Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Daniel Weinstock, Université de Montréal

Dans une démocratie, le contrôle le plus efficace que détiennent les citoyens sur les personnes et les institutions qui les gouvernent est exercé par les institutions et les pratiques démocratiques formelles. Les partis politiques, les élections, la relation de représentation qui lie les élus et leurs commettants, sont autant de leviers faisant en sorte  que, même si ce n'est que de manière imparfaite, les gouvernements démocratiques doivent rendre des comptes aux citoyens, et agissent en vertu de ce fait pour promouvoir leurs intérêts.

Il y a gouvernance lorsque les règles qui déterminent ce qu'il est permis et interdit de faire ainsi que la manière par laquelle certaines ressources importantes sont distribuées, échappent à cette forme de contrôle démocratique. Dans toutes sortes de contextes – par exemple, dans celui de la sphère transnationale ou du monde corporatif, mais également de plus en plus dans celui des États nationaux eux-mêmes –, le pouvoir est distribué, diffusé, décentralisé, bref, il est déployé dans une multitude de sites de la société civile. On parle de gouvernance pour dénoter ce qui résulte de cet exercice du pouvoir plus complexe.

« Le risque est que nous commencions à voir comme "normaux" des exercices de pouvoir qui échappent au contrôle démocratique ».

Le concept de gouvernance décrit à l'évidence une réalité empirique de plus en plus importante. Mais dans la mesure où nous lui accordons justement de plus en plus d'importance, que nous le voyons comme décrivant le « nouvel » exercice du pouvoir – le concept de « gouvernement » faisant référence à un mode centralisé dépassé de production et d'administration de normes –, le risque est que nous commencions à voir comme « normaux » des exercices de pouvoir qui échappent au contrôle démocratique.

Quelles modalités permettent d'établir la légitimité du gouvernement démocratique? Nos démocraties sont souvent en deçà de leurs propres idéaux de légitimité démocratique, mais au moins avons-nous une conception de ce à quoi doit ressembler le contrôle démocratique, conception qui nous permet de critiquer les démocraties réelles. Avons-nous une conception idéale de ce qui établit la légitimité de structures et de pratiques de gouvernance? Je suis loin d'en être certain. Ce que cache le concept de gouvernance, c'est donc un éloignement de l'exercice du pouvoir politique de ce qui, dans un contexte de démocratie, permet de le légitimer.


  • Daniel Weinstock
    Université de Montréal

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires