523 -  Transiger de manière inclusive avec la diversité socioculturelle : les défis d'accueil et de formation à l'université 

Notre présentation est basée sur les résultats d'une enquête inédite auprès des étudiants résidents permanents et des enseignants de plusieurs universités québécoises. Cette enquête a été réalisée dans le cadre d'un projet de recherche multidisciplinaire regroupant des chercheurs de six institutions universitaires québécoises. Son objectif était de mieux comprendre le processus d'acculturation et d'adaptation institutionnelle des étudiants résidents permanents. Un certain nombre d‘écrits documentent les problèmes de divers ordres rencontrés par les étudiants, en général, durant leurs études universitaires. Les étudiants résidents permanents semblent éprouver des problèmes spécifiques qui pourraient affecter leur réussite et, du fait même, leur intégration professionnelle ultérieure. L'analyse des données de l'enquête révèle un certain nombre d'entre eux qu'il est important de connaître, ce qui est le but de notre communication.

Ces dernières années, l'essentiel du flux migratoire en direction du Québec est composé de personnes  détenant 14 années de scolarité et plus, ainsi qu'une expérience  professionnelle (MICC, 2010). Les problèmes de déqualification professionnelle à l'arrivée (Boudarbat et Cousineau, 2010; Grenier et Nadeau, 2010; MICC, 2009) ou le désir  d'acquisition d'une nouvelle formation (Misiorowska, 2012) font que les immigrants récemment arrivés au Canada et au Québec, donc résidents permanents, s'inscrivent à l'université dans une proportion supérieure à celle de la population en général (Gilmore et le Petit, 2008). Notre étude s'est intéressée au cheminement universitaire de ces étudiants résidents permanents (ERP) dans six institutions d'enseignement supérieur au Québec. Par une méthodologie mixte, nous avons rejoint près de 1000 ERP et environ 400 enseignants (professeurs et chargés de cours). Dans cette communication, nous partageons les données qui illustrent le point de vue des enseignants sur le vécu universitaire des ERP, notamment dans les cours.

Cette conférence rappelle certains enjeux liés à l'adaptation systémique des universités à la diversité, en ciblant particulièrement les enjeux relatifs à la formation initiale des professionnels de l'éducation et au développement de compétences « interculturelles » et inclusives, autant  dans la formation « théorique » que pratique (dans les stages).  La présentation fait ressortir certaines caractéristiques de la formation initiale du personnel scolaire sur la diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique dans les 12 universités québécoises, issues d'un portrait quantitatif et qualitatif mené en 2012-2013 (dont 35 entrevues auprès de formateurs universitaires sur la diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique). Elle interroge particulièrement le développement de la posture professionnelle et l'arrimage des savoirs théoriques et pratiques. L'accent sera mis sur les défis de l'évaluation des savoir-faire et savoir-être sur ces enjeux et maîtrisés par les futurs enseignants au cours de leur formation, notamment lors des stages. Le travail en cours d'un comité interuniversitaire sur un modèle de compétence dite « interculturelle et inclusive » (ou 13^e compétence du référentiel ministériel) sera également présenté. 

L'Éducation internationale prend une place de plus importante dans toutes les institutions d'enseignement supérieur du monde. Une des dimensions de l'éducation internationale concerne les migrations étudiantes. Aujourd'hui, « [c]es migrations étudiantes s'accroissent, elles sont de plus en plus suivies avec attention par les États et les Institutions » (Agulhon & de Brito, 2009 : 265). Si le phénomène n'est pas récent, certains contextes défavorables (économiques et politiques) n'ont fait qu'amplifier les départs pour des études à l'étranger. Il est à noter que l'insatisfaction de ces étudiants au sein des institutions qui les accueillent peut ternir la réputation de ces dernières. Ces étudiants internationaux arrivent dans un pays et une université, qu'ils ne connaissent pas ou peu, et dans nouvelle culture souvent différente sinon étrangère. Notre communication présente les résultats du volet qualitatif de notre étude mixte et plus exactement les conditions d'accueil et d'intégration de doctorants internationaux à Montréal, à partir de l'analyse de neuf récits de vie. Concernant l'intégration sociale et académique de ces étudiants, si le Canada est décrit comme une société accueillante, ils ont encore à surmonter des barrières culturelles et linguistiques, un manque d'amitiés interculturelles faisant en sorte qu'ils ressentent un malaise général et nos résultats suggèrent une forte capacité de résilience et l'importance d'une solidarité entre étudiants internationaux.

Notre communication rend compte d'une réflexion collective sur l'ajustement de nos pratiques d'enseignement à la réalité multiculturelle de nos universités, notamment en sciences de la gestion. Cette réflexion se structure autour de deux questions. Un enseignant peut-il réaliser les objectifs d'apprentissage de son plan de cours, tel qu'inspiré par la culture nord-américaine d'enseignement et d'encadrement d'étudiants au niveau des programmes de 2^e cycle, dans des groupes à forte proportion multiculturelle ? Les enseignants universitaires de 2^e cycle sont-ils préparés à atteindre les objectifs pédagogiques de leur plan de cours dans un contexte de profonde mutation démographique des étudiants inscrits dans leur cours? Grâce à des entrevues auprès de chargés de cours au 2e cycle, nous partageons aussi un inventaire des meilleures pratiques d'ajustement de l'enseignement et terminons par des recommandations.

 En collaboration avec l'Ordre des pharmaciens du Québec, la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal a implanté le programme de Qualification en pharmacie pour les pharmaciens formés et diplômés à l'extérieur du Canada désirant exercer leur profession au Québec. La réussite du programme mène à l'admission au stage d'internat de l'Ordre, dernière étape conduisant à la délivrance du permis d'exercice de la pharmacie au Québec. Les thèmes couverts par la formation universitaire ont été élaborés à la suite de consultations menées par l'Ordre des pharmaciens du Québec auprès de pharmaciens formés hors ailleurs qu'au Canada et ayant suivi des cours de mise à niveau au Québec et, en collaboration avec les deux facultés de pharmacie de la province. Le programme intensif de 16 mois, créé sur une base d'enjeux politiques, sociaux et académiques, a nécessité un cadre directeur pour s'assurer d'un développement cohérent. Les principales caractéristiques du programme sont les suivantes : donné en français, il permet l'obtention d'une équivalence de diplôme et de formation professionnelle;  il est structuré en fonction du développement des compétences nécessaires à l'exercice de la profession au Québec; l'enseignement y est centré sur un apprentissage dont la responsabilité est partagée entre l'apprenant et l'enseignant; il est rigoureux  et donne accès rapidement à la pratique de la pharmacie selon le modèle d'exercice du système de santé québécois.