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Marie-Christine Bouillon, Stagiaire en journalisme scientifique
Les études universitaires de deuxième cycle en arts, toutes disciplines confondues, permettent de mieux comprendre les divers mouvements sociaux.

  

 

5 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – Lorsqu’il crée, l’artiste ne questionne pas sa démarche, il suit son intuition. Mais pour donner un caractère personnel à son travail, il doit savoir ce qui a été fait par d’autres, avant lui, afin d’offrir une œuvre singulière et porteuse de sens.

Selon Jean Dubois, artiste, professeur et directeur du Département d’arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’un des buts de la recherche universitaire en arts visuels est d’amener l’artiste « à critiquer une œuvre », la sienne ou celle d’un tiers, et à reconnaître l’épicentre de cette création, « afin d’être en mesure de l’expliquer, d’en comprendre les fondements et les raisons de sa conception. »

C’est aussi l’objectif d’un étudiant à la maîtrise ou au doctorat en littérature. Simon Harel, professeur responsable du colloque qui décortiquera les raisons de la popularité des morts vivants dans les œuvres artistiques des dernières années, Autopsie du zombie, est directeur du Département de littératures appliquées de l’Université de Montréal. Ilcroit en effet que « ce qui est important de la part des chercheurs en littérature, c’est d’extraire l’œuvre de sa singularité, c’est-à-dire de l’individu qui l’a créée, et de lui donner une dimension d’universalité ».

Guillaume

Une meilleure compréhension de l’humain

C’est l’une des facultés qu’a développée François Gilbert lors dans sa maîtrise en création littéraire à l'UQAM. Le jeune auteur a réfléchi sur sa pratique, chose qu’il redoutait au départ, de peur de perdre contact avec ce souffle créateur. Ce n’est pourtant pas ce qui lui est arrivé. M. Gilbert a plutôt découvert un milieu de création qui l’a amené à aborder son travail d’un point de vue différent. « On se questionne sur comment tout ça peut s’insérer dans le reste du monde », explique-t-il.  Et le résultat?  « Une meilleure compréhension de l’humain. » D’ailleurs à travers ses écrits, François Gilbert sent aujourd’hui « le besoin de questionner les modèles sociaux qui sont véhiculés. » Son ami et collègue Guillaume Corbeil, aussi auteur et détenteur de la même maîtrise, abonde dans le même sens. « Tu ne réinventes pas le monde à toi tout seul, dit-il. Tu te nourris de la voix des autres pour nourrir ta propre voix. Le créateur se défini à travers 2500 ans de littérature ». 

Le créateur et le chercheur

Selon Alexandre Cadieux, chargé de cours en théâtre et candidat au Doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM, le rôle de l’artiste est de « poser un regard qui n’est pas le regard du quotidien », pour susciter une réaction, une réflexion. Par la suite, « le chercheur fait surgir de l’intelligible » là où personne ne l’avait fait. « Ça permet une meilleure lecture du monde », renchérit Guillaume Corbeil. Dans bien des cas, ces deux rôles sont assumés par une seule personne que Jean Dubois nomme « l’artiste-chercheur. »

Cette double tâche sera d’ailleurs le thème de l’atelier/table ronde Territoires communs à la recherche et à la recherche-création, qui se tiendra mardi le 8 mai et auquel participera M. Dubois. Le professeur, lui-même créateur et chercheur, explique qu’il y a plusieurs buts recherchés dans le cadre d’une formation universitaire en arts visuels, mais que tous tendent à amener « les artistes-chercheurs à mieux comprendre ce que l’art veut faire », et ainsi être en mesure de définir leur propre démarche. Autrefois, les critiques d’arts étaient les seuls à exercer cette analyse sur une œuvre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.

Selon M. Dubois, depuis que l’enseignement des arts se fait dans un cadre universitaire et non plus essentiellement dans les écoles de Beaux-arts, les créateurs ont aussi à se questionner sur leur propre travail. De plus, s’ils veulent obtenir des subventions pour poursuivre leur cheminement universitaire, ils doivent être en mesure de « mettre un discours sur leurs œuvres ». « Les organismes qui octroient des subventions en sciences humaines reconnaissent la dimension liée de la recherche-création au Québec », explique Simon Harel. Pour lui, les chercheurs en arts sont « comme des enquêteurs, des détectives, des gens qui tentent de découvrir ce qu’il y a sous les apparences, d’anticiper des changements de société, de les produire ou, a posteriori, de changer le regard sur l’époque. » 

Quant à Jean Dubois, il affirme que la recherche-création en milieu universitaire, « nous fait mieux comprendre le monde » au même titre qu’une recherche en anthropologie ou en sociologie. Car les œuvres artistiques s’inscrivent dans la continuité d’une société, dans son évolution et sa fluidité. L’artiste, toutes disciplines confondues, crée en relation avec le monde qui l’entoure, et le chercheur a la tâche de comprendre et de situer ces œuvres, puisque chaque création est une clé qui aide à mieux comprendre le monde.

L’artiste, toutes disciplines confondues, crée en relation avec le monde qui l’entoure, et le chercheur a la tâche de comprendre et de situer ces œuvres, puisque chaque création est une clé qui aide à mieux comprendre le monde.


  • Marie-Christine Bouillon
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Issue du domaine culturel, le journalisme est pour Marie-Christine Bouillon une deuxième carrière. En 2007, elle termine un baccalauréat multidisciplinaire en théâtre, création littéraire, cinéma et musique, à l’Université Laval. Après quelques années à cumuler les contrats d’animatrice, de gestionnaire d’événements et de comédienne, elle décide de retourner aux études. Dès le premier trimestre, elle est séduite par le métier de journaliste. Bien qu’au départ elle envisageait couvrir les arts et spectacles, elle s’est aperçue que ce métier avait beaucoup plus à offrir, trouvant dans cette profession une utilité à sa soif de savoir. C’est donc avec grand plaisir qu’elle se me joint à l’Équipe Relève média pour ce 80e Congrès de l’Acfas.

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