Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Mathilde Hubert, Consulat général de France à Québec
Dissocier sciences humaines et sciences naturelles est incongru, car cela suppose que l’homme ne fait pas partie de la nature.

Durant toute une fin de semaine, les 2, 3 et 4 novembre 2012, dans l’enceinte fraîchement rénovée du Collège Montmorency à Laval, au nord de Montréal, 18 chercheurs, dont six scientifiques issus de laboratoires et d’universités françaises, se sont investis auprès de 200 étudiants pour suivre des discussions de haut vol sur des thématiques multiples : stéréotypes hommes-femmes, imagerie cérébrale, théorie des jeux, mécanique quantique…

Tout au long de la 13e édition du Forum international Science et société de l’Acfas, soutenue, entre autres, par le Consulat général de France à Québec, l'ensemble des participants ont mis en rapport leurs expériences respectives : étudiants, chercheurs et enseignants; hommes et  femmes; jeunes et moins jeunes; biologistes, sociologues et mathématiciens. Une rencontre des disciplines aussi, jugée stimulante par Brigitte Chamak, sociologue et neurobiologiste à l’Inserm : « Le problème avec les différentes disciplines, c’est que leurs représentants ont tendance à favoriser leur propre approche et à utiliser leur prestige, certains domaines ayant plus de poids que d’autres. » Et pour Catherine Vidal, neurobiologiste à l’Institut Pasteur, « la vigilance s’impose, par exemple, face au risque de détournement de disciplines, telles les neurosciences, à des fins idéologiques. » Ainsi, avec le neuromarketing, il est important d’adopter une approche critique pour mettre en évidence les biais d’études que l’on titre comme « scientifiquement prouvées ». Pour y voir plus clair, « dans ce contexte, il est crucial que les biologistes s’engagent au côté des sciences humaines et sociales », ajoute-t-elle.

Et c’est bien sur une notion d’indispensable relation entre sciences humaines et sciences naturelles que s’appuie le Forum chaque année pour sensibiliser étudiants et enseignants venus des collèges de l’ensemble du Québec. Une conception des sciences unanimement partagée par les chercheurs, mais aussi par les étudiants, qui regrettent le manque de complémentarité dans leur formation.

Cette dualité sciences humaines / sciences naturelles a d’ailleurs suscité beaucoup de commentaires à l’occasion de la soirée inaugurale du Forum : « Dissocier sciences humaines et sciences naturelles est incongru, car cela suppose que l’homme ne fait pas partie de la nature », a notamment souligné Luc-Alain Giraldeau, biologiste à l’Université du Québec à Montréal. Ce débat initial, intitulé La fin du monde est à 20 heures, s’est tenu en séance plénière sous la forme d’un bar des sciences. Une thématique large qui a mené le débat très loin. Questions et commentaires fusaient de la part des jeunes participants, très actifs et pertinents : Pourquoi n’y a-t-il pas plus de formations mixtes, alliant sciences naturelles et sciences sociales? Comment concilier science et religion? Le financement est-il le moteur de la recherche?

Les députés de la circonscription au fédéral et au provincial, qui sont tous deux les plus jeunes de leur parlement respectif – Laurin Liu, du Nouveau Parti démocratique, et Léo Bureau-Blouin du Parti québécois, une des figures du mouvement étudiant –, étaient présents à cette soirée. Ils ont ainsi témoigné de l’importance de la science en général et en politique en particulier : « La science est essentielle dans notre démocratie pour faire des choix éclairés », a affirmé la députée Laurin Liu.

« Cela demande beaucoup de concentration et de rapidité pour répondre aux très bonnes questions posées par les étudiants et les enseignants, et c’est un bon moyen de stimuler l’esprit critique », Brigitte Chamak.

Le samedi, dans une ambiance détendue, mais studieuse, six ateliers ont eu lieu autour des thèmes suivants : villes grandes et vertes; construction biosociale des sexes; le stress comme compagnon de vie; théorie des jeux et comportement; sociopolitique des sciences; ressources naturelles. Autant de sujets qui ont suscité l’enthousiasme chez les étudiants : « J’y assisterais une deuxième fois si je le pouvais ! », confie ainsi une jeune fille à la sortie d'un atelier. Chacun de ces ateliers a mis en présence trois chercheurs et une trentaine d’étudiants. Après une brève présentation du sujet par les scientifiques, les cégépiens ont commenté, questionné et interpellé les chercheurs près de trois heures durant. Des sessions denses, mais très appréciées par les scientifiques. « Cet évènement riche et intéressant demande beaucoup de concentration et de rapidité pour répondre aux très bonnes questions posées par les étudiants et les enseignants, décrit notamment Brigitte Chamak, c’est un bon moyen de stimuler l’esprit critique. »

Les étudiants ont posé leurs questions jusqu’aux tout derniers instants du Forum, continuant les discussions pendant les pauses et les repas. Ces moments étaient aussi l’occasion de faire de la science ludique. Les étudiants et les chercheurs ont notamment été invités à rivaliser de créativité en réalisant un véhicule avec pour seul matériel quatre bouchons, quatre pailles, quatre baguettes et une plaque de styromousse!

« Le Forum fut une occasion en or de rencontrer des chercheurs d'expérience s'intéressant au même objet d'étude que moi. Les étudiants étaient à la fois intéressants et intéressés. Leur curiosité et leur soif d'apprendre étaient palpables. Ce fut sans contredit une expérience très  enrichissante, et j'aimerais beaucoup la revivre l'année prochaine! », confie Véronique Pronovost, chercheuse en sociologie à l’Université du Québec à Montréal.


  • Mathilde Hubert
    Consulat général de France à Québec

    Mathilde Hubert est chargée de mission science et université au Consulat général de France à Québec. Elle s’intéresse tout particulièrement aux enjeux de la communication scientifique et au traitement médiatique des sciences.

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires