Souvent décriée, dénoncée pour « son côté vulgaire et racoleur », présentée comme « la généralisation d’un conformisme de l’abjection », identifiée au règne des « stars jetables » mais aussi, plus rarement, vantée pour la démocratisation de l’espace télévisuel qu’elle consacre, la téléréalité est accueillie avec cynisme par une majorité de commentateurs mais continue à ce jour d’attirer les plus gros auditoires de la télévision partout en occident. La présente recherche se penche sur ce phénomène et tente de démontrer que la téléréalité témoigne significativement des mutations que traversent la culture et l’industrie audiovisuelles dans leur ensemble, et l’institution télévisuelle en particulier. L’analyse d’un corpus d’émissions québécoises inspirées de formats internationaux (Occupation Double, Star Académie et Un Souper presque parfait) selon une approche sémio-pragmatique permettra en outre de montrer comment le genre contribue à l’apparition de ce que John Corner définit comme « une nouvelle écologie du factuel », où sont redessinées les frontières entre le documentaire, la fiction et le divertissement, entre le discours public et la parole privée. Il deviendra alors pertinent dans ce contexte de lier les propriétés formelles des émissions de téléréalité au caractère changeant de la relation télévision-spectateur telle qu’elle se présente aux yeux de l’observateur contemporain.
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