement VertigO. Il est aussi au cœur de ce mouvement visant à regrouper les revues francophones canadiennes.

Faire enquête

« La présente enquête vise à faire état des pratiques éditoriales et des modèles économiques en place dans l’édition savante francophone, québécoise et canadienne, numérique et papier, dans les domaines des sciences humaines et sociales. Et pour cette première phase d’enquête, on est allé recueillir les perceptions. On n’est pas allé vérifier dans les "livres" », de dire Éric Duchemin.

Il existe 120 revues qui répondent aux critères énoncés, et 31 d’entre elles ont participé à l’enquête : trente québécoises et une ontarienne (figure L’ÉCHANTILLON). Elles publient, en moyenne, une vingtaine d’articles par année. Toutes possèdent une version numérique, et dix d’entre elles n’ont pas de version imprimée, et sans surprise, ce sont les plus jeunes.

 

 

« Il est intéressant de noter que 80% visent l’international », fait-il ressortir. On sait que l’objet des sciences humaines et sociales est, règle générale plutôt local, mais on voit ici que les revues considèrent leur objet comme étant de plus large portée.

Une question concernait les objectifs visés par les revues (figure OBJECTIF). Les responsables de l’enquête s’attendaient à ce que l’animation des communautés de chercheurs soit plus importante. C’est présent, mais faiblement. Il en ressort qu’elles ont d’abord et avant tout comme mission d’offrir un espace de publication et de diffusion des connaissances.

Sur ces résultats, Éric Duchemin fait un lien avec le faible usage des réseaux sociaux. De fait, les revues, même si elles ont toutes un site, ne font pas usage des blogues scientifiques, et pour une vingtaine d’entre elles, il en est de même pour les flux RSS et les réseaux sociaux. Les revues numériques ont cependant plus tendance à utiliser ces outils, car elles sont des « natives », pourrions-nous dire.

Ainsi ne se percevant pas comme animatrices de communautés, les revues ne voient sans doute pas le bénéfice des réseaux sociaux intimement liés à cette notion de communauté. « On est donc encore dans une vision publication, une idée conservée de l’univers imprimé. Et c’est sur cette dimension publication que l’énergie est mise », commente le chercheur.

 

Revenus et dépenses

Une dimension de l’enquête concerne le financement, les revenus et les dépenses. « La majorité des revues ont de peu de connaissances de leur propre budget », remarque le chercheur. Quand il est question d’estimer la participation de l’université, par exemple, on n’y calcule pas la portion « pieds carrés », alors que l’usage d’un local a beaucoup de valeur.

Côté revenus, 72% disent tirer des revenus des subventions, et pour 50 % d’entre elles, cette somme dépasse 20 000$. Certaines reçoivent un financement de leur société savante, et dans ces cas, les montants sont assez importants. Les abonnements sont aussi une source pour quelques revues, et pour 60 % la plateforme numérique apporte aussides revenus, généralement moins de 10 000$.

« Quand il est question du nombre d’heures travaillées et payées, les revues ont là une idée claire », souligne-t-il. De fait, les 26 revues qui ont répondu à cette question estiment que le nombre d’heures nécessaire par article, sur une base de 25$/heure, est en moyenne 2500$ pour l'édition, mais que le nombre d’heures réelles tourne plus autour de 1000$.

Quant à savoir d’où elles estiment que devraient venir les fonds, elles identifient les universités et le gouvernement.

« Une des revues dit tirer des revenus d’abonnement direct, entre 35,000 à 50,000$. Là, on est intrigué. Nous poursuivrons donc l’enquête avec une deuxième phase où nous réaliserons des entretiens, pour répondre, entre autres, à ce genre d’intrigue », de conclure Éric Duchemin.

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