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Pascal Royer-Boutin, Université du Québec à Rimouski
« Lorsqu’on parle de systèmes aquatiques, c'est le milieu marin bien sûr, mais c'est aussi le fleuve Saint-Laurent, les rivières, les lacs du nord et du sud. Ce sont des milieux tellement différents que notre principal défi est de réussir à donner le portrait le plus juste possible de la situation », de dire Robert Siron d'Ouranos.
[Domaine de recherche 202 – Environnement – Session Habitat] 

Si les changements climatiques vous semblent être des histoires d’ours polaire à la dérive, sachez que ce sont aussi des histoires de pêche. On ne parle pas ici des racontars se débitant en revenant du lac, mais bien d’un risque réel pour le secteur des pêches et de l’aquaculture. Les impacts sur ce secteur clé de l’économie québécoise sont toutefois très peu connus. Il serait grand temps de s’y intéresser selon Robert Siron, coordonnateur scientifique du consortium Ouranos sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques.

Accompagné de la biologiste Valérie Bourduas-Crouhen, M. Siron souligne l’importance du secteur. Rien qu’à elle, la pêche commerciale en eaux marines, surtout celle des crustacés, représente environ 160 millions de dollars de revenus annuels au Québec. Et ce, sans compter les activités qui débordent de la lorgnette comptable comme la pêche récréative et la pêche de subsistance.

L’augmentation des températures de l’eau en surface et la diminution du couvert de glace entraineront, par exemple, une perte de certains des habitats préférés des poissons traditionnellement pêchés par les communautés nordiques. Par un effet de vases communicants, cela représente donc une diminution de leurs territoires de pêche. « Les changements climatiques dans le nord du Québec, au Nunavik, seront beaucoup plus rapides que dans le sud. Ces régions sont déjà aux prises avec ces bouleversements qui perturbent leur source d'alimentation, leur mode de vie et leur culture. »

Certains effets anticipés agissent directement sur les espèces exploitées, avec l’arrivée d’espèces envahissantes par exemple. D’autres effets jouent sur la qualité de l’eau, et modifient par le fait même celle des habitats. On appréhende également la menace des aléas climatiques extrêmes pour les équipements de pêche et les infrastructures portuaires et aquacoles.

«Les impacts des changements climatiques se superposent bien souvent à d’autres perturbations qui s’exercent déjà sur une espèce et son habitat».

Ces professionnels du consortium Ouranos se sont donc donnés comme mandat de synthétiser leurs connaissances sur les impacts des changements climatiques; en dépend la pérennité des activités de pêche et d’aquaculture au Québec. Dresser cet état des lieux orientera les futures recherches en eaux québécoises. La tâche est toutefois complexe. « Lorsqu’on parle de systèmes aquatiques, c'est le milieu marin bien sûr, mais c'est aussi le fleuve Saint-Laurent, les rivières, les lacs du nord et du sud. Ce sont des milieux tellement différents que notre principal défi est de réussir à donner le portrait le plus juste possible de la situation. »

Besogne d’autant plus délicate que les impacts des changements climatiques se superposent bien souvent à d’autres perturbations qui s’exercent déjà sur une espèce et son habitat. « Pour compléter le portrait, nous regarderons ensuite quelles sont les mesures d'adaptation qui sont déjà mises de l'avant ailleurs dans le monde. » Robert Siron espère ainsi identifier les mesures appropriées au contexte québécois afin que nous puissions continuer à pêcher les fruits des écosystèmes aquatiques.


  • Pascal Royer-Boutin
    Université du Québec à Rimouski

    Pascal Royer-Boutin a obtenu un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Rimouski. Aujourd’hui, il est en voie de compléter une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à cette même université. Ses travaux de recherche dans le laboratoire du professeur Joël Bêty concernent principalement le succès de nidification des oiseaux dans l’Arctique canadien et le risque de prédation.

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