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Laurence Houde-Roy, Journaliste
Les enseignants du primaire ont l’obligation d’inclure la science et les technologies dans leur programme.

[Colloque 505 - Filles et femmes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) : à qui la responsabilité?]

Depuis la réforme scolaire lancée en 2000 au Québec, les enseignants du primaire ont l’obligation d’inclure la science et les technologies dans leur programme. Votre enfant pourrait étudier, par exemple, ce que sont les ondes d’un micro-ondes ou comment fonctionne un ordinateur. Tout cela, vulgarisé par son professeur habituel.

Une lourde tâche pour ces professionnels qui n’ont que deux cours de didactique des sciences durant toute leur formation au baccalauréat. Une faille notable dans leur scolarité, selon Diane Gauthier, professeure titulaire à l’Université du Québec à Chicoutimi, qui présente les résultats de ses recherches à ce sujet lors d’une conférence au congrès.

 « Les enseignants n'ont pas de formation appropriée, et on leur demande d'expliquer certains appareils en faisant le lien avec les concepts scientifiques qu'ils véhiculent », explique Diane Gauthier qui rappelle que ces enseignants sont d’abord des généralistes.

En rencontrant sept enseignantes au primaire basées dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean - puisque ce sont majoritairement des femmes qui occupent ce métier -, la chercheure a tenté de comprendre à quelles stratégies pédagogiques elles recourent pour leurs ateliers. Diane Gauthier souligne d’abord le bon vouloir de ces femmes qui ont accepté de répondre à ses questionnaires et de participer à des rencontres malgré les faiblesses de leur formation.

«Les enseignants n'ont pas de formation appropriée, et on leur demande d'expliquer certains appareils en faisant le lien avec les concepts scientifiques qu'ils véhiculent.»

La majorité d’entre elles ont rapporté à la chercheure leur malaise face à cette tâche d’enseignement, et un manque de confiance en elles. Elles se sentent gênées, et elles ont peur d’être confrontées alors que plusieurs élèves ont des parents scientifiques, ou tout simplement un intérêt considérable pour les sciences.

« Il est certain qu'elles vivent une insécurité dans leur pratique professionnelle. Leurs études en didactique ne viennent pas répondre à l'éventail des situations qu'elles auront à vivre en salle de classe », affirme Diane Gauthier.

Malgré ces difficultés, leur débrouillardise les mène à créer des projets qui captent l’attention. Comme cette enseignante qui a proposé un atelier de fabrication de savon dans sa classe. « Une idée qui est même devenue un projet-école », se réjouit la chercheure. Une autre a proposé une visite dans une usine d’épuration des eaux, pour discuter, par la suite, du sujet avec son groupe.

Horaire surchargé

Sans bases solides dans leur formation pour développer ces projets, les enseignantes compensent par une bonne préparation. De nombreuses heures qui y sont consacrées pour pallier leurs lacunes.

« Certaines d'entre elles font de la recherche documentaire, mais cela leur demande un temps fou. Avec tout leur bon vouloir, cela devient lourd en terme de préparatifs », regrette Diane Gauthier.

De généraliste à spécialiste

À long terme, l’équipe de Diane Gauthier croit que l’enseignement des sciences et des technologies au primaire devrait être attribué à un spécialiste. « On veut que les élèves aient un esprit critique sur certains phénomènes scientifiques. Ne plus l'enseigner de façon dogmatique, mais avec un certain détachement », précise-t-elle.

Son message commence à passer. « Les choses bougent au ministère de l’Éducation et dans les commissions scolaires, et des enseignantes ont été rencontrées ». L’enjeu est vital dans le monde hypertechnologique dans lequel nous vivons. Sans jeunes dotés d’un solide bagage en sciences, comment le Québec pourrait-il bâtir une vraie société du savoir? 


  • Laurence Houde-Roy
    Journaliste
    Présentation de l’auteure :Laurence Houde-Roy est finissante à la maîtrise en journalisme international à l’Université Laval. Après un passage à l’étranger lors de stages avec Radio France et la French Radio London, elle poursuit sa collaboration comme journaliste à CIBL 101,5 Radio-Montréal.

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