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Laurie-Anne Alarie, Collège Montmorency

À propos de Coma

Susciter par la science, le désir d’écrire

      J’ai l’immense plaisir de vous présenter le texte gagnant du 3e Concours de vulgarisation scientifique chapeauté par le Département de psychologie du collège Montmorency. Ce concours a commencé à prendre forme,  il y a quatre ans, dans mon cours d’initiation à la psychologie. Officiellement, je cherchais un moyen d’e ncourager mes étudiants de sciences humaines, fraîchement débarqués dans le monde collégial, à bien écrire. Mais officieusement, je souhaitais quelque chose de plus intangible. Je voulais que qu'ils aiment écrire! Le défi exigeait de sortir des sentiers battus pour renouveler le travail de fin de session traditionnel qui n’a pour lectorat que l’enseignante. Mais comment? Au lieu de me prendre la tête en lisant tout ce qui se fait d’innovateur en pédagogie, je me suis de tout bêtement poser la question suivante : dans le domaine de la psychologie, qu’est-ce que j’aime lire, qu’aie-je le goût d’écrire? Des articles de vulgarisation scientifique! Voilà! Depuis, chaque session, mes étudiants rédigent des textes qui ont pour objectif d’informer et d’intéresser autant l’enseignante que les parents et les amis. Même si au départ, l’idée de publier les meilleurs textes était embryonnaire, je voulais qu'ils aboutissent à un résultat de grande qualité. Je voulais qu’ils soient tellement fiers que plusieurs récidivent à écrire pour et sur la science.
     Je ne sais pas si ce projet portera dans le futur ces fruits, mais une chose est claire : ce travail pour lequel ils mettent temps et effort est, si je me fie aux commentaires et à leur engagement enthousiaste, une expérience enrichissante qu’ils adorent!

Tania Tremblay
Enseignante au Département de psychologie du Collège Montmorency

DC - Alarie
Source : Pixabay

On a tous une idée de ce qu’est le coma, mais de là à le définir correctement... Selon le Petit Larousse, c’est un état caractérisé par la perte « des fonctions de relation », soit la conscience, la mobilité et la sensibilité. Pour sa part, la vie végétative, soit la respiration et la circulation sanguine, suit son cours1. Un « comateux » sera également incapable d’ouvrir totalement ses yeux, et n’aura aucune conscience de lui et de son environnement2. Cependant, les comas ne sont pas tous les mêmes, et c’est avec l’échelle de Glasgow que les spécialistes en évaluent la profondeur. Cette échelle comporte trois critères : l’ouverture des yeux, la réponse motrice et la réponse verbale3. Le calcul de ces critères donne un score entre 3 et 15. Pour diagnostiquer un patient comme étant comateux, il faut que le score soit inférieur à 74. On peut donc dire que la compréhension de cet état s’avère être un peu plus complexe qu’à première vue.

Les quatre stades du coma

Il existe plusieurs causes qui amènent les patients à sombrer dans un état comateux : surdoses de psychotropes, lésions cérébrales, et bon nombre de pathologies3. Une fois passé du côté de cet état de conscience altérée, quatre stades se présentent et chacun possède ses caractéristiques et son niveau de conscience.

Au stade I, coma vigil ou coma léger, le sujet conserve une perception partielle du monde extérieur. En effet, il peut réagir à la douleur ainsi qu’à certains stimuli externes et les fonctions végétatives demeurent intactes. Son discours est incohérent, ses réponses plus ou moins compréhensibles5.

Au stade II, le coma d’intensité moyenne, le patient présente certaines des caractéristiques du stade I, telle la réaction à la douleur, mais de façon atténuée et plutôt confuse. De même, la communication avec le patient est compromise. Aucun trouble neurovégétatif, c’est-à-dire des troubles concernant le système nerveux régissant les fonctions vitales de base, n’est décelé5.

Au stade III, coma carus ou coma profond, la situation est sévère. Le sujet peut y rester durant plusieurs mois, voire même plusieurs années. Malgré tout, il peut encore se réveiller. Contrairement aux stades précédents, il ne réagit plus du tout aux stimuli externes. Bien que la respiration et la circulation sanguine demeurent relativement intactes, des troubles neurovégétatifs peuvent apparaitre, tels que des difficultés à déglutir et à contrôler les sphincters5.

