451 - Pleine conscience et relation d’aide

Nous allons illustrer sommairement les différentes modalités thérapeutiques que nous intégrons dans notre programme et plus spécifiquement, comment nous utilisons la pleine conscience comme outil thérapeutique mais aussi comment nous la considérons comme étant inhérente au processus même d’intégration du Soi. En fait, nous suggérons que la thérapie relationnelle que nous offrons est en soi un processus de pleine de conscience. Au contact de personnes dont le fonctionnement du Soi est profondément perturbé, le thérapeute sera confronté à des activations somatiques et émotionnelles très importantes dans l’espace relationnel. Des schémas relationnels pathologiques vont s’actualiser par défaut dans le champ thérapeutique. Le thérapeute fortement sollicité sur les plans somatiques et affectifs devra effectuer dans un premier temps un travail d’autorégulation éclairé par la pleine conscience. Ensuite, un travail de corégulation est fondamental pour permettre à la dyade thérapeutique de métaboliser et d’intégrer des charges affectives et traumatiques significatives. Cette autorégulation et cette corégulation ne sont atteignables que si l’éveil à l’expérience immédiate est optimal d’abord chez le thérapeute et ensuite au sein de la dyade thérapeutique. Ceci nécessitera une attention soutenue autant chez le thérapeute que chez le patient pour accueillir sans jugement toutes activations énergétiques afin de les intégrer progressivement à leurs expériences respectives.

Cette communication décrit la mise en place d'ateliers de groupe pour les gens souffrant de troubles anxieux qui utilisent les principes de l’ACT. L’objectif des ateliers est d’inclure des habiletés favorisant la capacité des participants à tolérer l’inconfort et à confronter leurs sources d’anxiété. L’ACT est une approche qui vise à améliorer la flexibilité psychologique au moyen de stratégies d’ouverture, d’acceptation, d’attention, de distanciation, d’engagement et de changement de comportement, et ce, pour permettre d’entrer pleinement en contact avec le moment présent, d’être conscient de ce qui est et de choisir des comportements en conformité avec ses valeurs. Dans l’ACT, l’objectif premier n’est pas de diminuer la présence des symptômes, mais de changer la relation avec ceux-ci, afin de faire des actions significatives, en lien avec ses valeurs, afin d’avoir une vie satisfaisante. L’approche de l’ACT est également pertinente puisqu’elle aborde concrètement la dynamique d’évitement de situations potentiellement souffrantes, typique chez les personnes anxieuses. L’accueil de la souffrance et des valeurs de l’individu permet de reconnaître l’ensemble de l’expérience de la personne. L’attention nouvellement portée aux valeurs, considérées comme des éléments motivationnels, favorise une ouverture de l’individu à l’acceptation de sa souffrance et sa mise en action en fonction de ce qui est important pour lui. 

Il est intéressant de constater la présence de plusieurs similarités entre l’état de pleine conscience et la présence thérapeutique (savoir-être). Constatant ceci, la question suivante se pose : est-ce que l’enseignement des habiletés de pleine conscience auprès de stagiaires en relation d’aide constituerait un moyen pouvant faciliter l’apprentissage d’un savoir-être et le développement de la présence thérapeutique? C’est ce que notre équipe de chercheurs a tenté d’explorer au cours d’une étude exploratoire. Plus particulièrement, nous nous sommes intéressés au processus par lequel cet apprentissage prend place. Nos résultats suggèrent que les participants ont davantage retiré des bénéfices pour eux-mêmes (sphère personnelle) et que ces bénéfices ne se sont pas tous traduits directement à la sphère professionnelle. Ces résultats ainsi que leurs implications seront discutés.