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Coopération scientifique avec la France

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Université de Montréal

Le prix Acfas Adrien-Pouliot, pour la coopération scientifique avec la France, est remis à Sylvana Côté, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Les familles qui ont un grand besoin de services préventifs dans les secteurs de l’éducation et de la santé utilisent peu ou n’utilisent pas ces services. C’est l’un des plus importants problèmes auxquels font face ces secteurs au Canada comme en France. Il s’agit aussi de l’une des principales causes de la reproduction des inégalités sociales d’une génération à l’autre. Cette situation préoccupe le milieu de la recherche des deux côtés de l’Atlantique. C’est le cas de la lauréate, spécialiste de la transmission intergénérationnelle des problèmes de santé mentale et des difficultés scolaires. Depuis maintenant plus de 12 ans, elle travaille en partenariat avec des chercheur-se-s de France afin de développer des solutions préventives pour traiter ces enjeux cruciaux. 

Sylvana Côté obtient en 2001 son doctorat en psychologie de l'Université de Montréal, intitulé De la maternelle à l’adolescence : trajectoires vers les troubles de comportement. Puis, elle poursuit jusqu’en 2003 des études postdoctorales à l’Université Carnegie-Mellon aux États-Unis. Elle s’intéresse alors aux facteurs de risque et de protection qui peuvent être ciblés dans les programmes de prévention ou les politiques sociales pour favoriser la saine adaptation des enfants aux exigences de la société. Après ce passage américain, elle se joint à un comité d’experts sur le trouble des conduites chez les jeunes de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en France. Ce comité élabore un programme de recherche France-Québec sur la prévention des problèmes de santé mentale chez les enfants. Sa collaboration avec la France est alors bien amorcée.

En 2007, l’INSERM met en place un laboratoire associé visant à réunir l’expertise de l’Unité 669 de l’INSERM, dirigée par le professeur Bruno Falissard, et le Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale des enfants (GRIP), dirigée par la professeure Côté, au sein du Centre de recherche de l’Hôpital Sainte-Justine. Au nouveau Laboratoire associé INSERM France-Québec sur le développement de la santé mentale de l’enfance à l’adolescence, Sylvana Côté étudie l’évolution et la prévention des difficultés d’adaptation de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Elle s'intéresse aux conséquences à long terme de ces difficultés sur la santé physique, la santé mentale et l’intégration au marché du travail. La lauréate évalue également l’efficacité des interventions préventives afin de réduire le fardeau personnel, social, médical et financier que ces interventions représentent pour les individus, leurs familles et la société en général. Pour ce faire, ses travaux font appel à de nombreuses disciplines, dont l’éducation, l’obstétrique, la pédiatrie, la psychologie, la psychiatrie, la santé publique et les statistiques.

Depuis sa création, Sylvana Côté est le principal artisan des retombées exceptionnelles du Laboratoire associé, et ce, tant au niveau de la production scientifique que de la formation des étudiants. Une cinquantaine de chercheurs et d’étudiants de France et du Québec ont collaboré à ses activités de recherche et de formation. À titre d’exemple, le professeur Yann Algan, un économiste de l’Institut d'études politiques de Paris (communément appelé Science Po) a investi une partie importante de ses subventions européennes à l'enrichissement des banques de données longitudinales des enfants du Québec par un accès aux données administratives de Statistiques Canada. Ces données sur les familles canadiennes ont permis aux équipes des professeurs Algan et Côté d’étudier les effets économiques d’un programme d’aide aux enfants en difficulté. Elles ont également permis à de nombreux jeunes chercheurs de France et du Québec d’étudier le lien entre les trajectoires de l’enfance et les parcours d’insertion sur le marché du travail à l’âge adulte.

Dans la continuité de cette collaboration, l’Université de Bordeaux a offert à la professeure Côté, en 2016, une Chaire internationale de l’IDEX (Initiatives d’excellence). Ce poste conjoint avec sa tâche professorale à l’Université de Montréal vise à construire un programme de recherche multidisciplinaire et international sur le développement et la prévention des problèmes de santé et d'éducation. Adoptant une approche biopsychosociale et intergénérationnelle pour comprendre la transmission des problèmes scolaires et de santé mentale, la lauréate s’appuie sur l'utilisation d’études longitudinales de cohortes de milliers d’enfants français et québécois. Elle se base également sur des interventions éducatives réalisées dans les crèches (France) et les Centres de la petite enfance (Québec). Ces études touchent plus de 1000 familles défavorisées dans chacun des deux pays, et elles visent à montrer en quoi les services à la petite enfance peuvent être de véritables égalisateurs sociaux dans deux contextes sociopolitiques distincts. L’un des principaux objectifs de ce partenariat est de créer des liens scientifiques solides entre l'Institut de santé publique, d'épidémiologie et de développement à l’Université de Bordeaux et l'École de santé publique de l'Université de Montréal dans la recherche de solutions préventives.

Le poste conjoint de la lauréate, entre l’Université de Montréal et la Chaire à l’Université de Bordeaux, a permis de créer, avec de multiples partenaires sociaux en France et au Québec, un programme unique d’expérimentations de pratiques préventives à la petite enfance. Les banques de données créées dans le contexte de ces études s’ajouteront aux banques de données sur les 8,000 enfants auxquelles Sylvana Côté a contribué depuis le début de sa carrière, et qui témoignent de la constance de son engagement à améliorer les services préventifs en éducation et en santé.