Finalement, le stade IV, soit le coma dépassé, est irréversible : il n’y a plus aucune possibilité de réveil. Le tracé de l’électroencéphalogramme, mesurant l’activité électrique du cerveau, est totalement plat, signalant ainsi la mort cérébrale du sujet. Les fonctions végétatives étant abolies, ce dernier est maintenu en vie par un appareil respiratoire5.

Et si la conscience persistait...

Bien que ces données soient établies depuis un temps déjà, de nouvelles découvertes viennent semer le doute et remettre en question les connaissances acquises. En effet, le professeur Florin Amzica a mis en lumière que, même dans un coma très profond, il y a de l’activité dans le cerveau. Le spécialiste des neurosciences de l’Université de Montréal a réalisé une étude avec l’un de ses patients comateux, et il a relevé une activité, malgré un tracé d’électroencéphalogramme isoélectrique, c’est-à-dire complètement plat. De fait, des ondes émises par l’hippocampe ont été captées. Cette partie du cerveau joue un rôle important dans la mémoire et l’apprentissage. Ces ondes, dénommées « complexes Nu » (de la lettre grecque « n »), se répercutaient jusqu’au cortex67.

Et si, pendant toutes ces années, nous n’avons pas évalué la conscience de la bonne manière en ce qui concerne l’état comateux, ce pourrait-il que nous fassions la même erreur avec les diagnostics de l'état végétatif?  Une autre découverte, celle de l’équipe du neuroscientifique Adrian Owen, vient également remettre en question ce que l’on pensait connaitre du coma : des patients identifiés comme étant en état végétatif, un autre état de conscience altérée différent du coma, ont montré des signes de conscience. Le chercheur de l’Université Western (Ontario) a effectué un test avec 60 patients dont les fonctions végétatives (respiration, battements du cœur, etc.) étaient conservées, mais desquelles on ne relevait aucune perception consciente. Ces patients, placés en examen en IRM (Imagerie par résonnance magnétique), devaient effectuer deux tâches distinctes. Lors de la première, le sujet devait s’imaginer jouer au tennis, alors que pour la deuxième, il devait s’imaginer se promener dans sa maison. Ces tâches animent différentes aires : la première active les aires motrices supplémentaires, alors que la deuxième active le cortex prémoteur, parahippocampique et pariétal. Les résultats se sont révélés surprenants: chez plusieurs sujets, ils étaient semblables à ceux d’un sujet sain. En effet, 4 patients sur 23, soit 17%, ont montré des signes de conscience, alors qu’ils avaient été diagnostiqués comment étant en état végétatif8.

De nouvelles découvertes à venir

Si des scientifiques tels que Florin Amzica et Adrian Owen ont réussi à démontrer des signes de conscience que l’on n’aurait jamais cru pouvoir déceler chez certains patients, il est possible d’émettre l’hypothèse que les comateux soient bien plus conscients que ce que nous croyions. Tout indique que, au cours des prochaines années, les études et les découvertes à ce sujet se multiplieront. Faisons confiance à la science!

Médiagraphie

  • 1Dictionnaire Larousse, 2017
  • 2Gosseries et Laureys, 2012
  • 3 a b Inserm, 2017
  • 4Le Figaro.fr, 2017
  • 5 a b c d Psychomédia, 2009
  • 6Vu Van, 2014
  • 7Science & Vie, 2013)
  • 8Brillaud, 2011

  • Laurie-Anne Alarie
    Collège Montmorency

    Laurie-Anne Alarie est une étudiante au Collège Montmorency depuis l’automne 2017. Étant étudiante en sciences humaines, profil Monde et Société, elle démontre un intérêt pour plusieurs disciplines des sciences humaines, dont la psychologie. Lors de son cours d’initiation à la psychologie, elle choisit le coma comme sujet de rédaction pour un article de vulgarisation scientifique. Après avoir fait de nombreuses recherches sur la conscience et les avancées dans le domaine du coma, Laurie-Anne est fière de vous faire part de ses conclusions.

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