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Pascal Royer-Boutin, Université du Québec à Rimouski
Au printemps, les tourbières se gorgent de l’eau de la fonte de la neige qu’elles relâchent au plus fort de l’été. Elles réduisent ainsi les risques d’inondations.

[Colloque 209 : Le PACES a cinq ans : contributions du programme et défis futurs pour l’avancée des connaissances et la gestion de l’eau souterraine au Québec]

Les tourbières nous rendent d’appréciables services, dont celui d’agir comme une éponge régulant les flux aquatiques. Ainsi au printemps, les tourbières se gorgent de l’eau de la fonte de la neige qu’elles relâchent au plus fort de l’été. Elles réduisent ainsi les risques d’inondations, et elles contribuent au maintien d’un débit d’eau minimal dans les cours d’eau. La perte de ces vastes milieux humides n’est donc pas sans conséquence. En 2011, la Montérégie « inondée » aurait payé le fort prix de la perte d’une bonne partie de ces milieux, entre autres explications du drame. Une centaine de maisons avaient alors été détruites, et c’est 52 millions de dollars qui ont été versés en dédommagement aux 3000 sinistrés.

Sept tourbières sous examen

Sous la direction de Marie Larocque et avec la collaboration de Michelle Garneau, toutes deux professeures-chercheures à l’UQAM (Geotop), Marc-André Bourgault s’intéresse à la capacité d’emmagasinement des tourbières. Sept tourbières ont été échantillonnées le long de la vallée du Saint-Laurent. Dans chacune d’elle, les précipitations et les variations de niveaux de la nappe d’eau ont été relevées en continu. Différentes propriétés ont également été mesurées telles que la porosité effective, qui exprime l’importance relative des pores qui participent au déplacement de l’eau dans un milieu, et la conductivité hydraulique, qui qualifie la capacité d’un milieu à laisser l’eau circuler à travers celui-ci. Ces propriétés, dites hydrodynamiques, indiquent si l’eau aura tendance à s’écouler rapidement ou à être retenue.

Battement de nappe

Les premiers résultats du candidat au doctorat montrent l’importance de la zone de « battement de nappe », c’est-à-dire là où fluctue la surface de la nappe d’eau. De son plus haut niveau à la fonte des neiges à son plus bas au courant de l’été, il y a une différence de l’ordre des 50 cm de profondeur. Les propriétés hydrodynamiques de cette zone (sorte de littoral souterrain) sont fortement liées aux variations des niveaux d’eau dans une tourbière. Par exemple, suite à des précipitations, le niveau d’eau augmente plus rapidement en profondeur puisque moins de pores participent à l’écoulement de l’eau et que le milieu est plus dense. Le niveau d’eau augmente par contre plus lentement près de la surface puisque le milieu plus poreux peut contenir plus d’eau et que cette eau s’écoule plus rapidement en périphérie de la tourbière.

« Nos travaux devraient permettre de mieux saisir, par exemple, si une tourbière est capable d’emmagasiner de l’eau et le moment où le fera : soit au printemps, en été ou en automne, ou peut-être même en hiver », précise-t-il.

Alors qu’on estime que seulement le tiers des milieux humides du Québec ne sont pas perturbés par des pressions anthropiques (telles que l’agriculture ou l’exploitation forestière), le chercheur en hydrogéologie espère développer, grâce à ces nouvelles connaissances, des outils qui permettront de mieux tenir compte des tourbières dans la gestion intégrée de l’eau, dans les plans de conservation et dans les évaluations environnementales.

«On estime que seulement le tiers des milieux humides du Québec ne sont pas perturbés par des pressions anthropiques».

  • Pascal Royer-Boutin
    Université du Québec à Rimouski

    Pascal Royer-Boutin a obtenu un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Rimouski. Aujourd’hui, il est en voie de compléter une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à cette même université. Ses travaux de recherche dans le laboratoire du professeur Joël Bêty concernent principalement le succès de nidification des oiseaux dans l’Arctique canadien et le risque de prédation.

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