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Le contexte politicosocial québécois, caractérisé par une crainte de voir le français s’éteindre, a nui à l’apprentissage et à l’intégration des élèves issus de milieux non francophones.

84e Congrès de l'Acfas - 2016

À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), la moitié des élèves ont une langue maternelle autre que le français. On s’attendrait à ce que la connaissance d’une deuxième ou troisième langue soit considérée comme une richesse. Pourtant, les institutions scolaires ont tendance à y voir un handicap. Portrait d’un contexte d’enseignement où l’idéologie a souvent pris le dessus sur la pédagogie.Les élèves qui immigrent au Québec ont moins de succès que leurs homologues du reste du Canada. Leur taux de diplomation est plus bas, et ce, qu’ils aient adopté le français comme langue d’usage ou non. Ces constats sont symptomatiques de plusieurs phénomènes.« Il existe une discrimination systémique au Québec. Les structures d’organisation ont été mises en place pour la majorité et ceux qui n’en font pas partie sont laissés de côté », énonce Réginald Fleury, conseiller en éducation à la CSDM. Ce ne sont donc pas nécessairement les individus qui adoptent des comportements discriminants, c’est à une autre échelle que se trouve le problème », explique-t-il.La mauvaise interprétation du concept de « francophone » y contribue également : « On considère francophones ceux qui parlent français à la maison. Pourtant, les élèves passent leur journée à l’école à travailler dans la langue officielle, expose M. Fleury. Par définition, être francophone, ce n’est pas d’être unilingue, c’est simplement de savoir parler français », ajoute-t-il.

La peur des langues ou de l’autre?

Cette vision de la cohabitation langagière se traduit en milieu scolaire par des règles contraignantes vis-à-vis des élèves dont la première langue n’est pas le français. « On met les langues en compétition, et on empêche les élèves de parler leur langue d’origine dans les cours d’école et dans les corridors », déplore Françoise Armand, directrice du projet Éveil au langage et ouverture à la diversité linguistique à l’Université de Montréal. « Essaie-t-on de transformer des bilingues, ou trilingues, en unilingues? », fustige-t-elle.En plus de dévaloriser les élèves, cette façon de faire serait contreproductive. « Faire fi de leur connaissance d’une autre langue, c’est du gaspillage cognitif. On apprend à partir de ce que l’on sait, et connaître une langue aide à en apprendre la suivante », expose la chercheuse.Ainsi, le contexte politico-social québécois, caractérisé par une crainte de voir le français s’éteindre, a nui à l’apprentissage et à l’intégration des élèves issus de milieux non francophones. « La dimension affective et identitaire de la langue a par moments prédominé sur les aspects cognitifs et langagiers de son enseignement », résume la spécialiste en didactique.

Prise de conscience

La mise sur pieds en 2013 du comité « Éducation inclusive », intégrant des chercheurs dans le domaine de l’enseignement en milieu plurietchnique et linguisitique et des membres de la CSMD, témoigne d’une prise de conscience par le milieu scolaire des incongruités dont font état Fleury et Armand." 

Des mesures concrètes pour renverser la vapeur ont été mises en œuvre. « On fait des ateliers où des livres sont lus aux élèves en plusieurs langues, et on invite les parents à participer aux lectures (voir vidéo. Les photographies ci-après sont tirées de ce vidéo). Les enfants sont très fiers de voir des membres de leur famille soudainement acquérir le statut d’expert », exemplifie la chercheuse. Le rapport au français se voit ainsi, par ce genre d’initiative, devenir plus inclusif et moins excluant.

 


  • Anne Gabrielle Ducharme
    Journaliste

    Anne Gabrielle Ducharme est finissante en journalisme à l’Université de Montréal. Elle collabore au journal indépendant des étudiants de l’UdeM, Quartier libre, et a couvert l’édition 2015 de l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM). Elle anime depuis trois saisons l’émission de radio Les Cogiteux, diffusée sur les ondes de CISM 89,3. Anne Gabrielle a également complété un stage comme journaliste à la recherche pour l’émission d’actualité internationale Planète Terre avant de se joindre à l’équipe de Découvrir pour le « spécial congrès » 2016.

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